Jean-Louis Trintignant s’éteint à l’âge de 91 ans.
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Jean-Louis Trintignant s’éteint à l’âge de 91 ans.

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 4 minutes

Ce géant du cinéma et du théâtre français, entré dans l’histoire avec Un Homme et une Femme de Claude Lelouch, est mort paisiblement, de vieillesse, le 17 juin 2022 à Collias dans le Gard.

Une vocation précoce

Jean-Louis Trintignant naît le 11 décembre 1930 à Piolenc en Provence, dans une famille catholique, aisée et très ancrée dans la région.

De la religion, il apprécie surtout l’apparat : « Quand j’étais petit, ma mère m’emmenait à la messe et j’étais fasciné par ce monsieur qui prêchait. C’était vraiment un spectacle qui m’enthousiasmait. J’étais émerveillé par ce prédicateur qui faisait ses discours. Je crois que c’est pour ça que je suis devenu comédien… J’ai aussi beaucoup aimé l’histoire du christianisme. C’est imbécile de dire ça, mais la plus belle réussite de comédien c’est celle du Christ. Ce type a pu apporter la grâce à des milliers de personnes. Or, le métier de comédien, c’est d’apporter aux gens des émotions, de les rendre peut-être plus sensibles à certaines choses. »

Une enfance marquée par la guerre

Pendant la Seconde Guerre mondiale, son père Raoul s’engage dans la Résistance, avant de prendre le maquis pour être finalement emprisonné aux Baumettes.

Sa mère, Claire, sera brièvement interrogée par les Allemands et l’affaire éclatera à la Libération : « Quand mon père est revenu dans notre village avec les libérateurs français et américains, ma mère était dans une charrette, rasée, comme toutes les femmes qui avaient eu des amours avec les Allemands. Pour elle c’était un grand amour, je crois. Elle était passée dans l’autre camp. C’est une chose qui marque beaucoup les enfants… J’avais 14 ans et je me souviens de mon père qui m’a dit : « Mais comment tu as pu laisser faire tout ça ? » Ça m’a marqué tout le reste de ma vie… »

Une passion

Sa mère l’initie à la poésie, lui faisant lire Paroles, de Jacques Prévert, dès sa parution, en 1946 : une passion qui ne le quittera plus jamais

Son père, quant à lui, le destine à des études de droit et l’inscrit à la faculté de droit d’Aix-en-Provence.

En 1949, Charles Dullin, gloire du théâtre de l’époque, s’arrête à Aix pour y présenter l’Avare de Molière. La représentation est un choc pour le jeune Trintignant, qui abandonne ses études pour monter à la capitale.

Dès son arrivée, il entre à l’Idhec (Institut des hautes études cinématographiques) : « Je suis allé à Paris pour faire une école de metteur en scène, mais, en même temps que je préparais cette école, je me suis inscrit dans un cours de théâtre pour connaître le problème des comédiens, pour pouvoir les diriger quand je serai metteur en scène, dira-t-il. À cette époque, j’étais extrêmement timide. J’ai senti que c’était aussi pour moi une façon de me guérir de ma timidité. Voilà pourquoi j’ai continué à être comédien. »

Oncle Maurice

Dans la famille du père de Jean-Louis, il y avait cinq frères et tous les cinq pratiquaient la course automobile. Maurice, sorte d’oncle grand-frère, lui transmettra le virus de la course automobile et deviendra un grand nom de la compétition ; gagnant même les fameuses 24 Heures du Mans en 1954 (Jean-Louis y participera en 1980).

Un choix

Parallèlement à l’enseignement de l’Idhec, il suit des cours de théâtre ; à la fois pour perdre son accent méridional et vaincre sa timidité.

Recalé au concours d’entrée du Conservatoire, il fait néanmoins un choix : « J’étais dans la promo de Louis Malle et Alain Cavalier, on était inséparables. Mais il me manquait une qualité indispensable pour la mise en scène : l’autorité. Je n’assumais pas la responsabilité de diriger une équipe. »

Au début des années 1950, suivant les cours de Jean Vilar, influencé par le jeu de Gérard Philipe, il joue de modestes rôles, mais toujours pour les grands metteurs en scène du moment.

La consécration au cinéma

Après quelques rôles de figurants et des débuts prometteurs au cinéma, il connait une renommée internationale avec Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim, en 1956. Il partage l’affiche avec Brigitte Bardot, qui deviendra l’actrice et le symbole sexuel du moment. Leur histoire d’amour, alors qu’ils sont tous les deux mariés, ajoute un parfum de scandale au succès du film

Après deux ans d’absence pour cause de service militaire, il joue Hamlet de William Shakespeare au théâtre, en 1958, retrouve Roger Vadim pour Les Liaisons dangereuses, en 1960 et connait le succès en Italie avec Le Fanfaron de Dino Risi avec Vittorio Gassman.

Mais son plus grand succès reste Un homme et une femme de Claude Lelouch, avec Anouk Aimée, récompensé en France par la Palme d’or au Festival de Cannes 1966 et aux États-Unis par les Oscars du meilleur film étranger et du meilleur scénario original en 1967.

Sa carrière est maintenant lancée, entre cinéma et théâtre. Il se lancera même dans la production de vin, en 1996, rachetant le domaine viticole Rouge Garance dans les côtes du Rhône.

Un drame intime

En 2003, sa fille Marie, qu’il eut avec sa deuxième épouse Nadine Trintignant, décède à la suite des coups portés par son compagnon Bertrand Cantat : « Marie, c’était ma meilleure amie, « mon » meilleur ami. Ma vie s’est arrêtée. Je suis resté plusieurs mois hébété, à regarder dans le vide… Et puis, un jour, je me suis dit : « Il faut que j’arrête cette vie et que je fasse quelque chose. » J’ai donc décidé de faire quelque chose. J’ai recommencé à faire du théâtre. »

Il meurt le 17 juin 2022, à Collias dans le Gard, entouré de ses proches, paisiblement, de vieillesse, à l’âge de 91 ans.

Il reste, pour beaucoup d’entre nous, une énigme, même s’il s’était, à de nombreuses reprises, mis à nu : « Je suis un type très compliqué. Je voudrais être simple, mais je n’y arrive pas. Je suis très compliqué parce que je suis bousculé par des tas de choses et je trouve qu’une vie c’est trop court ; donc il faut la vivre intensément. Et pour vivre intensément, il faut prendre des risques dans tous les domaines. C’est très beau une vie, mais c’est très bref. Il faut vraiment la vivre par tous les bouts… »

Rosa Tandjaoui.

Notre note
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Commentaires

1
Gérard Poitou

https://www.magcentre.fr/234136-jean-louis-trintignant-a-bouleverse-le-public-du-cado/

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