Myriam Gasparini : créatrice de voyages culturels !
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Myriam Gasparini : créatrice de voyages culturels !

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 5 minutes

Il faudrait peut-être commencer par l’évidence : Myriam Gasparini est effectivement ma mère. C’est elle qui m’a donné le goût de l’art, de la culture, mais surtout l’envie de partager mes connaissances, mes découvertes autant que mes impressions. C’est grâce à elle et aux voyages à Venise que je peux aujourd’hui être une rédactrice de CulturAdvisor et vous partager ces touches de culture.

Ce qui suit est le résultat de notre conversation sur le voyage traditionnel à Venise pour la Biennale d’art contemporain.

Comment a commencé ce rituel ?

J’étais professeure d’arts plastiques au collège. En 2001, je travaillais depuis un ou deux ans au Centre Pompidou. J’y ai rencontré beaucoup de personnes qui s’intéressaient comme moi à l’art contemporain et qui avaient la même envie d’en parler ensemble.

Ça faisait un moment que j’avais envie de me rendre à Venise pour la Biennale d’art contemporain, pour voir ce qui se faisait. J’ai eu l’idée d’organiser ce voyage en groupe pour partager un moment ensemble, nous permettre de nous rencontrer hors de nos espaces habituels du Centre Pompidou et de l’Éducation nationale. Et puis il y avait surtout cette idée de “l’intelligence collective”, de mettre en commun les connaissances et les sensibilités des un-e-s et des autres, qui peuvent être très différentes !

Comment c’était, au début ?

C’était très différent à ce moment-là ! Il y avait beaucoup moins de lieux à visiter, ça se concentrait surtout sur les Giardini et l’Arsenale. C’est après qu’il y a eu les pavillons en off dans la ville et les musées ou lieux d’exposition qui se sont inscrits dans le parcours de la Biennale.

L’Arsenale de Venise. Copyright Mapio.net.

On partait à 30 personnes, et j’avais pris une guide, qui faisait à la fois des conférences dans les expositions et qui nous guidait dans la ville. Ça nous a permis de connaître Venise en dehors des musées et surtout des lieux qu’on n’aurait peut-être jamais découvert sans elle !

Un changement de forme

Après c’est devenu un rituel, on y est allé-e-s pour chaque Biennale. Mais en changeant la forme : on a préféré bien organiser le voyage en amont, donc l’hébergement et le trajet, mais ne plus prendre de guide avec nous et laisser la liberté aux gens sur place de se faire leur propre programme, sans être tous ensemble tout le temps.

Pourquoi cet attrait pour l’art contemporain ?

C’est à travers l’art que j’en apprends le plus sur le monde. Je trouve que c’est une très bonne porte d’entrée pour comprendre ce qui se passe, les évolutions qui se jouent autour de nous. L’art contemporain permet une lecture de la géopolitique, des événements historiques aussi bien à travers une interprétation esthétique. C’est une manière de transmettre une réflexion politique, sociétale par une vision subjective, intime.

Ce que j’aime, c’est que c’est toujours une surprise, on ne s’attend jamais à ce que les artistes vont nous donner à voir ni à la manière dont ils vont le faire ! Tout bêtement, l’art contemporain nous parle d’aujourd’hui, avec les moyens et l’esthétique d’aujourd’hui.

Quel lien avec l’enseignement ?

Quand j’étais enseignante au collège à Noisy-le-Sec, je travaillais avec des artistes contemporains : j’ai monté une exposition, j’organisais des résidences d’artistes. Je voulais que les élèves soient directement en contact avec les œuvres et les artistes, pour qu’ils puissent voir la création en train de se faire.

Le problème, c’est qu’en cours de français, de musique ou d’arts plastiques, ils ne sont confrontés qu’à des œuvres ou des artistes d’une époque bien loin de la leur et surtout, ce sont toujours les 10 mêmes qu’ont leur rabâche en boucle. Ils n’ont jamais l’occasion de découvrir ce qui se fait à leur époque en dehors de leur culture d’enfants ou d’adolescent-e-s ; et donc d’en parler, de s’exprimer ou d’avoir des clés de compréhension avec leurs professeur-e-s.

Une balade dans l’art contemporain

Je les baladais dans l’art contemporain. D’autant qu’au Centre Pompidou, où il y avait beaucoup d’art contemporain, je travaillais à mettre en relation le musée avec les enseignant-e-s, je composais des programmes adaptés à leurs élèves.

Pourquoi m’amener à la Biennale de Venise ?

Lorenzo Quinn, Building Bridges, 2019, crédit : Dezeen.

Je t’y ai amenée à partir de tes 9 ans. D’abord parce que je voulais t’avoir avec moi, partager ces bons moments avec ma fille, te faire découvrir Venise ! Et puis parce que c’était intéressant pour toi de voir tout ça ; je te traînais déjà dans toutes les expos et dans tous les musées depuis que tu es née. On était curieux-ses aussi de voir comment tu allais réagir. Un enfant prend les choses pour ce qu’elles sont, il réagit directement à ce qu’il voit, sans réfléchir à partir de tout un socle de connaissances en histoire de l’art ou autres savoirs sur le monde. La naïveté des enfants permet un rapport beaucoup plus direct à l’art. Nous, en tant qu’adultes, on était attentifs à ce que tu ressentais, parce que ça nous ouvrait d’autres perspectives.

L’égalité face à l’œuvre

C’est vraiment pour ça que c’est intéressant de faire ces voyages en groupe : nos différences de sensibilité. Chacun-e de nous va s’attarder sur des choses différentes, en fonction de nos goûts esthétiques, mais aussi de nos connaissances, de nos centres d’intérêt ! Il y a tellement à voir, on ne s’arrête pas sur tout, alors on rate des choses. Mais après, quand on boit l’apéro ensemble le soir, on peut se raconter ce qu’on a vu et que les autres ont raté, ou s’expliquer mutuellement des œuvres, ou s’apprendre des choses.

L’intelligence collective

Il y en a qui sont hyper calé-e-s en Histoire et en géopolitique, mais qui n’ont pas forcément les connaissances théoriques sur l’enchaînement des mouvements artistiques ; moi c’est l’inverse, alors ça fait du bien de discuter ensemble. Personne ne peut tout savoir ou tout aimer, alors on fait jouer l’intelligence collective et la mise en commun de tout ce qu’on sait, pense et ressent.

Est-ce qu’il y a besoin de s’y connaître pour apprécier l’art contemporain ?

Non ! L’art contemporain se prend comme il vient. Il raconte notre époque et nos interrogations actuelles, tout le monde est capable de comprendre. Il n’y a pas besoin d’avoir des connaissances particulières en histoire de l’art.

Mais je pense que c’est toujours important de comprendre que ce qu’on voit est le résultat de 35 000 ans d’histoire de l’art, depuis des formes tracées sur les parois d’une grotte. En soi, on ne passe pas entièrement à côté de l’œuvre sans connaissances préalables, mais une médiation est toujours intéressante.

Dans le groupe, tout le monde s’intéresse à l’art et à l’art contemporain.

C’est nécessaire de s’y intéresser ?

On fait ce qu’on veut, mais nous on n’a pas conçu ce voyage comme un séjour d’”évangélisation”. On ne cherche pas à convaincre, à sensibiliser les gens à l’art contemporain. Quand on part faire une Biennale, on ne peut pas se permettre de dépenser de l’énergie à persuader une personne que l’art contemporain est intéressant. On fait des expos toute la journée, il ne faut pas partir si on n’aime pas ça ! Ce n’est pas le bon lieu pour découvrir entièrement l’art contemporain.

Mon idée de départ, c’était de mélanger des gens issus du milieu de la culture, mais d’horizons différents. C’est un groupe d’échanges, une démarche vers l’art contemporain. Il s’agit aussi de créer la circonstance où il est possible d’être ensemble pour voir et réfléchir à ce qui se passe et ce qui se crée dans le monde.

Rendez-vous pour la Biennale de Venise 2024 !

Sur le modèle de ce voyage, on a testé pour vous la Biennale de Lyon !

Tout cela fait partie d’une grande préparation : amateurs et amatrices d’art, venez avec nous à la Biennale de Venise 2024 !

Lou Gasparini.

Notre note

Commentaires

1
Laetitia Deschamps

Bonjour,
C'est un de mes projets de faire venir des français à Stockholm pour venir visiter tous les lieux culturels et une foire d'arts contemporain mais le corona a brisé tous mes rêves. Je reviens de la Biennale de Lyon et je n'ai pas pu aller à la Biennale de Venise. Je suis aussi professeur d'arts plastiques et artiste basée à Stockholm. Vous pouvez me contacter si vous voulez.

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