Connaissez-vous Charles Pollock ?

Quasi-inconnu du grand public, Charles Pollock, frère ainé du célèbre Jackson, est exposé à la FRAC Auvergne du 20/05/2022 au 18/09/2022.  L’occasion de découvrir l’œuvre riche et délicate de ce peintre discret.

Une Amérique en crise

Charles Pollock nait en 1902 à Denver, dans le Colorado. C’est l’aîné d’une famille de cinq garçons, dont le benjamin n’est autre que le fameux Jackson. Ainsi, il grandit dans un milieu plutôt pauvre, mais avec de grandes aspirations.

Entre 1912 et 1928, les Pollock changeront huit fois de domicile, de ville et même d’État ; à la recherche d’une meilleure situation.

L’art, une évidence

Très tôt influencé par les arts mexicains ; notamment José Clemente Orozco et Diego Rivera, il poursuit ses études à l’Otis Art Institute de Los Angeles.

En 1926, il s’installe à New York, où il s’inscrit à l’Art Students’ League. Il y rencontre le peintre Thomas Hart Benton, dont il deviendra l’assistant, puis l’ami. De plus, ce dernier marquera fortement son œuvre jusqu’au milieu des années 1940.

Si loin, si proche

Il exercera une grande influence sur la carrière de son frère Jackson. Qui suivra le même chemin ; rejoignant New York dans les années 1930.

À l’été 1934, les deux frères traversent un pays ravagé par la grande dépression, de New York à Los Angeles. Ce voyage va les marquer, renforcer leur fibre sociale, accentuer leur sensibilité de gauche et influencer leur œuvre pour une décennie.

C’est un homme discret, besogneux, intellectuel et engagé politiquement. Il pratiquera la caricature politique et sera maquettiste pour le journal du syndicat des UAW (United Automobile Workers).

Après-guerre, il s’éloigne de plus en plus du réalisme social de Benton ; se rapprochant de l’expressionnisme abstrait américain naissant.

Dans les années 1960, il enseigne la calligraphie, le graphisme et la typographie à la Michigan State University, avant de s’installer à Paris, en 1971, avec sa femme Sylvia et leur fille Francesca, où il décède en 1988.

Un maître de la couleur

D’abord peintre figuratif, il réalisera, dans les années 1960, des toiles épurées, réduites à deux ou trois couleurs : un motif noir sur un fond monochrome, qui n’est pas sans rappeler la calligraphie chinoise.

Dans son œuvre tardive et à l’instar de Mark Rothko et Barnett Newman, il se révèle fin coloriste avec une maitrise toute particulière de la lumière et des nuances ; qui donne à ses œuvres une aura si particulière.

Un véritable coup de cœur.

Rosa Tandjaoui.