Bob Dylan, 60 ans de carrière (3/3) : une légende vivante.

À 81 ans, l’un des plus célèbres artistes américains du XXe siècle, Bob Dylan, fête la sortie en 1962 de son tout premier album éponyme. Ainsi que l’ouverture d’un musée qui lui est consacré.

Bob Dylan a toujours construit, déconstruit et reconstruit son propre mythe.

Dans son film, I’m Not Here, sorti en 2007, Todd Haynes tente de capter l’essence du personnage. Ainsi, il illustre parfaitement ce propos.

Cet anti-biopic représente les multiples personnalités incarnées par Dylan, tout au long de sa carrière.

Chaque personnage, il y en a six au total, incarne une part de l’artiste. Comme s’il était impossible de le réduire à une seule image.

Jamais nommé, Dylan est ici et à la fois, un poète torturé inspiré de Rimbaud (Ben Winshaw), une star du folk convertie au christianisme évangélique (Christian Bale), un Billy the Kid vieillissant (Richard Gere), un jeune vagabond doué pour la musique (Marcus Carl Franklin), un célèbre comédien qui assiste impuissant au délitement de son couple (Heath Ledger) et une superstar incomprise et huée de toutes parts (Cate Blanchett).

En effet, Bob Dylan est, peut-être, tous ces personnages à la fois, ou aucun d’entre eux.

Il aura, tout au long de sa carrière, fait sien ce vers de Rimbaud : « Je est un autre ». Comme pour mieux échapper aux identités que l’on a toujours tenté de lui assigner.

Lorsqu’il reçoit le prix Nobel de littérature, en 2016, il se fait représenter par son amie, Patti Smith. Comme en écho aux propos de Léonard Cohen : « Dylan m’a dit : « Pour ma part Leonard, tu es le Numéro 1. Je suis le Numéro Zéro.’ » Cela signifiait, je l’ai compris à l’époque – et je n’étais pas prêt à le contredire –, que son œuvre était au-delà de la mesure et que la mienne était assez bonne. »

Notons, pour finir, l’ouverture le 10 mai dernier du Bob Dylan Center, dans la ville de Tulsa, en Oklahoma, à l’occasion des 60 ans de carrière de cet artiste inclassable.

Hakim Aoudia.