Appel à textes : une bière au soleil !
La première gorgée de bière (Philippe Delerm) L'Eurélienne Montillet Nodé Zoë Jas Maeline Victoria Géraut-Velmont

Appel à textes : une bière au soleil !

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 3 minutes

Nous avons lancé le vendredi 10/03/2023 un appel à textes sur le thème « Une bière au soleil« . Vous aurez peut-être décelé l’inspiration venue des instantanés littéraires de Philippe Delerm et notamment son premier recueil éponyme de ce fameux poème en prose « La première gorgée de bière« .

Nous vous remercions pour vos participations que nous avons pris beaucoup de plaisir à lire et découvrir ! Il nous fallait pourtant faire un choix pour désigner les trois gagnant-e-s et les voici ! Elles recevront, en plus de cette publication, des prix de notre partenaire L’Eurélienne, et pourront ainsi continuer à déguster des bières au soleil… Rendez-vous sur nos réseaux sociaux pour lire d’autres textes que nous avons beaucoup aimé ! Pour les autres, pas de panique, nous gardons bien au chaud vos mots et vos contacts, rendez-vous pour le prochain appel à participations créatives !

Des tournesols dans la bouche

Par Montillet Nodé Zoë

Arômes de tournesol,
Le visage abandonné aux baisers du soleil,
Goût de feu follet,
Sentiment de solitude.
Les frissons de l’enfer,
La langueur du paradis.
L’extase me donne le tournis,
Je tortille mes doigts dans ses cheveux,
Elle est blonde comme la blonde au creux de sa bouche,
Et ma langue goûte le sel de son âme.

Un dimanche matin, quelque part en after

Par Jas Maeline

Je veux ton visage défait,
affreux, épatant,
solaire,
un dimanche matin,
quelque part en after.

Je veux embrasser
ta peau fatiguée,
tes iris agrandis,
et ta bouche de bière,
un dimanche matin,
quelque part en after.

Je veux retrouver
dans ton cou
la chaleur de la veille,
la chasser,
à 180° du réel,
un dimanche matin,
quelque part en after.

Je veux te voir
hors de contrôle,
si bizarrement toi-même,
tes yeux comme
deux amandes
volcaniques et lubriques,
un dimanche matin,
quelque part en after.

Bière pêche

Par Victoria Géraut-Velmont

Vous vous souvenez de votre première bière vous ? De la première gorgée amère, de ce liquide frais qui coule dans votre gorge, de ce premier relent qui vous fait roter et perdre toute crédibilité. Cette première gorgée amère qui vous fait grimacer et vous trahit immédiatement. Cette première gorgée qui fait de vous cette novice, cette jeune débutante qui découvre les effets surprenants, à la fois dérangeants et agréables, de cet alcool aigre et fermenté.

Moi je m’en souviens bien, très bien même. Et je dois vous l’avouer tout de suite, ce n’était pas vraiment de la bière. Enfin si, c’en était. Mais il n’y avait pas que de l’alcool dans ce verre de 25 centilitres. « Une bière pêche, avec beaucoup de pêche », avait commandé mon père. Une bière plus sucrée, agrémentée de morceaux de fruits. Enfin, c’est ce que je croyais. Pourquoi aurais-je imaginé qu’il s’agissait de sirop à la pêche ? D’un autre liquide à la texture un peu bizarre et au goût très doux. Au restaurant ou au café, parfois même au bar, j’avais l’habitude de demander aux serveurs, à travers la voix de mes parents, un diabolo tantôt grenadine tantôt fraise. J’ai toujours aimé le goût du sirop et l’effet du mélange de ce liquide épais dans l’eau, touiller ce fluide avec ma paille ou cette longue tige qui furent à la mode à une époque. Pourtant, je m’imaginais goûter une boisson qui ressemblait à de la sangria, un alcool adouci par le fruit.

Je fis confiance à ce père qui décidait de me faire goûter au plaisir de l’alcool. Quelques jours après mon seizième anniversaire, il m’avait emmenée dans un bar dans lequel il avait ses habitudes : l’Oubli. À quelques mètres de la mer, les rayons du soleil se couchaient sur notre peau. Les rares moments que je vivais avec ce père absent ne nous conduisaient que rarement loin de la mer. Le cercle de voile de la ville était notre lieu de rendez-vous. Nous nous asseyions sur le bord en pierres, les pieds dans le vide au-dessus du sable, et nous attendions avec patience que le soleil se couche. Nous aimions ses couleurs d’été, cet orange rouge si perçant qui se couchait sur l’océan.

Depuis cette première bière à l’Oubli, nous avions pris l’habitude de nous asseoir sur ce rebord, la bière à la main – j’avais depuis passé le cap de la vraie bière, celle des adultes, dont l’amertume était entière – et du bon saucisson du sud-ouest sur les genoux, notre péché mignon. Quand je veux raviver le souvenir de ce père absent, je repense aux bières que nous buvions ensemble et aux couchers du soleil dont nous ne nous lassions jamais. Je ferme les yeux, j’imagine la chaleur des rayons de la fin de journée sur mon visage, la fraicheur de la bière dans ma gorge, l’air du bassin à nos pieds et je me sens bien.

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