Akira Kurosawa, maître du cinéma japonais !
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Akira Kurosawa, maître du cinéma japonais !

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 22 minutes

Surnommé L’Empereur du cinéma japonais, Akira Kurosawa laisse derrière lui une œuvre prolifique jalonnée de nombreux chefs-d’œuvre. Celui qui a profondément influencé le cinéma occidental à partir des années 1950 résiste encore à l’épreuve du temps, près de 25 ans après sa mort.

La fin du Shogunat

Dès la fin du XIXe siècle, le Japon entre dans une phase révolutionnaire de son histoire. Le Shogunat, cette organisation militaire, teintée de féodalisme, qui avait dirigé le pays depuis sept siècles, transférant le pouvoir aux samouraïs et reléguant l’empereur à de vagues fonctions religieuses, s’écroule sous les coups de boutoir des révoltes sociales, des famines et des pressions étrangères.

Le pays renonce, peu à peu, à sa politique d’isolement, s’ouvre au commerce et change de structure sociale et politique pour se rapprocher du standard des nations occidentales.

Les débuts de l’ère meiji

Dans une réédition de 1907 de son encyclopédie Think Japanese, le japonologue Basil Hall Chamberlain écrit : « Avoir vécu directement la période de transition du Japon moderne fait qu’un homme se sent prématurément vieilli ; car bien qu’il vive désormais à l’époque moderne où l’atmosphère bruisse de discussions au sujet de bicyclettes, de bacilles et de “sphères d’influence”, il peut cependant évoquer un Moyen Âge qui n’est pas si lointain. Le bon vieux samouraï qui initia celui qui écrit ces lignes aux mystères de la langue japonaise tressait ses cheveux et portait deux épées. Ce reliquat de féodalité repose aujourd’hui au paradis. »

Il décrit parfaitement cette période de profonds bouleversements nommée : l’ère meiji ; qui voit s’ébranler les fondements de l’identité traditionnelle japonaise, s’opérer la reconstruction d’une identité nationale naissante et durant laquelle naitra Akira Kurosawa, le 23 mars 1910 dans le quartier d’Ōmori à Tokyo.

La gare de Tokyo sous l’ère meiji, autour de 1920. Copyright Getty Images/Hulton Archive.

Une éducation stricte

Il est le benjamin d’une famille de sept enfants. Son père, Isamu, militaire à l’éducation sévère et intransigeante, descendant d’une famille de samouraïs de la province de Tohohu, au nord du pays, enseigne à l’école secondaire de l’Institut d’Éducation Physique de l’Armée, tandis que sa mère, Shima, vient d’une famille de marchands d’Osaka.

Akira les décrit ainsi : « En dépit de ses apparences, mon père était le vrai sentimental de la famille. Ma mère, une femme douce et d’une résistance infatigable, incarnait au contraire l’élément réaliste. »

Une ouverture sur la culture occidentale

Son père manifeste un grand intérêt pour la culture occidentale : « À une époque où dans les milieux éducatifs, toute concession au modernisme n’éveillait que méfiance et suspicion, mon père n’hésitait pas à nous emmener régulièrement au cinéma, au music-hall pour voir les plus célèbres artistes de l’époque. Intuitivement, il avait saisi toute la valeur culturelle et éducative du nouvel art visuel. »

Le théâtre Teikoku de Tokyo autour de 1920. Domaine public.

L’influence d’un professeur

À l’école, Akira est un élève lent et isolé, qui se révèle grâce à un professeur qui change sa vie : « Peignez ce que bon vous semble », dit monsieur Tachikawa, son professeur de l’école primaire de Kuroda. Akira peint des taches colorées ; il se fait moquer par tous les autres élèves : « D’un regard courroucé, monsieur Tachikawa s’empressa de leur imposer le silence et de faire les éloges de mon dessin. J’obtins la note la plus élevée, et c’est ainsi que j’ai commencé à aimer l’école. »

M. Tachikawa reste une figure tutélaire pour Akira, qui ira régulièrement lui rendre visite lorsqu’il prendra sa retraite : « Le fait d’avoir rencontré à une telle époque une éducation si libre et si inventive, animée par une telle puissance créatrice, et d’être tombé sur un maître tel que M. Tachikawa, je le considère comme un bienfait exceptionnel. »

Citoyen du monde

Il se forge également une personnalité, où pointe déjà cet humanisme qui le caractérise. Voici comment il décrit son lien avec Keinosuke Uegusa, l’un de ses meilleurs amis d’enfance : « En même temps que cette mauviette d’Uegusa m’inspirait des comportements protecteurs, je devenais quelqu’un qui ne se laissait plus faire, plus molester par les grosses brutes de l’école. »

Son enfance est ainsi marquée par un inextinguible besoin de connaissance, allié à une curiosité universelle ; qui le fait s’intéresser à la peinture, au théâtre, à la littérature, à la poterie, et au cinéma bien évidemment : « Les hommes de ma génération ont lu sans distinction tous les classiques, qu’ils soient japonais ou occidentaux. C’était pour nous parfaitement normal. L’occidentalisme que l’on m’a parfois reproché est en fait une question qui ne regarde que vous, les Occidentaux. Moi, je me sens citoyen du monde. »

Un mentor

L’autre figure importante de la jeunesse d’Akira, est son frère Heigo, de quatre ans son ainé.

Akira Kurosawa âgé de 3 ans à droite, en compagnie de son frère Heigo. Copyright Akira Kurosawa.

Celui-ci va l’initier aux romans de Maxime Gorki et Fiodor Dostoïevski, ainsi qu’aux films de John Ford, Fritz Lang et Sergueï Eisenstein : « Si vous voulez écrire des scénarios, vous devez d’abord étudier les grands romans et les grandes pièces de la littérature mondiale pour réfléchir à ce qui fait leur grandeur. À quel moment survient l’émotion que vous ressentez à les lire ? Quel degré de passion a dû avoir l’auteur, de quel niveau de précision s’est-il armé pour dépeindre les personnages et les évènements comme il l’a fait ? Vous devez les lire soigneusement, jusqu’au moment où vous serez capables de saisir ces choses. »

Une leçon d’humanité

Lors du terrible séisme de Kanto qui secoue la région de Tokyo le 1er septembre 1923, alors qu’une vision d’horreur et de chaos s’offre à lui et qu’il se cache les yeux, Heigo lui ordonne de regarder : « Regarde bien, Akira […] Si tu fermes les yeux devant un spectacle effrayant, la terreur va finir par te gagner. Si tu regardes en face, il n’y a plus rien qui puisse te faire peur. »

Cet évènement marque à jamais le jeune Akira et transparait par la suite dans toute son œuvre cinématographique : « Pour moi, le grand séisme de Kanto fut une expérience terrible, effrayante, mais d’une importance capitale. Il ne me révéla pas seulement la puissance incroyable des forces de la nature, mais aussi les abimes extraordinaires du cœur humain. Il bouleversa ma vie, en transformant subitement le monde qui m’entourait. »

Tokyo détruite par le tremblement de terre de Kanto (1923). Domaine public.

Cet être irremplaçable

En 1929, à l’âge de 19 ans, il intègre l’école des beaux-arts de Dushuka et s’installe avec Heigo devenu benshi (commentateur de films muets).

Avec l’arrivée du cinéma parlant au début des années 1930, Heigo connaît des problèmes d’argent et Akira retourne chez ses parents.

En juin 1933, Heigo se suicide et cet évènement le marquera à jamais : « Il m’avait souvent répété que, passé le cap des trente ans, il se suiciderait. Il s’était forgé une philosophie pessimiste de la vie. Pour lui, tout effort humain était comparable à une danse sur une pierre tombale ». « En entrant dans la chambre d’hôtel, à la vue du cadavre recouvert d’un drap ensanglanté, je suis resté pétrifié, comme paralysé. Je fixais le corps inanimé de mon frère. Il avait le même sang que moi, et ce sang s’était écoulé de ses veines. Cet être irremplaçable était mort. »

Une passion contrariée pour la peinture

Il fréquente même, à cette période, les communistes de la Ligue des Artistes Prolétariens qui lui permettent de s’installer à l’Institut Prolétarien de Recherche Artistique de Shiina-cho (un quartier de Tokyo), d’exposer salle Toshima et de trouver ainsi quelques débouchés pour ses œuvres, mais est, toutefois, rapidement désillusionné par ce mouvement qui exprime davantage une frustration politique qu’un idéal artistique.

N’ayant pas les moyens de s’adonner entièrement à sa passion pour la peinture, il se rabat sur le dessin et en fait son gagne-pain en illustrant des livres.

Le cinéma, un heureux hasard

En 1935, les studios de cinéma PCL (Photo Chemical Laboratories), qui deviendront plus tard les studios Tōhō, publient une annonce dans laquelle ils recherchent des assistants-réalisateurs.

Les studios P. C. L. Tokyo (1934). Domaine public.

Akira saute sur l’occasion et ne quittera plus jamais le cinéma : « C’était le hasard qui m’avait fait prendre les chemins de la P.C.L., et ce faisant le chemin qui me conduirait à devenir metteur en scène de cinéma ; et pourtant, tout ce que j’avais fait auparavant semblait m’y mener inéluctablement. Je m’étais passionnément ébroué dans la peinture, la littérature, le théâtre, la musique et les autres arts ; j’avais farci ma tête de tout ce qu’on retrouve, comme composant, dans l’art cinématographique. Jamais l’idée ne m’était venue que le seul domaine où je pouvais être appelé à utiliser tout ce que j’avais appris, c’était le cinéma. Comment ne pas m’émerveiller de ce destin qui m’a si bien préparé pour le chemin que je devais prendre dans la vie ? »

Assistant-réalisateur

En février 1936, à l’âge de 25 ans, Akira rejoint les studios PCL et y rencontre le réalisateur Kajirō Yamamoto, qui deviendra son mentor.

Yamamoto est considéré par la critique, comme un cinéaste sans envergure, notamment parce qu’il réalisera, pendant la Seconde Guerre mondiale, bon nombre de films de propagande.
Il n’en reste pas moins, que c’était un technicien hors pair, un excellent enseignant, et que, très vite, une confiance mutuelle et un respect réciproque se développent entre les deux hommes.

Akira Kurosawa en compagnie de Kajirō Yamamoto (1938). Domaine public.

Yama-san

Yamamoto dira : « Je savais que je pouvais faire totalement confiance à mon premier assistant. […] Il voyait les choses avec lucidité et exactitude. Quand je l’ai initié aux techniques du montage, il a tout saisi d’emblée. Kurosawa avait un talent cinématographique inné, qui s’imposait à tous comme une évidence ». « Je lui demandais d’écrire des scénarios que je trouvais sensationnels tant pour le fond que pour la forme. Loin de trahir une application méthodique, ils témoignaient au contraire d’une inspiration fusante, spontanée. »

Akira, qui acquerra ainsi une vision complète du métier de cinéaste, dira bien plus tard, dans son autobiographie, à celui qu’il appellera respectueusement : « Yama-san, le meilleur des maîtres. Je te fais la promesse, Yama-san, d’essayer de faire mieux encore, et d’aller encore plus loin. Telle est l’oraison funèbre que je dédie à Yama-san. »

Débuts au cinéma

En 1941 paraît Uma (Cheval) qu’il co-réalise avec Kajirō Yamamoto, et qui raconte la lutte acharnée de Ine Onoda, fille ainée d’une famille pauvre d’agriculteurs, pour garder un cheval qu’elle a élevé depuis sa naissance et dont le gouvernement vient d’ordonner la vente à l’armée.

La légende du grand judo

En 1943, il réalise son premier film Sugata Sanshiro (La légende du grand judo), adaptation du roman à succès de Tsuneo Tomita, dont l’action se passe à Tokyo en 1883. Sugata Sanshiro est un jeune homme ambitieux, désirant devenir un grand maître du jiu-jitsu. À cet effet, il rejoint Tokyo afin d’y rencontrer le maître Monna, référence incontestée de cet art martial. Lors de sa première nuit dans la grande cité, il assiste au combat de deux hommes. L’un d’entre eux, Shogoro Yano, parvient avec aisance à battre son adversaire à l’aide d’une technique inconnue à l’époque : le judo. Déterminé à apprendre cet art, Sugata Sanshiro fera tout pour se faire engager par le maître.

Extrêmement représentatif de l’idéologie de l’époque : faisant les louanges des vertus morales du petit peuple, face à la bassesse de la classe bourgeoise occidentalisée, il se fera néanmoins censurer ; certaines scènes étant jugées trop anglo-saxonnes, et les 18 minutes qui furent coupées à l’époque sont aujourd’hui considérées comme définitivement perdues.

Le plus beau

La censure militaire omniprésente influe certainement sur la réalisation de son deuxième film, Le plus beau (ou Le plus dignement), qui paraît en 1944. Ce film de propagande, tourné comme un documentaire, décrit la vie quotidienne d’un groupe de jeunes ouvrières dans une usine militaire. Pendant le tournage, Yōko Yaguchi, l’actrice qui interprète Tsuru, l’héroïne du film, est élue porte-parole par ses collègues pour présenter à Kurosawa leurs exigences.

D’abord opposé, le couple se rapproche et finit par se marier le 21 mai 1945, ce qui fera dire à Akira : « Le plus beau n’est pas un film majeur dans ma carrière, mais c’est le plus cher à mes yeux. » Ils auront deux enfants : un fils, Hisao, né le 20 décembre 1945, producteur de quelques-uns des derniers projets de son père, et une fille, Kazuko, née le 29 avril 1954, chef costumière.

La Nouvelle Légende du grand judo

Pressé par les studios Tōhō de donner une suite à La Légende du grand judo, il réalise La Nouvelle Légende du grand judo qui sort en 1945.

Il admettra plus tard ne pas être très fier de ce film, avoir cédé à la pression des censeurs et y avoir intégré des passages aux relents nationalistes : « Devant le militarisme japonais, je n’avais opposé aucune résistance, et je dois malheureusement admettre que je n’ai pas eu le courage de résister activement d’une manière quelconque, je me suis seulement débrouillé avec la censure en m’insinuant, quand c’était nécessaire, dans ses bonnes grâces ou bien en la déjouant. Je n’en suis pas fier, mais je dois être honnête sur ce point. »

L’Ange ivre

Parut en 1948, L’ange ivre raconte dans le Japon de l’immédiate après-guerre, l’histoire d’un jeune Yakusa blessé par balles, qui réveille en pleine nuit un vieux médecin alcoolique, officiant dans les quartiers défavorisés de Tokyo. Après l’avoir soigné, le Dr Sanada découvre que le jeune homme est atteint de tuberculose, mais ce dernier refuse de suivre les prescriptions du médecin et des liens étranges se tissent entre les deux hommes.

Akira Kurosawa considère ce film comme sa première œuvre personnelle : « Durant la guerre […], il était impossible de s’exprimer en toute liberté. Entre 1945 et 1947, nous n’avons cessé de combattre tantôt les racines de la droite, tantôt les intimidations de la gauche, dont la censure freinait nos élans. L’Ange Ivre est le premier film que j’ai dirigé qui soit libéré de toute contrainte extérieure. Dans cette œuvre j’ai investi tout mon être. Dès la phase de préparation, j’ai senti que j’étais en train de me mouvoir sur le terrain qui me convenait. »

Chien enragé

En 1949, il fonde avec le producteur Sōjirō Motoki et les réalisateurs Kajirō Yamamoto, Mikio Naruse et Senkichi Taniguchi, l’Association Artistique Cinématographique, pour laquelle il réalise la même année Chien enragé.

Ce magnifique polar, raconte l’enquête du détective Murakami, qui à la suite du vol de son arme, tente par tous les moyens de la récupérer, dans les bas-fonds de Tokyo, craignant que des meurtres soient commis avec.

Ce film noir, influencé par le néo-réalisme italien, le réalisme poétique de Jean Renoir, le film noir américain et la lecture des romans de Georges Simenon (le personnage du commissaire Sato rappelle celui du commissaire Maigret), décrit Tokyo, une ville de l’après-guerre sous occupation américaine, gangrénée par la corruption et où la chaleur omniprésente est un personnage à part entière.

Rashōmon

Avec Rashōmon en 1950, Akira Kurosawa adapte deux contes d’Akutagawa Ryunosuke, Dans le fourré et Rashōmon.

L’action se déroule dans la région de Kyoto au XIe siècle. Sous le porche du vieux temple en ruines de Rashōmon, trois hommes se protègent de la pluie. Ces derniers sont mêlés à une étrange affaire dont ils ont bien du mal à démêler l’écheveau. Un samouraï aurait été assassiné et sa femme violée ; quatre témoins du drame donnent leurs versions des faits, toutes différentes et contradictoires… Mais à l’issue de surprenantes révélations, la vérité finit par éclater.

Le film obtient le Lion d’Or au Festival de Venise et l’Oscar du Meilleur Film étranger en 1951.

Hakuchi

En 1951, avec Hakuchi, il brosse le portrait de Kameda, jeune homme que la guerre a traumatisé et transformé en simplet, qui n’a d’yeux que pour la belle Ayako, alors qu’autour de lui, on se moque et on profite de sa crétinerie.

Ainsi, Kurosawa adapte L’idiot de Dostoïevski : « C’est toujours mon auteur favori, et c’est celui qui écrit de la manière la plus honnête sur l’existence humaine. Il n’y a certainement pas d’autre auteur qui m’ait autant intéressé, qui soit si doux. Je veux parler de ce genre de douceur qui vous incite à vouloir détourner les yeux quand vous voyez quelque chose de vraiment terrible, de vraiment tragique. Il a ce pouvoir de compassion. Et ensuite, il refuse de se détourner ; lui aussi, il regarde ; lui aussi, il souffre. Il y a quelque chose qui est plus qu’humain, mieux qu’humain à son propos. »

Un film raccourci de moitié

Le film sera malheureusement considéré comme un chef-d’œuvre de malchance, les studios Tōhō, pour des raisons purement commerciales, l’obligeront à le raccourcir de moitié (l’œuvre diffusée était de 2 h 46, au regard de l’original qui était de 4 h 25) : « Hakuchi est une œuvre incohérente comme film, le spectateur ne peut arriver à en comprendre même l’intrigue. »

Les sept samouraïs

En 1954, il vient à bout d’une superproduction épique, Les sept samouraïs, qui se déroule à l’époque Sengoku au XVIe siècle et où des paysans recrutent un groupe de samouraïs pour les défendre de bandits résolus à piller leur village. Il s’impose d’énormes recherches historiques, par souci de précision et de fidélité à cette période dite de la guerre des provinces.

Pour la construction des personnages des samouraïs, il va s’inspirer de personnages historiques réels ; chaque samouraï incarnant un aspect de la philosophie du Bushido et doté d’une caractéristique particulière : la sagesse, l’ingéniosité, la maîtrise de l’art du sabre, l’abnégation, le don de soi et le sens du sacrifice.

Une influence majeure du cinéma américain

Il a même l’idée géniale, d’ajouter un septième samouraï, imprévisible et vantard, auquel le spectateur pourra s’identifier. Il parvient également à mettre en perspective le fossé qui sépare le courage idéalisé des samouraïs, face à la peur des paysans : en montrant la grandeur de ces deniers, dotés d’un immense courage qui s’exprime dans leur labeur quotidien.

Ce film influencera bon nombre de cinéastes américains : Sam Peckinpah, Francis Ford Coppola, ou encore George Lucas qui déclarera avoir vécu « une expérience bouleversante » et un « véritable choc culturel ».

Il fera également l’objet d’un remake : Les sept mercenaires de John Sturges en 1960.

Le Château de l’araignée

En 1957 paraît Le Château de l’araignée ; adaptation du Macbeth de William Shakespeare.

Si c’est l’un des plus méconnus de ses films, il est, sans nul doute, celui qui a le plus marqué l’inconscient des cinéphiles ; certaines scènes acquérant le statut d’icônes et l’aboutissement esthétique de sa période noir et blanc. Ainsi, il s’approprier le matériau d’origine : « Pourquoi avoir choisi le Japon du XVIe siècle comme cadre de cette adaptation de Macbeth ? On m’a souvent posé la question. La raison en est simple. Cette période de guerres civiles correspondait bien à celle décrite dans Shakespeare ; à tel point que nous avons eu, nous aussi, au Japon, un personnage tel que Macbeth. La transposition du drame dans un cadre japonais m’est donc venue spontanément. J’ai oublié Shakespeare, et j’ai tourné le film comme s’il s’agissait d’une histoire de mon pays. »

Un hommage au théâtre Nô

De plus, il emprunte la voie de l’épure en y adaptant les codes du théâtre Nô : « Le Nô est une forme d’expression unique au monde. […] Moi j’adore le Nô et je l’ai toujours regardé, donc c’est normal que je m’en inspire. On peut utiliser le Nô avec sa structure tripartite : Jo (introduction), Ha (destruction), et Kyu (hâte). Si vous étudiez le Nô avec ferveur, et si vous en extrayez l’essence, cela émergera naturellement dans vos films. Le Nô est une forme unique, authentique, qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde. Je pense que le kabuki, qui l’imite, est un rejeton stérile du Nô. »

Les bas-fonds

La même année, il adapte le roman de Maxime Gorki Les bas-fonds.

Dans un quartier insalubre d’un Tokyo féodal, un asile tenu par Rokubei et son épouse, accueille pour quelques sous une galerie de personnages liés par la misère : un voleur, un ancien acteur devenu alcoolique, un ferrailleur, un samouraï déchu, une prostituée…

Dans cette fable tragique à huis clos, Kurosawa équilibre son propos, en introduisant le personnage du vieux pèlerin, qui va apporter une touche comique et cristalliser tous les espoirs de cette bande de marginaux : : « Après tout, Les Bas-fonds, ce n’est pas si sombre. C’est très drôle et je me rappelle avoir beaucoup ri. C’est pourquoi nous montrons des gens qui veulent vraiment vivre, et nous les montrons avec humour. Pour fuir la misère et le manque de liberté, les gens du peuple se consolent en s’accordant de petites évasions mentales. »

La forteresse cachée

Après le demi-échec de ses deux précédents films, Akira Kurosawa est pressé par les studios Tōhō de renouer avec le succès public et réalise La forteresse cachée.

Il s’agit là d’une grande comédie d’aventures, qui paraît en 1958. Nous sommes au XVIe siècle et une guerre de clans fait rage entre les Akizuki et les Yamana. Tahei et Matashichi, deux paysans ; escrocs, imbéciles et querelleurs trouvent de l’or caché dans une branche d’arbre. Cet or se trouve être le trésor de guerre du clan Akizuki, qui vient d’être décimé par son ennemi dans une grande bataille. Nos deux compères son très vite rejoint par le samouraï Rokurate Makabe, général du clan vaincu et sa protégée ; la princesse déchue Yuki, seule survivante de son clan et chargée de refonder la dynastie. Le petit groupe, à travers un parcours semé d’embûches, tentera de rejoindre les territoires d’un clan allié.

Source d’inspiration de Star Wars

George Lucas a affirmé à de nombreuses reprises que La Forteresse cachée l’avait influencé dans le processus de création de sa saga culte Star Wars ; notamment dans la création du tandem R2D2 et 6PO, transposition américaine du duo comique formé par Tahei et Matashichi.

Akira Kurosawa obtiendra l’Ours d’argent du meilleur réalisateur au Festival International du Film de Berlin pour ce film, en 1959.

Gagner son indépendance

Maintenant connu dans le monde entier et ses films atteignant un public plus large, les studios Tōhō lui proposent de participer au financement de ses films, en échange de davantage de liberté artistique. Akira Kurosawa accepte, et la Kurosawa Production Company naît en avril 1959, avec les studios Tōhō comme actionnaire principal.

Yōjinbō

En 1961, il réalise Yōjinbō (le garde du corps), qui relate les aventures de Sanjuro, samouraï errant ; mercenaire en quête d’argent, qui arrive un jour dans un village où s’affrontent deux bandes rivales : le marchand de soie et le marchand de saké.

Le film démarre par une scène culte, grâce à laquelle Akira Kurosawa plante le décor : un chien traverse le village, une main dans la gueule. Dépassant le cadre du Chanbara (film de sabres japonais), il joue sur l’ambiguïté et l’ironie de son personnage principal ; antihéros qui va se vendre successivement aux deux clans, pour finir par débarrasser le village de leur emprise, lors d’une scène de bataille finale au bout de laquelle il conclura laconiquement : « Maintenant, il y aura un peu de tranquillité dans ce village. »

Une histoire de droits d’auteurs

Sergio Leone s’inspirera de Yōjinbō pour réaliser Pour une poignée de dollars, qui sortira en 1964 avec Clint Eastwood. Malheureusement, les producteurs négligent d’en négocier les droits d’auteurs. Akira Kurosawa attaquera en justice, retardant sa distribution aux États-Unis jusqu’en 1967, pour finalement se voir octroyer une part des recettes du film au box-office mondial et l’intégralité des droits de distribution en Extrême-Orient.

Quel toupet !

Quelques années plus tard, Sergio Leone déclarera : « J’ai vu un film de Kurosawa : Yōjinbō. On ne peut pas dire que c’était un chef-d’œuvre. Il s’agissait d’un démarquage de La Moisson rouge de Dashiell Hammett. Pourtant, le thème me plaisait : un homme arrive dans une ville où deux bandes rivales se font la guerre. Il se place entre les deux camps pour démolir chaque gang. J’ai songé qu’il fallait replacer cette histoire dans son pays d’origine : l’Amérique. Le film de Kurosawa se passait au Japon. En faire un western permettait de retrouver le sens de l’épopée. Et comme ce récit s’inspirait également d’Arlequin serviteur de deux maîtres de Goldoni, je n’avais aucun complexe d’être italien pour opérer cette transplantation. »

Sanjuro

En 1962, après le succès de Yōjinbō, il reprend le même personnage de samouraï errant et réalise Sanjuro. Celui-ci prend sous son aile neuf jeunes samouraïs idéalistes, qui vivent encore selon le code du Bushido et les aident à débarrasser leur territoire de la corruption qui y règne.

Des mercenaires occasionnels

En situant l’action du film au XIXe siècle, sous l’ère Tokugawa, il décrit parfaitement cette période révolutionnaire où certaines castes s’abolissent et les samouraïs deviennent des mercenaires occasionnels : « La société des samouraïs est très « guindée ». Il y avait quelque chose de compassé dans leur mode de vie. Même les ronins gardaient une noble allure dans leur déchéance. Filmer cela n’aboutirait qu’à des images pétrifiées. J’ai donc conçu un samouraï, un ronin échappant totalement à la règle de cette société. En tant que samouraï, il n’y a pas plus sauvage que Sanjuro. Un samouraï qui ne parle que d’argent… c’était un scandale. C’est à l’opposé de l’image que l’on se fait d’un samouraï. Mais dans le film, cette conception du personnage offre de nombreuses possibilités quant aux rythmes et à la composition du champ. »

Entre le ciel et l’enfer

En 1963, avec Entre le ciel et l’enfer, il revient au film noir et adapte, Rançon sur un thème mineur, le roman policier de la série 87e District d’Ed McBain.

C’est l’histoire de Kingo Gondo, riche industriel de la chaussure, qui apprend par un mystérieux coup de téléphone, l’enlèvement de son fils et la demande de rançon qui s’y rapporte ; à cette exception près que les ravisseurs se sont trompés et ont enlevé le fils de son chauffeur.

Une construction originale

Le film est construit en trois parties, d’une grande cohérence, qui se répondent l’une l’autre : la première partie, huis clos à dimension théâtrale, est exclusivement tournée dans le luxueux appartement de Kingo Gondo, la seconde se concentre sur l’enquête policière, faisant de la ville située en contrebas de l’appartement, un personnage à part entière, la troisième partie, telle une mise en abime, se termine dans les bas-fonds de la ville, où le ravisseur voit l’étau de la police se resserrer peu à peu autour de lui.

Un immense succès

À sa sortie, le film devient le plus gros succès de l’année au Japon : « Je n’ai repris qu’une partie du roman d’Ed McBain, seulement pour certains éléments. J’ai repris l’idée que l’on peut kidnapper n’importe qui pour pouvoir menacer une tierce personne. Au Japon, jusqu’à l’époque du film, le kidnapping était courant et peu puni. Mais, par coïncidence, après ce film, le Code pénal a changé, et le kidnapping est plus sévèrement poursuivi. Tout le reste du scénario est original. »

Barberousse

Barberousse sort en 1965 et raconte, dans un Japon du XIXe siècle, les tribulations de Noboru Yasumoto ; apprenti médecin, issu d’un milieu aisé, fraichement formé aux techniques de la médecine occidentale et nommé dans un dispensaire pour pauvres, dirigé par un médecin-chef surnommé Barberousse en raison de sa toison.

Le film est construit comme un chemin, parsemé d’étapes, d’embûches, que notre jeune héros devra franchir : laisser de côté ses certitudes, éprouver la misère et la souffrance, accompagner et accepter la mort, se confronter à son double antinomique Barberousse, pour finalement devenir un médecin.

La fin d’une longue collaboration

C’est aussi le film qui voit se clore la collaboration féconde (quinze films) entre Akira Kurosawa et son acteur fétiche Toshiro Mifune : « C’est dans cette direction que j’aurais voulu pousser le personnage. Malheureusement, Mifune n’a rien voulu entendre. Il a voulu jouer le personnage qu’il avait en tête, une sorte de héros sublime sans peur et sans reproche, et donc fatalement aussi sans humanité. Son interprétation héroïque, granitique, austère a faussé le personnage. Être un homme, cela signifie avoir tout expérimenté de la vie, victoires et défaites, dit un proverbe japonais. Barberousse, à mon avis, devait être le portrait de cet homme intégral, un mélange d’ombre et de lumière : pour être crédible, Barberousse devait avoir des défauts. Mifune n’a pas voulu m’écouter. Alors j’ai décidé de ne plus travailler avec lui. Quand un acteur commence à jouer son propre personnage, c’est fini. »

Une nouvelle ère

Il représente également la fin d’une époque pour Akira Kurosawa : la télévision se développe de plus en plus, dépassant maintenant les audiences du cinéma, entrainant une baisse de revenus pour les studios de cinéma et la mise au ban des productions coûteuses, comme les siennes.

Entre 1966 et 1968, il tenter l’aventure américaine, mais aucun projet n’aboutit face à ses exigences.

En 1969, de retour au Japon, il crée avec les réalisateurs : Keisuke Kinoshita, Masaki Kobayashi et Kon Ichikawa, la société de production Les Quatre Chevaliers.

Dodes’kaden

Dodes’kaden paraît en 1970. Il est à mon humble avis l’un des plus beaux films du cinéaste, mais également le plus incompris. Très engagé politiquement, il dénonce le mirage économique d’un Japon en plein boom économique, à travers le portrait, d’une immense humanité, d’une galerie de personnages habitant un bidonville en périphérie d’une grande ville, et notamment le portrait bouleversant de ce jeune garçon handicapé, qui conduit un tramway imaginaire, dont il reproduit le bruit par une onomatopée locale : « Dodes’kaden, dodes’kaden… »

Akira Kurosawa déclarera à ce sujet : « c’est le Japon d’aujourd’hui. […] Le miracle économique ne durera pas, parce qu’il prend appui sur la misère morale et l’injustice. »

Premier film en couleur

C’est également le premier film en couleurs d’Akira Kurosawa, qui continuait jusque-là de tourner en noir et blanc, considérant la pellicule couleur pas encore au point et ne lui apportant pas ce qu’il en attendait. Ceci donne à ce film un aspect expérimental, avec son décor irréel, car Kurosawa a tenu à repeindre la plupart des objets ; allant même jusqu’à remplacer le ciel par des tentures de couleurs, comme pour mettre en valeur la toxicité de l’environnement dans lequel évoluent ses personnages.

Face au mépris de la critique et l’indifférence totale du public, il sait désormais qu’il lui sera impossible de trouver des financements au Japon. Il entre dans une profonde dépression, allant même jusqu’à tenter de se suicider le 22 décembre 1971.

Dersou Ouzala

En 1973, l’URSS lui propose, en coproduction, d’adapter le récit de voyage La Taïga de l’Oussouri de Vladimir Arseniev.

Cette fable écologique et philosophique, véritable ode à la nature sauvage, raconte la rencontre entre un jeune officier russe et un vieux chasseur mongol nommé Dersou Ouzala. Elle atteste que deux hommes, à priori très différents, peuvent non seulement se lier d’amitié, mais surtout se comprendre : « La relation entre l’être humain et la nature va de plus en plus mal… Je voulais que le monde entier connût ce personnage de russe asiatique qui vit en harmonie avec la nature… Je pense que les gens doivent être plus humbles avec la nature, car nous en sommes une partie et nous devons être en harmonie avec elle. Par conséquent, nous avons beaucoup à apprendre de Dersou. »

Il obtient l’Oscar du meilleur film étranger en 1976.

Kagemusha

Kagemusha, réalisé en 1980, n’aurait jamais vu le jour sans le soutien financier de Francis Ford Coppola et George Lucas.

Au XVIe siècle, dans un Japon féodal, ravagé par les guerres de clans, Shingen, chef du clan Takeda, blessé lors d’un combat et sentant sa fin proche, demande que sa mort soit dissimulée, afin de préserver son clan et son territoire et qu’un sosie le remplace en tenant le rôle de Kagemusha (l’ombre). Nobukado, voleur de son état, échappe de justesse à une condamnation à mort, grâce à sa ressemblance quasi parfaite avec le chef et endosse un rôle qui va très vite se révéler trop grand pour lui.

Tuer sa propre personnalité pour devenir autre

D’une splendeur esthétique et visuelle sans pareil, il explore les thématiques de l’aliénation (au sens de devenir autre), de l’orgueil et de la vanité, que ces phrases prononcées par Nobukado, résument à merveille : « Et tu sais, moi qui ai longtemps fait office d’ombre, je comprends… Combien c’est difficile. Tuer sa propre personnalité pour devenir autre. De temps en temps, on a envie d’être soi-même. Mais si tu réfléchis, tu verras que c’est de l’égoïsme. Telle une ombre, tu ne peux ni te détacher ni t’échapper. Pendant longtemps, j’ai joué mon frère… Et maintenant qu’il est mort… Eh bien… Je ne sais plus quoi faire… »

Il obtiendra la Palme d’Or au Festival de Cannes en 1980.

Ran

En 1985 paraît Ran, sorte de double de Kagemusha, puisque la passation du pouvoir est encore au centre du récit. Le grand seigneur Hidetora Ichimonji, vieillissant, décide de réunir ses trois enfants afin d’effectuer la succession à la tête de son clan dans l’ordre et le calme, de son vivant. Le benjamin, Saburo, refuse catégoriquement, et se voit bannir du clan, tandis que ses deux frères ainés vont s’entretuer, jusqu’à pousser leur père à la folie.

Cette transposition du Roi Lear de William Shakespeare, au cœur d’un Japon féodal, est très certainement l’œuvre la plus sombre et la plus désespérée du cinéaste. Point de salut, nulle part, juste le chaos, l’autodestruction, jusqu’à la désagrégation totale du clan. La grande force du film vient de l’équilibre entre une narration prise dans une spirale de violence et une mise en scène toute en distances, inscrivant l’ensemble dans de grandioses paysages.

Motonari Mori

Cependant, la pièce de Shakespeare n’est pas la seule inspiration d’Akira Kurosawa, il dira avoir été « très intrigué par la personnalité de Motonari Mori (1497-1571), seigneur du XVIe siècle » qui était le chef d’un des territoires les plus importants de l’époque, mais qui passa une vieillesse heureuse entourée de ses trois enfants.

Fasciné par ce récit, il ne cessera de se demander quelle aurait été la destinée de ce clan, si les fils s’étaient opposés à leur père. C’est ici que s’est fait le rapprochement avec le Roi Lear : « C’est à partir de cette hypothèse que j’ai commencé à réfléchir au scénario, puis, au fur et à mesure, Le Roi Lear m’a influencé. […] Dans le film, l’histoire de Mohri et celle de Lear se superposent, se fondent à tel point qu’il est difficile d’évaluer ce qui appartient à Shakespeare : d’ailleurs, cette évaluation n’a aucune importance. »

Rêves

Sorti en 1990 et co-produit par Steven Spielberg et George Lucas, Rêves est composé de huit courts métrages : Soleil sous la pluie, Le Verger aux pêchers, La Tempête de neige, Le Tunnel, Les Corbeaux, Le Mont Fuji en rouge, Les Démons gémissants et Le Village des moulins à eau.

Ce film-testament, chef-d’œuvre absolu d’Akira Kurosawa, évoque tous les âges de la vie du réalisateur et nous permet d’entrer dans son intimité.

Madadayo

En 1993, paraît Madadayo le trentième et dernier film d’Akira Kurosawa.

Le professeur Uchida enseigne l’allemand depuis plus de trente ans et au moment de prendre sa retraite, ses élèves décident d’organiser une fête, tous les ans, pour célébrer son anniversaire et garder un lien avec leur sensei. La fête donne à chaque fois lieu à un rituel immuable : les élèves demandent « maadakai », (êtes-vous prêt ?), sous-entendu, à nous quitter, et le professeur répond « madadayo » (pas encore).

Son dernier film

Il brosse le portrait plein d’humour et de tendresse d’un homme éternellement jeune : « Il y aura très peu d’action dans le film. Je traiterai essentiellement des relations entre le maître « sensei » et ses élèves « deshi », en m’inspirant de plusieurs œuvres Hyakken d’Uchida qui fut une sorte de maître à penser d’une génération littéraire, et qui avait été lui-même un élève de Natsume Soseki, le grand auteur humaniste du début du siècle. » « Il y a là quelque chose de très précieux, mais qui est aujourd’hui tombé dans le domaine de l´oubli : le monde enviable des cœurs chaleureux. J´espère que tous les gens qui verront ce film sortiront avec un sentiment de fraicheur et des visages souriants. »

Clap de fin

En 1995, Akira Kurosawa fait une chute et se brise la base de la colonne vertébrale. Il doit désormais utiliser un fauteuil roulant et sa santé se dégrade lentement.

Il décède le 6 septembre 1998 d’une attaque cérébrale à Setagaya (Tokyo) à l’âge de 88 ans.

Hakim Aoudia.

Notre note
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