Lyle Mays, éternel pianiste du Pat Metheny Group !
Il y a exactement trois ans, le 10 février 2020, disparaissait le musicien de jazz Lyle Mays, éternel pianiste du Pat Metheny Group, à l’âge de 66 ans. Très peu connu du grand public, c’est néanmoins un artiste qui a marqué l’histoire de sa musique et bien au-delà !
Un musicien exceptionnel
Lyle Mays était un musicien exceptionnel :
- Un pianiste virtuose,
- Un génie des claviers et synthétiseurs,
- Jouant occasionnellement de l’autoharpe, de la guitare ou de la trompette,
- Un compositeur prolifique, doublé d’un arrangeur surdoué.
Mais, ce qui, à mon avis, le place sans conteste au Panthéon des plus grands pianistes de jazz ; c’est sa capacité, dans la lignée de Bill Evans et Keith Jarrett, à susciter chez l’auditeur des émotions aussi puissantes que subtiles avec une apparente facilité. Sans parler de son approche harmonique et polyphonique ; en bref de sa capacité unique à faire chanter le piano.
Né le 27 novembre 1953 à McAllister dans le Wisconsin, il grandit dans une famille de musiciens. Une mère pianiste et un père guitariste, qui l’initient très jeune au piano. À tel point que dès l’âge de 9 ans il jouera de l’orgue dans les mariages et à l’église.

Un talent précoce
Il parfait ses connaissances musicales à l’université North Texas State, dont il nous reste un magnifique témoignage discographique : LAB 75, sorti en 1975.
Cet enregistrement de l’orchestre de jazz de l’université, réalisé par des étudiants d’une vingtaine d’années, montre un Lyle Mays maitrisant déjà la composition (trois titres sur six), les arrangements et jouant, comme tous ses camarades, aussi bien qu’un musicien professionnel.
Notons, la présence sur ce disque de Marc Johnson à la basse et Steve Houghton à la batterie. Ils intègreront quelques mois plus tard, en même temps que Lyle Mays, le Woody Herman‘s Thundering Herd.
Le Pat Metheny Group
Il rencontre le guitariste Pat Metheny au Festival de jazz de Wichita en 1975 et ils formeront le Pat Metheny Group en 1977.
Dès leur première collaboration sur Watercolors, il se distingue par ses qualités de peintre sonore ; avec ses envolées lyriques au piano et la richesse de ses textures aux claviers.
Cette réputation se consolide sur le chef-d’œuvre As Falls Wichita, So Falls Wichita Falls en 1981. Cet album entremêle le jazz, le classique, le folk, les musiques du monde et combine différents ingrédients sonores avec une subtilité jamais égalée.
Lyle Mays devient très vite l’alter ego de Pat Metheny ; comme l’était Billy Strayhorn pour Duke Ellington.
Une personnalité atypique
Nous avons ici l’une des explications du peu de renommée de Lyle Mays, qui met son talent au service du Pat Metheny Group quitte à vivre dans l’ombre de ce dernier. L’autre étant qu’il préférait la musique au business de la musique.
Il n’est donc pas étonnant que sa discographie en tant que leader ne compte que cinq albums.
J’accorde une mention spéciale à son album Lyle Mays en 1986, qui évoque immanquablement des images de grands espaces, de voyages et d’ailleurs : un chef-d’œuvre absolu.
De même pour Fictionnary en 1993, avec Marc Johnson à la basse et Jack DeJohnette à la batterie dans la plus pure tradition du trio de jazz.
Après la tournée qui suit la sortie de The Way Up en 2005, il commence à prendre ses distances avec le business de la musique.
Il souhaitait à l’époque reprendre le contrôle de sa vie, comme s’il était fatigué de ces tournées interminables, de se réveiller un matin à Paris, le lendemain à Prague et le surlendemain à Montréal.
Une retraite anticipée
En 2011 il prend sa retraite définitive et se consacre exclusivement à ses projets personnels.
Mais l’amour de la musique reste et le génie aussi. Preuve en est son témoignage posthume, Eberhard, enregistré quelques semaines avant sa mort.
We will miss you Lyle, rest in peace !

Hakim Aoudia.
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