La paléontologie en deuil après le décès d’Yves Coppens.

Le paléontologue français Yves Coppens, codécouvreur de la fameuse australopithèque Lucy, nous quittait le 22 juin 2022 à Paris, à l’âge de 87 ans.

Une vocation précoce

Yves Coppens nait le 9 août 1934 à Vannes, dans le Morbihan.

Très tôt, il se passionne pour l’archéologie et la préhistoire : « Je n’ai commencé à aller en classe qu’à l’âge de 7 ans. Et puis la guerre a été déclarée. Mon père, professeur de physique-chimie, a été mobilisé dans le service de santé : il a été fait prisonnier. Lorsqu’il est rentré, il m’a rapporté des Ardennes des fossiles d’invertébrés que je me souviens avoir précieusement conservés entourés de coton dans une boîte d’allumettes ».

Sillonnant les landes bretonnes à la recherche de bouts de cailloux, ses camarades le surnommeront : Coco le fossile.

Après un baccalauréat en sciences expérimentales au lycée Jules Simon de Vannes, il obtient une licence en sciences naturelles à la faculté des sciences de l’université de Rennes, puis un doctorat sur les proboscidiens à la Sorbonne.

Un fouilleur impénitent

Étudiant, il se met à la disposition des circonscriptions des antiquités historiques et préhistoriques de Rennes, et devient fouilleur bénévole.

Ainsi, toutes ses vacances se passent sur le terrain et l’une des grandes fouilles auxquelles il participe, sur l’ile de Carn, lui permet de découvrir une sépulture mégalithique (dolmen) inviolée depuis plus de 7 000 ans, en 1954.

Il n’a que 22 ans, lorsqu’il est nommé attaché de recherche du Centre national de la recherche scientifique, et dès le début des années 1960, il participe à des expéditions en Afrique et en Asie du Sud-Est.

En 1974, lors d’une expédition internationale dans l’Afar, en Éthiopie, comprenant également l’américain Donald Johanson et le français Maurice Taieb, ils mettent à jour 52 fragments d’ossements appartenant au même hominidé : un Australopithecus afarensis, âgé de 3,2 millions d’années.

Le marquage des os se faisant en écoutant la chanson des Beatles Lucy in the Sky with Diamonds, ils le surnomment Lucy.

Un homme médiatique

Professeur au Collège de France, directeur du musée de l’Homme, membre de l’Académie des sciences, doté d’un extraordinaire talent de conteur, il devient une figure médiatique : un véritable savant dans la cité.

À travers ses documentaires, émissions de télévisions ou essais de vulgarisation, il a toujours tenté de mettre la paléontologie à portée de tous, conscient du potentiel d’universalité de la science : « Nous sommes tous des Africains, nés il y a trois millions d’années, cela devrait nous inciter à la fraternité ! ».

Hakim Aoudia.