Pourquoi Marilyn Monroe reste une icône du cinéma américain ?
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Pourquoi Marilyn Monroe reste une icône du cinéma américain ?

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 8 minutes

60 ans après sa mort, le 4 août 1962, Marilyn Monroe reste une icône absolue de la pop culture mondiale. Cette actrice de l’âge d’or d’Hollywood, que nous pensons tous connaitre, reste pourtant une énigme. Avec les livres, documentaires et films qui ne cessent de paraître à son sujet, la star est plus que jamais d’actualité. Alors, posons-nous la question : pourquoi Marilyn Monroe reste une icône du cinéma américain ?

Une enfance marquée par l’abandon 

Norma Jeane Mortenson naît le 1er juin 1926 dans la salle commune de l’hôpital général de Los Angeles.

Sa mère Gladys Monroe est instable et souffre de troubles schizophréniques avec délires paranoïaques. De plus, ne pouvant s’occuper de sa fille, elle la confie à un couple de voisins. Pour finir, Norma Jeane est placée dans une famille d’accueil, puis dans un orphelinat. Gladys, quant à elle, finira dans un établissement psychiatrique. 

Du côté paternel, c’est pire encore. Martin Edward Mortensen, son père déclaré, s’est séparé de sa mère en 1925, plus d’un an avant sa naissance. De plus, il demande et obtient le divorce en 1928, pour abandon de domicile. En somme, Marilyn ne connaitra jamais son vrai père.

Norma Jeane Mortensen enfant Marilyn Monroe
Norma Jeane Mortensen enfant. (Pourquoi Marilyn Monroe reste une icône du cinéma américain ?).

Ballotée d’une famille à l’autre, elle est toujours la dernière arrivée et la dernière servie. Elle racontera même, bien plus tard, qu’à l’adolescence il lui est arrivé de prendre son bain hebdomadaire dans une eau qui avait déjà servi à toute la famille. 

Ainsi, elle subit brimades et violences diverses, au point de se mettre à bégayer. 

À 12 ans, elle est la risée des élèves de son collège, l’Emerson Junior High School. De plus, elle est maigre comme un clou et beaucoup plus grande que les enfants de son âge. À tel point qu’on la surnomme le haricot humain. Un surnom, qui en anglais, rime avec son prénom : Norma Jeane, the Human Bean

La métamorphose 

Avec l’adolescence, son corps prend forme. Au début, elle se demande s’il ne s’agit pas d’un énième coup du sort. Mais très vite, elle comprend quels avantages elle peut tirer de la situation. Désormais elle se maquille, choisit soigneusement ses tenues vestimentaires et adopte une démarche ondulante. 

L’effet est immédiat, elle attire les regards et devient le centre d’intérêt. Enfin, elle a la sensation d’exister. 

Alors qu’elle reprend peu à peu le contrôle de sa vie, elle n’a qu’une obsession : ne pas retourner à l’orphelinat. Puisqu’elle va avoir 16 ans, une solution s’offre à elle : se marier. 

Jim Dougherty est le candidat idéal. D’abord, c’est un voisin qui a une vingtaine d’années et travaille à l’usine du coin. De plus, ces deux-là s’entendent très bien depuis que le jeune homme l’accompagne régulièrement au collège, en voiture. 

Le 19 juin 1942, Norma Jeane Mortensen devient Mrs Jim Dougherty. Enfin, elle vient de nouer un lien durable avec quelqu’un et cela la rassure au plus haut point. 

Malheureusement, Jim n’est pas à la hauteur. Il est complètement dépassé par cette épouse qu’il ne comprend pas. Moins d’un an après leur mariage, il prend la fuite et s’engage dans la marine marchande. 

Des rencontres 

Fin 1943, Norma Jeane est obligée de subvenir à ses besoins.  L’Amérique est en guerre et l’industrie de l’armement tourne à plein régime. Elle s’engage à la Radioplane Company et plie des parachutes, près de 10 heures par jour. 

Au même moment, le photographe David Conover est chargé par une agence de propagande de prendre des photographies de femmes participant à l’effort de guerre dans les usines. 

Non seulement Conover la remarque et la prend en photo, mais il lui conseille également de se lancer dans le mannequinat. 

Ainsi, sa première photographie professionnelle parait le 26 juin 1945 sur le magazine Yank, dans le cadre d’une campagne de propagande de l’armée américaine.

Première photographie professionnelle de Norma Jeane Dougherty (Marilyn Monroe) le 26 juin 1945 sur le magazine Yank
Première photographie professionnelle de Norma Jeane Dougherty le 26 juin 1945 sur le magazine Yank. (Pourquoi Marilyn Monroe reste une icône du cinéma américain ?).

Après cela, en août 1945, elle intègre la Blue Book Modeling Agency. 

Emmeline Snively, directrice de l’agence, la prend immédiatement en main. Elle lui donne également un conseil : “ Vous aurez un succès fou auprès des photographes si vous vous teignez les cheveux. En blonde. Je vous le garantis. Faites-vous décolorer, devenez blonde, et vous les aurez tous à vos pieds. Croyez-moi. “ 

Dans la foulée, elle tourne son premier film-test publicitaire. Elle fait également la couverture de nombreux magazines de pin-up, notamment pour la promotion de maillots de bain. 

En parallèle, elle prend des cours de théâtre et court les castings. Car au fond d’elle-même, elle rêve de devenir actrice. 

Les débuts au cinéma 

En 1946, elle est remarquée par Ben Lyon, alors cadre de la 20th Century Fox. Ce dernier lui fait passer un bout d’essai. C’est ainsi qu’elle signe son premier contrat et met un pied dans le monde du cinéma. 

Son nom étant trop compliqué à retenir, la Fox lui propose le prénom de Marilyn. De son côté, elle choisit le nom de son grand-père maternel : Monroe. Marilyn Monroe, le nom est agréable à prononcer et se retient facilement. Pas de doute, c’est un nom de star ! 

Elle obtient son premier rôle en 1947 avec Bagarre pour une blonde. Dans ce film musical réalisé par F. Hugh Herbert, elle apparaît furtivement avec une réplique d’à peine deux mots. Quelques semaines plus tard, elle décroche un petit rôle de serveuse dans Dangerous Years, réalisé par Arthur Pierson. 

Mais ce n’est qu’en 1950 qu’elle se fait remarquer, lors d’une apparition dans La Pêche au trésor des Marx Brothers. Là, elle attire l’attention de Johnny Hyde, l’un des meilleurs agents d’Hollywood. Ce dernier la prend en charge et va complètement façonner le personnage de Marilyn Monroe.

Marilyn Monroe dans « La Pêche au trésor » des Marx Brothers (1950). (Pourquoi Marilyn Monroe reste une icône du cinéma américain ?).

D’abord, il réoriente ses choix vestimentaires vers plus de sophistication. Ensuite, lui fait couper les cheveux plus courts, les fait lisser et en ajuste la blondeur. Soucieux du moindre détail, son menton et son nez sont affinés par de discrètes opérations de chirurgies esthétiques. Il semblerait même qu’il soit l’inventeur du grain de beauté piqué au-dessus de sa bouche. Enfin, il l’installe dans un petit studio du Beverly Carlton Hotel et lui fait une liste des lieux où il faut se montrer. 

Le résultat ne se fait pas attendre. Ainsi, elle obtient enfin de vrais rôles et collabore avec de grands réalisateurs. Ses performances dans Quand la ville dort de John Huston et Ève de Joseph L. Mankiewicz, en 1950, en sont le parfait exemple. 

La consécration 

En 1952, elle pose nue pour un calendrier et fait scandale. À la même époque, elle rencontre la légende du baseball Joe DiMaggio, qu’elle épouse deux ans plus tard.  

Dès 1953, elle obtient de premiers rôles dans de nombreux films à succès. Ainsi, Les hommes préfèrent les blondes de Howard Hawks, avec Jane Russell, n’est que le premier d’une longue liste. 

En parallèle, elle prend des cours de chant et réalise un premier disque qui se vend à plus de 75 000 exemplaires en 1954. 

En 1955, elle fréquente le dramaturge Arthur Miller, qu’elle épouse un an plus tard. 

À la même époque, elle tourne Sept Ans de réflexion de Billy Wilder. Le film est un immense succès et lui permet de négocier un nouveau contrat, beaucoup plus avantageux, avec la Fox. En effet, cette scène où elle retient sa robe blanche, drapée ivoire au large décolleté en V, au-dessus d’une grille de métro, reste l’une des plus célèbres du 7e art. 

Mais Certains l’aiment chaud du même Billy Wilder est certainement son plus grand film. Sortie en 1959, cette comédie de mœurs, où elle partage la vedette avec Jack Lemmon et Tony Curtis, est aujourd’hui devenue culte. C’est une œuvre extrêmement drôle et féministe, qui explore l’identité de genre et la sexualité, avec beaucoup de courage pour l’époque. Par ailleurs, elle obtient pour ce film le Golden Globe de la meilleure actrice.

« Certains l’aiment chaud » de Billy Wilder (1959). (Pourquoi Marilyn Monroe reste une icône du cinéma américain ?).

La chute 

À la fin des années 1950, Marilyn Monroe est de plus en plus dépendante à l’alcool, aux antidépresseurs et antidouleurs. Ainsi, elle commence à consulter, très régulièrement, un psychiatre de Los Angeles, le docteur Ralph Greenson. À tel point que ce dernier exerce sur elle une influence déterminante. 

En 1960, alors au sommet de sa popularité, elle accepte de tourner Le Milliardaire de George Cukor. Elle y rencontre Yves Montand, avec lequel elle entretient une longue liaison. Leur relation cesse lorsque Montand refuse de quitter Simone Signoret et retourne en France. 

Alors que son état de santé s’aggrave, elle démarre le tournage des Désaxés de John Huston, en 1961.  Ce dernier sera même retardé à cause d’une hospitalisation de près de deux semaines. 

Début 1962, en plus de l’alcool et des médicaments, Marilyn Monroe souffre de dépression, d’anxiété et d’insomnie chronique.  

Extrêmement dépendante du Dr Greenson, elle lui écrit de nombreuses lettres, notamment lors de ses hospitalisations : “ Avez-vous vu Les Désaxés ? Dans l’une des scènes, vous pouvez voir à quel point un arbre peut m’apparaître étrange et nu. Je ne sais pas si ça apparaît vraiment à l’écran… Je n’aime pas la façon dont certaines scènes ont été montées. Depuis que j’ai commencé à écrire cette lettre, quatre larmes silencieuses ont coulé. Je ne sais pas vraiment pourquoi. ” 

C’est à cette époque que Marilyn Monroe croise la route de John F. Kennedy. Probablement conviée à une soirée mondaine, elle y rencontre le président des États-Unis nouvellement élu. Ajoutons, pour être complet, que selon certaines sources ils seraient amants depuis le début des années 1950. En tout état de cause, le 19 mai 1962 et malgré toutes les interdictions, elle s’invite au gala d’anniversaire de président Kennedy. Ainsi, complètement saoule, elle susurre le fameux Happy birthday Mr President.

Marilyn Monroe chantant « Happy Birthday Mr President » au gala d’anniversaire de président Kennedy en 1962. (Pourquoi Marilyn Monroe reste une icône du cinéma américain ?).

Elle décède dans la nuit du 4 au 5 août 1962. La note du médecin sur son dossier stipule : « Suicide probable ». En effet, sa mort ne sera jamais élucidée, laissant le champ libre à de nombreuses thèses, y compris celle de l’homicide. 

Une icône 

Pour comprendre ce statut d’icône intemporelle qui lui colle à la peau, il faut bien se rendre à l’évidence. Car au-delà des aspects de mode et de beauté, il s’agit plutôt ici de désir et de sexualité. À l’évidence, Marilyn Monroe est devenue un fétiche sexuel sur lequel chacun projette ses propres fantasmes. De plus, cette position qui permet de s’adresser à notre imaginaire est une aubaine pour les publicitaires. En effet, l’actrice, près de 60 ans après sa mort, vend des parfums, des voitures et des jeans. 

Pour illustrer mon propos, je vous conseille la lecture du célèbre essai du philosophe Walter Benjamin, L’Œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique. La thèse, ici défendue par l’auteur, soutient que le cinéma permet de dématérialiser le corps de l’actrice. Ainsi, la reproduction de ce moment d’interprétation n’a plus besoin d’elle pour exister. Alors, la copie s’autonomise de l’original et le corps est à la fois partout et nulle part. 

Une actualité chargée 

Aujourd’hui, elle continue de faire l’actualité avec la sortie de livres, documentaires et films. 

Le documentaire Le Mystère de Marilyn Monroe d’Emma Cooper, sur Netflix, explore les zones d’ombres autour de sa mort. Étayé d’archives inédites, il trace le portrait d’une femme fragile, instrumentalisée par des hommes d’influence. 

Toujours sur Netflix, Blonde, l’adaptation d’Andrew Dominik du roman de Joyce Carol Oates ne m’a pas convaincu. Je vous conseille plutôt de revoir Certains l’aiment chaud.

Blonde de Joyce Carol Oates chez Stock
Blonde de Joyce Carol Oates chez Stock. (Pourquoi Marilyn Monroe reste une icône du cinéma américain ?).

Pour finir, ne passez pas à côté de Fragments, poèmes, écrits intimes, lettres aux Éditions du Seuil. Cet ouvrage remarquable dévoile une femme extrêmement sensible et d’une très grande culture. 

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter de bonnes lectures et de bons visionnages ! 

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Hakim Aoudia.

Notre note

Blonde | Bande-annonce officielle VOSTFR | Netflix France

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