Jimi Hendrix aurait eu 80 ans !
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Jimi Hendrix aurait eu 80 ans !

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 6 minutes

Mort prématurément à l’âge de 27 ans, participant ainsi à l’invention du mythe du Club des 27, avec Brian Jones, Janis Joplin et Jim Morrison . Jimi Hendrix reste, encore aujourd’hui, l’un des plus grands guitaristes de l’histoire de la musique.

Un contexte particulier

Pour être comprise, la musique de Jimi Hendrix doit être restituée dans son contexte. Celui d’un pays, les États-Unis, en proie à une grande agitation politique et sociale.

Ainsi, de nombreux mouvements de contestations apparaissent, en réaction à la ségrégation raciale et à la guerre du Vietnam. Ces luttes se cristallisent dans le mouvement hippie, dont la traduction musicale donne naissance aux Protest Songs.

Dès lors, Blowin’ in the Wind de Bob Dylan devient l’hymne des militants des droits civiques. Tandis que San Francisco de Scott Mc Kenzie immortalise la Californie comme terre d’accueil du mouvement.

Deux âmes en peine

Johnny Allen Hendrix naît le 27 novembre 1942 à Seattle, dans l’état de Washington.

Ses parents se seraient rencontrés sur une piste de danse, lors ’un concert de Fats Wallers. James Allen, dit Al, Hendrix est un danseur de jazz et boxeur occasionnel de 23 ans. Tandis que Lucille Jeter est à peine âgée de 16 ans. Face à deux urgences, le couple se marie rapidement. En effet, Lucille est enceinte et Al doit être mobilisé en Alabama. Ainsi, ce dernier sera absent durant les trois premières années de la vie de son fils.

Jimi Hendrix avec sa maman Lucille (1942). Copyright Hendrix Family.

Lorsqu’il est démobilisé, Al retrouve une épouse qui a sombré dans l’alcool. De plus, elle s’est entichée d’un certain John Williams, qui la frappe régulièrement. Le couple se sépare, puis finit par se retrouver. Une réconciliation scellée par la décision d’Al de changer officiellement les deux prénoms de son fils en James Marshall…

Une enfance difficile

En 1948 naît son frère Leon, mais le couple ne résiste pas aux problèmes d’addiction de Lucille. Ils finissent par divorcer en 1951. Al n’est pas en reste, il souffre également de graves problèmes d’alcool et bat régulièrement ses enfants.

Jimi Hendrix en compagnie de son père Al (1944) | Apic/Getty Images.

Comme c’est le cas pour la plupart des personnes atteintes d’addictions graves à l’époque, Lucille finit par être internée en hôpital psychiatrique et décède en 1958.

La musique comme refuge

Dès sa plus tendre enfance, Jimi Hendrix développe un intérêt pour la musique.

Il y a d’abord celle entendue à la radio et sur les disques de blues de son père. Puis celle jouée sur un harmonica offert dès l’âge de 4 ans, immédiatement suivi d’un Ukulélé.

Mais la frustration demeure, jusqu’à ce concert d’Elvis Presley de 1957. Désormais, sa décision est prise ; il suppliera, harcèlera, mais obtiendra de son père l’achat d’une vieille guitare d’occasion à 5 dollars.

Dès lors, il devient un boulimique de musique, avec une obsession unique : devenir musicien. Il y consacre tout son temps, s’exerçant à l’oreille, en autodidacte, ou en observant d’autres guitaristes, au point de négliger le reste, et notamment ses études.

À l’époque, son modèle absolu est Muddy Waters, avec sa manière très particulière de faire chanter sa guitare en tirant sur ses cordes.

Premiers groupes

Alors qu’il a réussi à obtenir sa première guitare électrique, Jimi Hendrix écume les clubs de Seattle et monte son premier groupe : les Rocking Kings.

À tout juste 18 ans et par suite d’une énième dispute avec son père, mais aussi d’une histoire de voiture volée qui risque de l’emmener en prison, il s’engage dans la 101e division aéroportée de Fort Campbell dans le Kentucky. Là, il rencontre le bassiste Billy Cox et forme avec lui les King Casuals. Il quittera l’armée deux ans plus tard, des suites d’une blessure consécutive à un saut en parachute.

Jimi Hendrix à la guitare au sein de la 101e division aéroportée de Fort Campbell dans le Kentucky. Copyright Hendrix family.

Désormais libre, il tourne régulièrement avec les King Casuals dans le Chitlin’ Circuit (un réseau d’établissements organisé par et pour les Afro-américains, permettant de contourner la ségrégation raciale).

Premiers engagements

En 1963, il rencontre le saxophoniste Lonnie Youngblood, avec lequel il réalise ses premières séances d’enregistrement. Dès lors, il accompagne Ike et Tina Turner, Joey Dee, Jackie Wilson et Wilson Pickett. Il devient ensuite le guitariste de Little Richard, puis celui de Curtis Knight and The Squire.

Cependant, Jimi Hendrix n’est pas un sideman. Ainsi, il ne rêve que d’une chose : monter son propre groupe. C’est chose faite début 1966, avec Jimmy James & The Blue Flames, qui devient une attraction du circuit des clubs de Grennwhich Village.

Sa réputation grandissante attire l’attention de Chas Chandler, ancien bassiste des Animals devenu manager : « Je me suis dit qu’il était impensable que personne n’ait encore signé ce type. Je n’arrivais pas à croire qu’il traînait là sans que personne ne se soit occupé de lui. »

The Jimi Hendrix Experience

En septembre 1966, Chas Chandler décide de l’emmener en Angleterre et c’est là qu’est formé son fameux trio : The Jimi Hendrix Experience, avec le bassiste Noël Redding et le batteur Mitch Mitchell.

Paradoxalement, c’est en France que le groupe fait ses premières armes, en première partie de Johnny Hallyday ; à l’Olympia le 18 octobre 1966.

De retour en Angleterre, il rencontre Paul Mac Cartney, John Lennon, Mick Jagger, Jeff Beck et Eric Clapton. Voilà comment ce dernier se rappelle leur première rencontre : « Il a joué de la guitare avec les dents, derrière la tête, allongé par terre, en faisant le grand écart et d’autres figures. C’était stupéfiant et génial musicalement, pas uniquement un vrai feu d’artifice à contempler. […] Je pris peur, car, juste au moment où on commençait à trouver notre vitesse de croisière, voilà qu’arrivait un vrai génie. »

Reconnaissance internationale

Avec son premier album, Are You Experienced, sorti en mai 1967, véritable pierre angulaire de la guitare électrique, mais surtout sa performance du 18 juin 1967 au Festival de Monterey, où Jimi Hendrix immole sa Fender Stratocaster par le feu avant de la fracasser sur le sol, le jeune guitariste fait sensation et assoit définitivement sa renommée internationale.

Suivrons Axis : bold as love en décembre 1967 et Electric Ladyland en octobre 1968, où d’autres musiciens viendront s’ajouter au trio : Al Kooper, Buddy Miles, Jack Cassady, Dave Mason et Steve Winwood. En moins d’un mois, ce troisième album se classe n°1 aux USA, avec un Jimi Hendrix au sommet de son art.

Je ne serai plus de ce monde

Fin 1968 et début 1969, la formule de The Jimi Hendrix Experience commence à lasser les trois musiciens. Alors que la rumeur ne cesse d’enfler, le groupe continue de jouer en Europe et aux États-Unis, jusqu’à ce concert du Denver Pop Festival, le 29 juin 1969, après lequel ils se séparent définitivement.

Début 1970, Jimi Hendrix traverse une mauvaise passe. Déprimé, il consomme de plus en plus de drogues et se réfugie régulièrement dans son propre studio qu’il a fait construire à New York : l’Electric Lady Studio.

Quelques jours avant sa mort, le 6 septembre 1970, lors d’une tournée en Allemagne, il accorde une interview prophétique à la journaliste Anne Bjorndal, affirmant : « Je ne suis pas sûr d’atteindre vingt-huit ans. Je veux dire qu’au moment où musicalement, je sentirai que je n’ai plus rien à donner, je ne serai plus de ce monde. »

Une disparition brutale

Jimi Hendrix décède le 18 septembre 1970 à Londres, étouffé par des vomissements provoqués par l’absorption d’une dose de barbituriques trop importante.

Il est inhumé le 1er octobre 1970 au Greenwood Cemetary de Seattle, sa ville natale.

La recherche de notre propre son

Dès la parution de Purple Haze en 1967, le son du groupe est tellement novateur et révolutionnaire, que la maison de disques de Jimi Hendrix accole sur la pochette de l’album un sticker qui précise que la distorsion est délibérée et qu’il ne faut pas essayer de corriger le son sur sa chaîne hifi !

Ainsi, c’est dans ce morceau qu’il introduit pour la première fois l’utilisation de pédales à effets. Il y a déjà dans Purple Haze tous les éléments distinctifs du style propre à Jimi Hendrix, mais également l’annonce d’un genre à venir : le hard rock. Comme l’affirme le guitariste : « Purple Haze fut une étape dans la recherche de notre propre son. »

Un mythe toujours vivant

Plus d’un demi-siècle après sa mort, il est toujours considéré comme le plus grand guitariste rock de tous les temps. Une position qui semble indétrônable, tant il a marqué l’histoire de la musique.

En effet, il y a un avant et un après Jimi Hendrix et son jeu marque un véritable tournant esthétique, qui se démarque totalement de celui des guitaristes de son époque.

Showman instinctif, il exploite et maitrise des techniques musicales novatrices pour l’époque : le vibrato, la pédale wah-wah et la distorsion, créant un son sale et agressif très caractéristique.

Décidément, Pete Townshend avait raison lorsqu’il déclarait : « S’il ne reste qu’un nom dans toute l’histoire du rock’n’roll dans cent ans, ne cherchez pas, ce sera forcément Jimi Hendrix. »

Hakim Aoudia.

Notre note
jimi hendrix

Jimi Hendrix à la guitare acoustique. Vidéo très rare !

Commentaires

1
Gasparini

Très bel article

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