Quand la musique inspire la littérature : le blues !
Alors que la littérature peut se prévaloir de la force du discours, de la raison et de la connaissance, la musique semble plus propice à exprimer les émotions et sentiments. Cependant, rien n’est moins sûr, comme nous le prouvent certaines musiques savantes ou la littérature sentimentale. En effet, il arrive régulièrement que ces deux arts s’inspirent mutuellement. Voici notre sélection de littérature inspirée par la musique, en commençant par le blues.
Delta Blues de Julien Delmaire aux éditions Grasset
Nous sommes en 1932, dans le delta du Mississippi. Fréquemment inondé par les crues du fleuve, les chaleurs de l’été y sont insoutenables et les ouragans qui y sévissent presque chaque année, encore plus terribles.
L’esclavage a officiellement disparu, remplacé par la ségrégation raciale et une exploitation légale et féodale d’une main-d’œuvre bon marché dans les champs de coton, alors que le Ku Klux Klan, en plein essor, s’adonne à la violence la plus abjecte.
Tandis qu’un meurtrier sans visage écume la région, Betty et Steve : personnages phares du récit, ne comptent que sur leur amour pour échapper à l’enfer.

L’homme qui rencontra le diable
Au fil des pages, on croisera d’autres comparses, et notamment, Bobby, inspiré du légendaire Robert Johnson. Celui-ci affirmait qu’un soir très sombre, alors qu’il se promenait, il se perdit à un carrefour. Comme il commençait à s’endormir, une brise fraîche le réveilla, et il vit au-dessus de lui une ombre immense avec un long chapeau. Effrayé, incapable de voir le visage de cette apparition, il resta comme paralysé. Sans un mot, l’ombre se pencha, prit sa guitare, l’accorda, joua quelques notes divines avant de lui rendre l’instrument et de disparaître.
Ce récit fait écho à un autre personnage du roman, beaucoup moins réel, teinté de magie : Legba, divinité vaudou, aussi appelée « Maître des carrefours », qui veille, tout au long du récit, sur chacun des protagonistes.
Le Blues reste, bien évidemment, le personnage principal de ce texte d’une poésie qui frise l’universel.
Nighthawk blues de Peter Guralnick aux éditions Gallimard
Au travers d’un personnage fictif, le musicien de blues Theodore Roosevelt Jefferson, plus connu sous le nom de « The Screaming Nighthawk », Peter Guralnick nous raconte l’histoire d’un genre musical né dans le delta du Mississippi et dont la trajectoire épouse l’histoire, parfois tragique, de la population afro-américaine.
Un livre émouvant sous forme d’enquête, qui se lit comme un roman policier.

Mojo hand de J. J. Phillips aux éditions de l’Aube
Ce roman paraît au milieu des années 1960, aux États-Unis.
C’est un texte étonnant, tant par son écriture que par son thème. En effet, il s’agit du récit, en partie autobiographique, d’une jeune afro-américaine qui entretenait à l’époque une liaison avec le légendaire bluesman : Lightnin’ Hopkins.
À sa sortie, il suscita des louanges de la critique, mais également des critiques acerbes des tenants de l’intelligentsia noire, irritée par une vision de leur communauté qu’elle jugeait rétrograde.
En 1999, le Los Angeles Times l’intègre dans sa liste d’ouvrages intitulée « les trésors oubliés du XXe siècle ».
La musique du diable de Walter Mosley aux éditions Albin Michel
À New York, Soupspoon Wise, vieux bluesman sur le déclin et rongé par le cancer, se retrouve à la rue.
Hanté par le souvenir de sa jeunesse, il ne souhaite qu’une chose avant de mourir : retrouver sa dignité dans quelques accords de blues, cette musique du diable qui est toute sa vie.
C’est Kiki, jeune Blanche à l’âme d’écorchée vive, qui va le prendre sous son aile et lui permettre de réaliser cette dernière volonté.

Larmes blanches de Hari Kunzru aux éditions JC Lattès
Charlie Shaw est le mauvais génie du blues. Une voix revenue d’entre les morts pour hanter la mauvaise conscience des Blancs qui se sont approprié sa musique.
Larmes blanches commence à New York, où deux bidouilleurs surdoués, Seth et Carter, ont monté un studio d’enregistrement. Un soir, lors d’une virée sur Washington Square, Seth enregistre, presque à son insu, la voix envoûtante d’un chanteur de blues. Un joyau brut que les deux amis nettoient, polissent, et mixent avec un morceau de guitare, avant de le poster sur Internet en le faisant passer pour un enregistrement vintage. Le mythe Charlie Shaw est né, un chanteur créé de toutes pièces.
Quand un vieux collectionneur de disques, qui se fait appeler JumpJim, les contacte en affirmant que Charlie Shaw a bel et bien existé, les deux amis sont rattrapés par leur créature.

Billard blues de Maxence Fermine aux éditions Albin Michel
L’histoire : une partie de billard légendaire, unique et magique.
Le décor : un club de blues à Chicago dans les années 1930.
Les personnages : un musicien noir, un gangster balafré et un champion de billard.
Le musicien noir, c’est celui qui joue du blues ; pas n’importe comment ; avec un style bien à lui, parce que le blues, c’est sa vie.
Le gangster, c’est Al Capone ; plutôt connu, c’est vrai, mais pas sous cet angle.
Le champion, c’est Willie Hoppe ; pas n’importe quel champion ; le plus grand de toute l’histoire du billard.
Le billard et le blues, un fameux mélange. Une sacrée musique, aussi. Jusqu’à la note finale, imprévisible et stupéfiante.

Hakim Aoudia.
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