Jo-Ann Kelly, le Blues dans la peau !
Disciple de Memphis Minnie et Charley Patton, Jo-Ann Kelly était une chanteuse et guitariste de blues anglaise. Elle eut son heure de gloire dans les années 1960-1970. Aujourd’hui tombée dans l’oubli, cette artiste d’une puissance vocale hors du commun gagne à être connue.
Un petit bout de femme
Dès les premières secondes d’écoute en aveugle, on pense à un homme. Une voix de mec puissante venue du fin fond du delta du Mississippi.
Puis, après quelques minutes, une image mentale se fixe : une femme, noire, forte, d’âge mûr.
Lorsque l’on découvre que Jo-Ann Kelly est blanche, frêle, née en 1944 dans le sud de Londres et qu’elle s’accompagne elle-même à la guitare, on prend une claque. Finalement, on se dit que notre vision du monde est souvent une interprétation et non une reproduction de la réalité.
Des choix radicaux
Cette figure de l’ombre, inconnue du grand public, avait une puissance vocale hors du commun et un solide jeu à la guitare, mais se caractérisait surtout par des choix artistiques radicaux : prendre le contre-pied de Robert Johnson qu’elle admirait pourtant et ne jamais vendre son âme au diable.
Une vocation
Le travail artistique de Jo-Ann Kelly, que l’on peut aisément mettre sous le registre de la vocation est très certainement une des formes les plus abouties et les plus pures de l’expression de soi.
Il ne s’agit pas ici, seulement, de musique ou de chant, mais d’une perception où l’ordinaire et l’extraordinaire se confondent, car ils sont le fruit d’un mode de vie, d’une façon d’être entièrement consacrés à la réalisation de son potentiel artistique.
Et l’on comprend ainsi, aisément, pourquoi Jo-Ann Kelly refusa les offres de Canned Heat ou Johnny Winter, qui auraient certainement lancé sa carrière et sa volonté tenace de venir en aide aux musiciens dans le besoin, préférant écumer le circuit des clubs de blues britanniques, le plus souvent en solitaire.
Elle aurait rendu visite à la très grande Memphis Minnie (l’une de ses plus grandes influences), au début des années 1970, alors que celle-ci vivait dans une maison de retraite.
Elle enregistrera une petite dizaine d’albums entre la fin des années 60 et le début des années 80 et décèdera le 21 octobre 1990 des suites d’une longue maladie à 46 ans.
Hakim Aoudia.
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