Billy Bean, le génie oublié de la guitare jazz !
Beaucoup de musicien-ne-s de jazz n’obtiendront jamais la reconnaissance qu’ils et elles méritent. Certain-e-s sombreront dans les méandres de l’oubli, mais il y en a un petit nombre, qui appartiennent à une catégorie particulière : « les musicien-ne-s pour musicien-ne-s ». William Fredrick Billy Bean, génie oublié de la guitare jazz, est le type même de ces artistes inconnu-e-s du public et des médias, mais encensé-e-s par les musicien-ne-s et les passionné-e-s.
Un autodidacte
Né le 26 décembre 1933 à Philadelphie dans une famille de musicien-ne-s, une mère pianiste, un père guitariste et une sœur chanteuse professionnelle, il démarre la guitare à l’âge de onze ans et semble avoir passé la majeure partie des années 1940 à étudier son instrument en autodidacte.
Au début des années 1950, il prend des cours avec Dennis Sandole (qui a été le mentor musical de John Coltrane à ses débuts) pour ensuite émerger comme musicien professionnel écumant les clubs de sa ville natale.
Premiers engagements
Sa carrière de guitariste de jazz, à proprement parler, débute en 1956 lorsqu’il quitte Philadelphie pour New York où il participe à des séances d’enregistrements avec Charlie Ventura et Red Callender.
En 1958, il s’installe à Los Angeles, signe un contrat avec la maison de disques Decca et travaille successivement avec Buddy Collette, Paul Horn, John Pisano, Bud Shank, Milt Bernhart, Les Elgart, Herb Geller, Lorraine Geller, Calvin Jackson et Zoot Sims.
À cette période, il apparait brièvement dans l’épisode n° 7, Lynn’s Blues, de la série télévisée américaine Peter Gunn. La scène se déroule dans un club de jazz, ou la chanteuse Linda Lawson interprète le standard The Meaning of The Blues.
The Trio
En 1959, il retourne à New York après avoir accepté l’offre de Tony Bennett de rejoindre son orchestre. Il y rencontre le bassiste Hal Gaylor et avec le pianiste Walter Norris, ils formeront The Trio avec lequel ils enregistreront un album pour Riverside en 1961.
The Trio reste à ce jour et à mon humble avis, le chef d’œuvre absolu de Billy Bean.
Cette remarquable, mais hélas éphémère formation, privilégie le format sans batterie, ce qui n’est pas sans rappeler le Nat King Cole Trio des années 1940.
Hal Gaylor affirmera, plus tard, que le trio ayant d’énormes difficultés à trouver des engagements, ils s’étaient séparés peu de temps après l’enregistrement de leur unique album.
En retrait de la musique
Billy Bean jouera ensuite avec Stan Getz, Herbie Mann et John Lewis, puis retournera dans sa ville natale avant de mettre un terme à sa carrière musicale vers la fin des années 1970.
Il dira plus tard : « Découragé, ayant perdu mes ambitions, déçu par la scène musicale et souffrant de problèmes de boisson, j’ai quitté New York et je suis revenu dans ma ville natale. J’ai joué quelques années dans une petite formation purement commerciale qui allait de mariages en bar-mitsvah. »
Une influence majeure
Il est associé à la scène West Coast Jazz, avec un jeu d’une clarté absolue, des lignes musicales d’une grande complexité et une parfaite maitrise de la mélodie.
Il est très certainement un des inspirateurs principaux de Pat Martino, et John Scofield ne tarit pas d’éloges à son sujet.
Pat Metheny l’a qualifié, dans plusieurs interviews, de « meilleur guitariste Be-Bop » avec Jimmy Raney.
Et Larry Coryell a composé une pièce intitulée Billy Bean enregistrée sur l’album The Return of The Great Guitars en 1996.
Il décède le 6 février 2012 dans l’anonymat le plus total.

Discographie en tant que co-leader
- Makin’ It – Guitar Duets with John Pisano (Decca, 1958)
- Take Your Pick with John Pisano (Decca, 1958)
- The Trio with Hal Gaylor, Walter Norris (Riverside, 1961)
- Makin’ It Again with John Pisano (String Jazz, 1998)
- West Coast Sessions with John Pisano, Dennis Budimir (String Jazz, 2000)
- Finale (String Jazz, 2002)
Discographie en tant que sideman
- Milt Bernhart, The Sound of Bernhart (Decca, 1958)
- Red Callender, The Lowest (MetroJazz, 1958)
- Buddy Collette, Polynesia (Music & Sound, 1959)
- Buddy DeFranco, Cross Country Suite (Dot, 1958)
- Paul Horn, Plenty of Horn (Dot, 1958)
- Fred Katz, Folk Songs for Far Out Folk (Warner Bros., 1959)
- John Lewis, Essence (Atlantic, 1962)
- Herbie Mann, Brazil, Bossa Nova & Blues (United Artists, 1962)
- Herbie Mann, Right Now (Atlantic, 1962)
- Carmen McRae, Carmen for Cool Ones (Decca, 1958)
- Annie Ross & Zoot Sims, A Gasser! (World Pacific, 1959)
- Bud Shank, Slippery When Wet (World Pacific, 1959)
- Bud Shank, The Pacific Jazz Bud Shank Studio Sessions (Mosaic, 1998)
- Zoot Sims, Choice (Pacific Jazz, 1961)
- Charlie Ventura, The New Charlie Ventura in Hi-Fi (Baton, 1956)
- Charlie Ventura, Plays Hi-Fi Jazz (Tops, 1957)
Hakim Aoudia
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