Rêves, chef-d’œuvre absolu d’Akira Kurosawa ! 
Regardez sur Canal+ Regardez sur Filmo tv Rêves Akira Kurosawa Cinéma japonais Japon

Rêves, chef-d’œuvre absolu d’Akira Kurosawa ! 

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 4 minutes

En 1990 avec Rêves, Akira Kurosawa nous fait voir l’un de ses projets le plus personnel. Ce véritable chef-d’œuvre est entièrement inspiré de ses propres rêves-cauchemars et finira par voir le jour grâce au soutien de Steven Spielberg et George Lucas.

Quelque chose d’instinctif

Voici comment Akira Kurosawa présente Rêves : « Ce sont huit histoires qui racontent des rêves. Les émotions assoupies dans nos cœurs, les espoirs secrets que nous tenons bien cachés en nous, les sombres désirs et les craintes que nous recelons dans un recoin de notre âme, se manifestent avec honnêteté dans nos rêves. Les rêves traduisent ces sentiments, et les expriment, de façon fantastique, dans une forme très libre. Dans ce film, je veux essayer de relever le défi de ces rêves. Certains proviennent de l’enfance, mais il ne s’agit pas d’un film autobiographique, plutôt de quelque chose d’instinctif. » 

En effet, il s’agit d’une série de huit courts-métrages autobiographiques :

1 – Soleil sous la pluie

Dans la mythologie japonaise, le terme Kitsune (renard), désigne un esprit surnaturel, un animal polymorphe doté d’une intelligence supérieure, de pouvoirs magiques et pouvant prendre forme humaine.

Selon un récit populaire, le Kitsune no yomeiri (mariage des renards) a lieu lorsque la pluie tombe sous un brillant soleil.

C’est ce que raconte ce premier rêve. Alors que le soleil brille sous la pluie, le jeune Akira Kurosawa, alors âgé de cinq ans et malgré les recommandations de sa maman, transgresse l’interdit, sort et se cache pour assister à cette étrange cérémonie.

À son retour, sa mère l’empêche d’entrer dans la maison et lui ordonne de retourner dans la forêt pour demander pardon aux renards. Dès lors, comme dans une sorte d’exil forcé, l’enfant se met en quête sous un arc-en-ciel naissant.

2 – Le verger aux pêchers

Ce deuxième rêve prend la forme d’un conte écologique et voit le jeune Akira Kurosawa entrainé par la vision d’une jeune fille devant un verger, dont tous les pêchers ont été abattus.

Prenant ensuite la forme de figurines, ces derniers vont entrer en communication avec l’enfant et le questionner sur les raisons de leur abattage ; comme s’ils interrogeaient notre responsabilité commune face au désastre écologique, espérant de notre part un sursaut pour y mettre fin.

Le Verger aux pêchers Rêves, chef d’œuvre absolu Akira Kurosawa
Le Verger aux pêchers. (Rêves, chef-d’œuvre absolu d’Akira Kurosawa !).

3 – La tempête de neige

Quatre alpinistes sont surpris par une terrible tempête de neige, en pleine montagne. À bout de forces, ils se laissent tomber d’épuisement.

Soudain, le premier de cordée, Akira Kurosawa jeune homme, a la vision d’une fée, toute de blanc vêtue, qui l’enveloppe d’un châle scintillant pour le protéger du froid.

Lorsque l’apparition disparait aussi soudainement qu’elle est apparue, Akira se relève et ragaillardit, réveille ses trois compagnons endormis sous la neige, et tandis que la tempête se calme, aperçoit son bivouac à quelques dizaines de mètres.

L’ambivalence de la puissance de la nature est ici explorée : elle peut se révéler destructrice, mais lorsque l’on sait l’écouter, nous accorder sa protection.

4 – Le tunnel

Un capitaine de l’armée japonaise, rescapé de la guerre, emprunte un tunnel pour rentrer chez lui.

À la sortie, il voit surgir les fantômes des soldats de son régiment, venus lui demander des comptes : « Je ressens ce que vous ressentez et suis désolé d’avoir survécu. Je vous ai envoyé à la mort et suis le seul à blâmer, même si je me rends compte maintenant de la stupidité de cette guerre. On vous appelle héros, mais vous êtes morts comme des chiens. Je vous en supplie ; repartez et restez en paix ! »

5 – Les corbeaux

Alors qu’Akira Kurosawa, alors jeune artiste peintre, visite un musée et contemple Le pont de Langlois à Arles de Vincent Van Gogh, il entre dans le tableau, par la pensée et se met en quête du peintre maudit.

Il le trouvera sur un champ de blé exécutant un croquis (Martin Scorsese campe un Van Gogh plus vrai que nature) et ce dernier lui révèlera le secret de sa peinture : « Un paysage qui ressemble à une peinture ne fait pas une peinture. Si tu prends le temps de regarder attentivement, toutes les matérialisations de la nature ont leur beauté propre. Et quand cette beauté se donne à moi, là ; je n’ai plus qu’à me perdre en elle. Ainsi, comme dans un rêve, le paysage se peint lui-même, pour moi. »

6 – Le mont Fuji en rouge

À la suite de l’explosion d’une centrale nucléaire, deux hommes accompagnés d’une femme et de ses deux enfants errent au pied d’un mont Fuji en fusion, pour finir face à un choix cornélien ; mourir des radiations ou se suicider.

Voici une parfaite allégorie des risques que nous faisons prendre à l’humanité sous couvert de progrès.

7 – Les démons rugissants

Sorte de suite au rêve-cauchemar précédent, celui-ci nous montre Akira Kurosawa, marchant sur une terre noire, couverte de cendres, stérile, qui rencontre un personnage à apparence humaine, vêtu de haillons, portant une corne sur la tête, qui lui fera découvrir un paysage peuplé de plantes géantes et d’autres rescapés transformés en mutants-démons.

8 – Le village des moulins à eau

Akira Kurosawa arrive dans un village isolé, à la nature verdoyante et miraculeusement préservée. Il y rencontre un vieillard, qui vit ici, seul, en harmonie avec la nature, refusant le progrès. Le vieillard finit par rejoindre un joyeux cortège funéraire, célébrant la mort, somme toute naturelle, d’une grand-mère de 99 ans.

Un souvenir d’enfance personnel

Rêves est à mon humble avis le chef-d’œuvre absolu d’Akira Kurosawa, et je dois mentionner ici le choc ressenti lors du premier visionnage de ce film ; notamment le premier rêve, que j’ai immédiatement assimilé à un souvenir d’enfance personnel, me revoyant assis près de la fenêtre de la maison de mes grands-parents, assistant émerveillé à ce soleil sous la pluie, jusqu’à ce que ma grand-mère me rejoigne, pose sa main sur mon épaule et me chuchote à l’oreille : « Les loups se marient, tu ne dois pas sortir. » Ârss edh’ib est une expression du Maghreb, liée à une légende signifiant le mariage du loup et désignant la concomitance de la pluie et d’un brillant soleil. 

Bon visionnage à tous ! 

Hakim Aoudia. 

Notre note
filmotv
Nextstory

Behind The Scenes of DREAMS w/ Akira Kurosawa, Martin Scorsese & George Lucas

Jet Tours

Commentaires

0

Ajouter un commentaire

Fermer le menu
DESTINATIONS AGENDA COMPTE
CulturAdvisor