De quoi Michel Houellebecq est-il le nom ?

Au-delà de son immense succès littéraire et médiatique, posons-nous la question du phénomène Michel Houellebecq comme révélateur de l’échec d’une société néolibérale ultradominante qui au travers d’une marchandisation à outrance, d’une exacerbation des inégalités, d’une promotion du narcissisme pousse l’humanité vers une irrémédiable crise existentielle.

Dans Contre Sainte-Beuve, Marcel Proust bat en brèche la méthode du célèbre critique littéraire. Celle-ci consiste à ne pas séparer l’auteur de son œuvre. Et fait le distinguo entre le moi social de l’auteur et son moi véritable.

L’idée ici est d’analyser les différences qu’il peut y avoir entre :

• L’œuvre,

• Les intentions de l’auteur,

• Ses prises de position,

• Les différentes lectures qui en sont faites.

On peut même se demander si l’œuvre une fois publiée ne s’autonomiserait pas ; l’influence de l’auteur déclinant pour laisser place aux diverses interprétations des lecteurs et critiques.

Il y a là plusieurs malentendus ; le premier attribuant à Michel Houellebecq la capacité de prédire l’avenir.

La désindustrialisation de la France aurait commencé en 2010 avec La carte et le territoire, son islamisation en 2015 avec Soumission, ses mouvements sociaux en 2019 avec Sérotonine, la fin du déclinisme en 2022 avec Anéantir, etc.

S’il n’est pas prophète en son pays, il sait peut-être saisir l’époque et sert de prisme à nos angoisses.

Laissons le dernier mot à Maurice Nadeau, premier éditeur de Michel Houellebecq qui publia en 1998 Extension du domaine de la lutte : « Maintenant on demande à Houellebecq d’être clair, plus clair que son roman, de se situer, tout ça est ridicule. Ça montre que la période est vide. Et les écrivains servent rarement à remplir les vides. Plutôt à les désigner. »

Hakim Aoudia.