Rashômon, le film qui révéla Akira Kurosawa !
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Rashômon, le film qui révéla Akira Kurosawa !

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 3 minutes

Réalisé en 1950 par Akira Kurosawa, Rashômon se déroule à l’époque médiévale et met en scène quatre personnages principaux : un voleur, un samouraï, son épouse et un prêtre bouddhiste. Le film est centré sur un crime commis dans un bois sacré et raconté par chacun des personnages à travers leurs différentes versions. Chacune des versions diffère des autres, et apporte un nouvel éclairage sur le crime. Au final, aucune version ne peut être considérée comme étant la vérité absolue, et le film se termine sur une note de confusion et de doute. Cette histoire qui interroge la nature de la vérité et de la perception humaine révèle le cinéma japonais à l’Occident.

Quatre versions de la même histoire

Avec Rashômon en 1950, Akira Kurosawa explore l’ère Heian (IXe-XIIe siècles), période trouble où éclatent d’innombrables guerres civiles.

À travers le récit des protagonistes devant un tribunal, il nous livre quatre versions de la même histoire : le meurtre d’un samouraï.

Chacun y racontera, à son tour, l’histoire telle qu’il l’a vécue, ou plutôt, telle qu’il croit l’avoir vécue : le bandit suspect du meurtre, la femme violée du samouraï probable enjeu de la lutte entre les deux hommes, le samouraï à travers la voix d’un médium et enfin le bucheron, témoin indirecte, puisqu’il n’a pas assisté à l’assassinat, mais découvert le corps.

Rashômon de Akira Kurosawa, bande annonce.

Un chef d’œuvre de technique cinématographique

Rashômon est un chef d’œuvre de technique cinématographique.

Dans l’alternance des plans rapprochés et larges, le prodigieux travail de montage et le travail de la lumière jouant avec les ombres : « (…) Je devais prévoir comment utiliser le soleil lui-même. C’était un de mes soucis majeurs, à cause de ma résolution d’utiliser la lumière et les ombres de la forêt comme thème visuel clé pour tout le film. Je trouvai la solution en filmant réellement le soleil, mais au moment où Rashômon fut réalisé, c’était encore un des tabous de la prise de vue. On pensait même que ses rayons, frappant directement dans notre objectif allaient brûler la pellicule dans la caméra. Mais mon opérateur, Kazuo Miyagawa, défia hardiment cette convention et réalisa de superbes images. »

Comment Akira Kurosawa a piégé Rashômon.

Une structure narrative avant-gardiste

C’est également un film extrêmement innovant dans sa structure narrative questionnant la vérité et la réalité.

Une scène montrant un fait, se voyant immédiatement contredite par une autre, brossant le portrait de la nature humaine dans toute sa complexité : « L’Homme est incapable d’être honnête avec lui-même. Il est incapable de parler honnêtement de lui-même sans embellir le tableau. Ce scénario parle de gens comme ça (ce genre d’individus qui ne peuvent survivre sans mentir pour se montrer meilleur qu’ils ne le sont vraiment. Il montre également que ce besoin de faussement se flatter continue même dans la tombe puisque même le personnage mort ne peut s’empêcher de mentir sur lui-même en parlant à travers le médium). L’égoïsme est un péché que l’être humain porte en lui depuis la naissance et c’est le plus difficile à combattre. »

Rashômon de Akira Kurosawa. How do you know what’s true? – Sheila Marie Orfano.

Une influence majeure sur le cinéma mondial

Rashômon fait entrer le Japon dans le cinéma mondial, où Akira Kurosawa acquiert une reconnaissance internationale.

Ainsi, le film obtient le Lion d’or à la Mostra de Venise en 1951, l’Oscar d’honneur du meilleur film étranger en 1952 et Ingmar Bergman s’en inspire pour son film La source.

Paradoxalement, il est mal reçu au Japon, les critiques le jugeant trop réaliste, trop intellectuel pour un film d’époque.

De plus, la photographie leur semblant trop américaine, et il sera estampillé : « ce film que les critiques occidentaux aiment tant ».

Bien plus tard, Quentin Tarantino déclarera : « J’adore Rashômon. Certaines personnes ont cru déceler dans Reservoir Dogs une structure à la Rashômon. Je comprends ce rapprochement puisque, dans les deux films, il s’agit de raconter une histoire selon différents points de vue. »

Passer à la postérité du 7e art

Pour finir, sachez que Rashômon est l’adaptation cinématographique de deux nouvelles de l’écrivain japonais Akutagawa Ryûnosuke : Dans le fourré et Rashômon.

Couverture de Rashômon de Akutagawa Ryûnosuke aux éditions Folio Gallimard. Crédit photo éditions Gallimard.

De plus, il est passé un peu plus à la postérité en 2008 ; depuis que le mot est entré dans le prestigieux Oxford English Dictionary, qualifiant « les interprétations contradictoires d’un même événement par différentes personnes ».

Hakim Aoudia.

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