Charlie Watts : un dandy amoureux du jazz !
Charlie Watts Jazz Rolling Stones (musique) Rolling Stones (livres) Rolling Stones (DVD)

Charlie Watts : un dandy amoureux du jazz !

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 4 minutes

Il y a un an disparaissait Charlie Watts, membre le plus discret des Rolling Stones, amateur de jazz et l’un des plus grands batteurs de sa génération.

Une enfance sous le signe du jazz

Charlie Watts est né le 2 juin 1941 dans un quartier de Londres ravagé par une bombe, qui provoqua un cratère de six mètres de large et deux mètres de profondeur.

Son père, Charles, est chauffeur de camion pour la British Railways et sa maman, Liliane, est mère au foyer.

Charlie Watts à l’âge de 2 ans en compagnie de ses parents. (Charlie Watts : un dandy amoureux du jazz !).

Attiré très tôt par le jazz, il en devient très vite un passionné : « J’avais 11 ans quand j’ai découvert un disque d’Earl Bostic intitulé Flamingo et j’ai adoré le saxophone. Un an plus tard, j’ai entendu Walking Shoes par Gerry Mulligan et je suis tombé amoureux du batteur : Chico Hamilton. J’ai alors acheté des disques de Louis Armstrong, de Johnny Dodds, de Duke Ellington et enfin de Charlie Parker… Je les possède toujours. »

Il choisira, néanmoins, son instrument fétiche, la batterie, par des chemins détournés : « J’ai acheté un banjo, et je n’aimais pas les points sur le manche. Alors j’ai enlevé le manche, et en même temps j’ai entendu un batteur appelé Chico Hamilton, qui jouait avec Gerry Mulligan, et j’ai voulu jouer comme ça, avec des balais. Je n’avais pas de caisse claire, alors j’ai mis la caisse de résonance du banjo sur un pied. »

Son père forcera le destin en lui offrant une batterie d’occasion.

Il apprend ainsi à jouer de l’instrument en autodidacte et rejoint les Jo Jones All Stars, un groupe de jazz qui écume les pubs londoniens de l’époque.

Une passion pour le dessin

En parallèle, il suit des cours d’arts graphiques à la Tyler’s Croft Secondary Modern School, puis de typographie à la Harrow School Of Art.

En 1960, il intègre une agence de publicité, en tant que dessinateur et commence à travailler sur un projet personnel, Ode to a Highflying Bird, livre pour enfants retraçant la vie d’un Charlie Parker transformé en oiseau, affublé d’une paire de lunettes de soleil, incompris, constamment rejeté par ses congénères, qui s’envole pour New York à la rencontre de son destin.

Illustration de Charlie Watts pour son album : Ode to a Highflying Bird. (Charlie Watts : un dandy amoureux du jazz !).

L’ouvrage sera publié quatre ans plus tard, poussé par la notoriété des Rolling Stones.

Les Rolling Stones

À cette époque, il intègre la scène londonienne de blues naissante, avec les Blues by six du guitariste Brian Knight, puis les Blues incorporated d’Alexis Korner et Cyril Davies.

Il croisera ainsi la route de Jimmy Page, Eric Clapton, Rod Stewart, John Mayall, Brian Jones, Mick Jagger et Keith Richards.

Les Rolling Stones se formeront courant 1962 et il les rejoindra officiellement début 1963.

Les Rollin Stones en 1973 : Mick Jagger, Charlie Watts, Keith Richards, Bill Wyman et Mick Taylor. Crédit photo Aubrey Powell. (Charlie Watts : un dandy amoureux du jazz !).

Élégant et discret, il était le véritable métronome du groupe ; un pilier qui permettait les frasques extraverties de Mick Jagger et Keith Richards ; résumant ainsi sa contribution au groupe : « Mes années Stones se résument à six années passées à jouer de la musique et trente autres à attendre ».

Une carrière parallèle

Humble, il répondait à la question de savoir s’il aurait quitté les Rolling Stones, s’il avait été contacté par Charles Mingus ou Miles Davis : « J’aurais surtout eu un infarctus ».

Il restera jusqu’au bout fidèle à ses deux passions : sa femme, Shirley Ann Shepherd, qu’il épouse en 1965 et le jazz, pour lequel il mène une carrière parallèle de plus d’une dizaine d’albums à son nom.

Il suffit pour cela d’écouter le magnifique A tribute to Charlie Parker with strings, enregistré en 1992 et en live au Club Ronnie Scotts.  Bernard Fowler, longtemps choriste des Stones, y est le narrateur ; chaque morceau étant précédé d’une lecture d’extraits de Ode to a Highflying Bird.

Black Bird, White Chicks (Live at Ronnie Scott’s, Birmingham, 1991) · Charlie Watts.

À la suite d’un rendez-vous de routine dans un hôpital, il doit subir une opération d’urgence et est contraint de se retirer de la tournée américaine des Stones. Il l’annonce le 05 août 2021, dans un communiqué via Twitter : « Je travaille dur pour être en pleine forme, mais j’ai accepté aujourd’hui, sur les conseils des experts, que cela prendra un certain temps. […] J’ai donc demandé à mon grand ami Steve Jordan de me remplacer ». Il ajoutera rieur : « Pour une fois, mon tempo est un peu mauvais ».

Il décèdera quelques jours plus tard, le 24 août 2021.

Hakim Aoudia.

Notre note

Playlist Charlie Watts in jazz sur Spotify

Ecouter playlist Charlie Watts in jazz sur Deezer

Commentaires

0

Ajouter un commentaire

Fermer le menu
DESTINATIONS AGENDA COMPTE
CulturAdvisor