Cathédrale de Chartres, joyaux du patrimoine gothique.
Chartres
Cette cathédrale, édifice remarquable, symbole de l’architecture religieuse médiévale est emblématique de la ville de Chartres et de son patrimoine. Elle est immédiatement reconnaissable à son toit vert et sa situation sur les hauteurs de la ville. Elle n’a d’ailleurs pas encore livré tous ses secrets.
Un patrimoine à l’histoire mouvementée

La cathédrale de Chartres est bâtie sur un tertre qui fut un lieu de pèlerinage durant la chrétienté, ainsi qu’à l’époque celtique.
En outre, les traces d’une première église cathédrale construite au VIe siècle sur de probables vestiges antérieurs. Hunald d’Aquitaine l’incendiera en 743.
Reconstruite, elle est la suite du pillage de la ville par les Normands à nouveau détruite, en 858.
En 876, Charles le Chauve, empereur d’Occident et petit-fils de Charlemagne lui offre une précieuse relique : le voile de la vierge, qui va faire de Chartres un haut lieu de pèlerinage.
Constructions, reconstructions et incendies vont ainsi se succéder. Jusqu’à ce que démarre autour de 1200, les travaux qui vont mener à l’édification de la cathédrale, telle que nous la connaissons aujourd’hui.
En à peine 30 ans, pour l’époque l’essentiel sera achevé très rapidement. Bien que la fin officielle des travaux n’interviendra qu’en 1260.
Elle ne subira plus de modifications importantes jusqu’à nos jours : divers aménagements au XVIe, puis au XVIIIe siècle, de nombreux dommages pendant la Révolution, réchappera au fameux incendie du 4 juin 1836 ; avant de grands travaux de rénovation de 2009 à 2019.
La Cathédrale de Chartres, c’est aussi et surtout, l’un des premiers monuments inscrits sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO en 1979.
Une innovation architecturale

La cathédrale de Chartres se distingue par ses 176 vitraux exceptionnels, datant des XIIe et XIIIe siècles. Couvrant une surface de 2600 m², ils sont parvenus jusqu’à nous dans un état de conservation remarquable.
Il faut dire que le style roman ne permettait pas l’intégration de grandes ouvertures sans affaiblir la structure de l’édifice. Privilégiant les fresques comme décoration et rendant les bâtiments très sombres.
L’architecture gothique règle ce problème de recherche de luminosité en remplaçant les voûtes romanes par des arcs brisés et des croisées d’ogives. Celles-ci équilibrent les forces. Les murs n’ayant plus à supporter tout le poids de la structure et pouvant alors être ouverts vers l’extérieur. La lumière devient alors abondante et la colorer par des vitraux, permet de la transformer en lumière divine.
À noter que pour les protéger durant la Seconde Guerre mondiale, les carrières souterraines du château de Fongrenon stockairent les vitraux de la cathédrale de Chartres. Ils furent ensuite remontés à la libération.
Des particularités uniques

- Le Puits des Saints Forts : d’une profondeur de près de 35 m, est un des lieux les plus anciens de la cathédrale. Une niche discrète protège son ouverture. Selon une vieille légende, les Romains du consul Quirinus y auraient jeté les premiers Chartrains convertis au christianisme.
- Deux tours : la tour sud, ou clocher vieux, d’une hauteur de 103 m, reconnaissable à sa flèche effilée ; édifiée en 1170. La tour nord, ou clocher neuf, haute de 115 m, ornée de baies sculptées, achevée en 1516.
- Trois porches qui se tiennent côte à côte, sur chaque côté de la cathédrale, contenant chacun trois portails. L’ensemble constituant un magnifique ouvrage de neuf portails sculptés de près de 4 000 figures bibliques de pierre.
- Un labyrinthe incrusté dans le dallage de la cathédrale au milieu de la nef. Des pierres de Berchères et de marbre noir des Ardennes. Esquissant un parcours de 290 m, il représente le chemin des croyants vers Dieu et sa résurrection. Les pèlerins devaient parcourir à genoux.
- Le clou du solstice est un ingénieux système mis au point par un passionné d’astronomie ; le chanoine Claude Étienne, en 1701. Ce tenon de métal brillant légèrement doré est enfoncé dans une pierre située dans le bas-côté ouest du transept sud. Un rayon de soleil provenant d’un espace spécialement aménagé dans le vitrail dit de Saint-Apollinaire l’éclaire chaque 21 juin (jour du solstice d’été) à midi. Il a fait naitre beaucoup de fantasmes et de légendes. Les montages et démontages successifs des vitraux ont depuis, remis en cause la précision de ce dispositif.
- La majestueuse rosace datant du XIIIe siècle, qui orne le portail royal dissimule un secret. Dans les années 2000, par hasard il fut découvert lors d’une restauration. L’un des pétales a été disposé à l’envers, puis retravaillé comme un trompe-l’œil invisible depuis le parvis.
Une source d’inspiration

Celle qui vu le couronnement du roi Henri IV le 27 février 1594, fut un lieu d’inspiration pour de nombreux saints : Vincent de Paul, François de Salles, Louis Marie Grignion de Monfort…, mais également pour de nombreux artistes.
Les peintres Chaïm Soutine, Camille Corot et Maurice Utrillo, mais surtout le sculpteur Auguste Rodin : « Je l’ai bien souvent visitée, cette Cathédrale. Mais elle m’est apparue, aujourd’hui, toute nouvelle, plus belle, plus brillante que jamais, et je me suis mis à l’étudier comme si je la voyais pour la première fois. Chartres a fait son éloge pour éternellement. Chartres, notre Cathédrale splendide entre toutes ! N’est-ce pas l’Acropole de la France ? »
Le motif de la cathédrale inspire l’œuvre poétique de Rainer Maria Rilke, notamment au détour de la septième des Duineser Elegien.
En juin 1912, Charles Péguy entreprend son fameux pèlerinage à Chartres. Son fils Marcel et du jeune Alain-Fournier, auteur du Grand Meaulnes, l’accompagneront. Il immortalise son périple dans un long poème, Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres : « Ainsi nous naviguons vers votre cathédrale. De loin en loin surnage un chapelet de meules. Rondes comme des tours, opulentes et seules. Comme un rang de châteaux sur la barque amirale. »
Joris-Karl Huysmans découvre la cathédrale de Chartres à Noël 1893. C’est pour lui un éblouissement qui lui inspire un roman, La Cathédrale, publié en 1898. C’est à la fois un roman d’apprentissage et un livre d’art : « Et au-dessus de la ville indifférente, la cathédrale seule veillait... »
Un patrimoine mis en valeur
Chartres en lumières est l’une des plus grandes manifestations de valorisation du patrimoine par la lumière. Notamment, l’illumination du portail royal de la cathédrale et de ses portails nord et sud. Elle se déroule du 30 avril au 14 janvier.
Rosa Tandjaoui.
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