Déborder la toile au CCC Olivier Debré de Tours !
Du 21/10/2022 au 12/03/2023
Tours
Avec Déborder la toile, le Centre de Création Contemporaine Olivier Debré de Tours, fait dialoguer, jusqu’au 12 mars 2023, une dizaine de toiles inédites de l’un des maîtres de l’abstraction lyrique, avec les œuvres de cinq artistes contemporaines : Charlotte Denamur, Ann Veronica Janssens, Renée Levi, Flora Moscovici et Thu Van Tran.
L’art, comme manière d’être en opposition
Olivier Debré naît en 1920 à Paris dans une famille de la République (médecins et hommes politiques), équilibrée du côté de sa mère, Jeanne Debat-Ponsan, par quelques artistes, dont son grand-père : le peintre académique Édouard Debat-Ponsan.
Dès son plus jeune âge, il se passionne pour le dessin, la peinture et la sculpture, avant d’intégrer l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris dans la section architecture. Là, il fréquente l’atelier de Le Corbusier, considérant les Beaux-Arts comme un tout : « Enfant, je mêlais l’architecture, la peinture, la sculpture. Pour moi, cela correspondait à la même chose, c’était une manière d’être en opposition à la médecine, au droit, aux mathématiques. Les Beaux-Arts formaient un tout. Aussi bien l’architecture que la peinture. »

Un besoin d’expression directe
Avec le déclenchement du second conflit mondial, Olivier Debré rejoint la Résistance et abandonne l’architecture, pour se consacrer quasi exclusivement à la peinture : « Pendant cette période troublée de la guerre, j’étais là, dans cette Touraine où j’étais toujours allé quand j’étais enfant, et je suis redescendu dans le champ et j’ai peint, simplement, comme ça. (…) En peinture, j’avais un besoin d’expression directe et de communication physique avec la nature ; peut-être justement, dans cette époque troublée, le besoin d’échapper à cette société au fond si horrible. »
Ainsi, cette dernière devient son moyen d’expression privilégié : « une transcription de mon émotion ».

L’usage du signe
En 1943, Olivier Debré rencontre Pablo Picasso à de nombreuses reprises et commence à réfléchir à un mode d’expression sans représentation : « Ou bien le langage est purement conventionnel, on sait avant ce que tel signe veut dire, et c’est au fond l’écriture ou alors, si l’on veut que le signe soit compréhensible, il faut qu’il repasse par l’émotion, par la sensation matérielle et, de nouveau, il n’est plus un langage pur. À ce moment-là, je me suis tout de suite introduit dans les signes. »
Ainsi, avec son œuvre, Signe de ferveur noire, peinte directement au tube en 1945, il intègre définitivement la non-figuration.
À la fin des années 1940, il commence à exposer dans les Salons d’art parisiens et sa première exposition personnelle se déroule à la Galerie Bing en 1949.

Les Signes-personnages
Dans les années 1950, Olivier Debré explore la matière de ses toiles. Il utilise des teintes plutôt sombres, qu’il étale au couteau, sur des plans horizontaux et/ou verticaux, desquels surgissent des silhouettes d’hommes en pieds : ce sont les Signes-personnages.

La reconnaissance
À la fin des années 1950, Olivier Debré est exposé aux États-Unis, où il rencontre Mark Rothko, accédant dès le début des années 1960 à une reconnaissance internationale, qui se matérialise par l’organisation d’expositions un peu partout dans le monde.
Les Signes-paysages
À la même époque, Olivier Debré décide de revenir au paysage, avec une peinture plus fluide qu’il qualifie d’abstraction fervente, précisant : « Je veux faire du Courbet abstrait. »

La consécration
Avec la fin des années 1960 arrivent la maturité et le temps des commandes institutionnelles : deux peintures pour l’Université de Médecine de Toulouse (1968), une peinture pour l’École polytechnique (1976), une autre pour l’Ambassade de France à Washington (1982), le rideau de scène de la Comédie française (1987), ou un panneau pour l’Hôpital Robert-Debré à Paris (1988)…
Celui que Francis Ponge définissait ainsi : « À propos d’Olivier Debré, nous éprouvons une fois de plus tout ce que la peinture, depuis quelque temps, a décidé de nous taire pour nous dire, peut-être avec plus de force, ce dont elle désire à tout prix nous entretenir. », décède le 1er juin 1999 à Paris.
Déborder la toile
Cette exposition du Centre de Création Contemporaine Olivier Debré de Tours fait dialoguer une dizaine de toiles inédites de l’un des maîtres de l’abstraction lyrique, avec les œuvres de cinq artistes contemporaines.
Charlotte Denamur
Née en 1988 à Paris, Charlotte Denamur réalise des peintures à l’acrylique sur textile, développant un travail pictural aussi bien abstrait que figuratif.

Ann Veronica Janssens
Artiste plasticienne belge née en 1956 au Royaume-Uni, Ann Veronica Janssens réalise des installations qui questionnent notre rapport à l’espace, la lumière et la couleur.

Renée Levi
Née à Istanbul en 1960, Renée Levi a conservé, de sa formation d’architecte, une attention particulière aux problèmes d’espace et de construction. Ainsi, l’essentiel de son travail consiste à modifier la perception de l’environnement dans lequel elle intervient en jouant sur les matériaux, leur couleur et leur inscription dans le site.

Flora Moscovici
Née en 1985 à Paris, Flora Moscovici pense et utilise la peinture en termes d’infinies possibilités, appliquant ses couleurs à la brosse ou au pistolet dans de subtils dégradés.

Thu Van Tran
Née au Vietnam en 1979 et arrivée en France avec sa famille en 1981, Thu-Van Tran explore sa mémoire intime et la mémoire collective à travers sculptures, photographies, films et installations, donnant corps à une poétique de la distance et du déplacement.

Rosa Tandjaoui.
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