Repenser nos villes avec Walden de Thoreau !
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Repenser nos villes avec Walden de Thoreau !

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 4 minutes

Walden ou la vie dans les bois nous apporte des éléments pour nous questionner sur la signification du verbe « habiter ». À l’aune de ce récit toujours plus actuel, comment peut-on repenser nos villes ? Que peut nous apprendre Henry David Thoreau sur l’attention aux autres, nos voisin-e-s humain-e-s ou animaux ? Au regard de la crise écologique majeure que nous traversons, il apparaît fondamental de prendre en compte notre environnement dans les espaces que nous décidons d’habiter. Nous poserons dans ce dossier les jalons de cette théorie : habiter, n’est-ce pas avant tout investir un espace de vie ? Ainsi, commençons par repenser nos villes avec Walden de Thoreau !

Thoreau dans les bois

Walden ou la vie dans les bois est le premier succès du célèbre écrivain américain Henry David Thoreau et très certainement son ouvrage le plus connu. Entre 1845 et 1847, Henry David Thoreau se retire dans une cabane qu’il construit aux abords de l’étang de Walden, dans le Massachusetts, aux États-Unis, sur la propriété de son ami le philosophe Ralph Waldo Emerson qu’il laisse à sa disposition. Reprenant alors ce qu’il écrit dans son Journal au fil de son séjour, il compose ce qui deviendra Walden ou la vie dans les bois. Plus qu’un simple récit, ce livre est un véritable pamphlet narratif contre la société occidentale et qui sert aujourd’hui encore de modèle écologiste.

Henry David Thoreau. Repenser nos villes avec Walden de Thoreau.

Repenser la notion « habiter »

Le narrateur, qui n’est pas exactement Thoreau lui-même, mais un personnage idéalisé, une projection de l’auteur dans son œuvre, conte alors ses observations et son quotidien dans le bois de l’étang de Walden. Loin des espaces très concentrés en civilisation humaine, la vie à Walden se déroule au milieu de la nature, près d’un village, de maisons isolées et au fil des rencontres. On y traverse les quatre saisons, observant l’évolution de l’environnement de Thoreau. Il écrit de longs passages sur les animaux, ses voisins, il décrit ses activités : entre constructions d’aménagement et maraîchage ; ainsi que son mode de vie. Celui-ci se veut simple, fait de contemplations, de travail de la terre, de marches, de lien social, mais surtout de lecture et de sobriété, qui se traduit notamment par le végétarisme.

Réplique de la cabane de Henry David Thoreau. Repenser nos villes avec Walden de Thoreau.

Henry David Thoreau nous livre alors une véritable réflexion sur ce que signifie habiter

Le narrateur-personnage, en observant soigneusement ce et ceux qui l’entoure, se fait une place dans ce monde dont il n’est qu’un autre occupant, en accord avec son environnement et ses habitant-e-s qui l’y ont précédé. Ce qui nous marque, à la lecture, c’est sa manière de s’investir dans ce lieu : il est loin de ne faire qu’y passer. Au contraire, durant tout son séjour, il semble à la fois installé, bien acclimaté à la vie à l’étang de Walden ; et à la fois sans cesse en train d’emménager, de découvrir, de s’implanter plus profondément. Peut-être justement est-ce là que se joue la réelle signification du verbe « habiter » : un espace où l’on construit non seulement son foyer, mais aussi ses relations, ses activités quotidiennes.

Réplique de l’intérieur de la cabane de Henry David Thoreau. Repenser nos villes avec Walden de Thoreau.

Les autres Walden

Dans les pratiques de vie communautaire, qui défendent une nécessité de changer de modèle de société, on retrouve cette même idée sur ce qu’est « habiter ». Il s’agit alors d’un espace que l’on construit en commun, avec les autres ; un espace que l’on investit, sans le dénaturer, afin qu’il ne perde pas ce qui nous l’a rendu accueillant à l’origine. Dans cet environnement préservé, on explore alors de nouvelles manières d’exister ensemble. Se retirer de la société, expérimenter la vie en autarcie, c’est l’un des moyens d’action prônés par le mouvement anarchiste individualiste. On rapproche d’ailleurs bien souvent Thoreau de ce courant de pensée. Au contraire de l’anarchisme révolutionnaire, l’anarchisme individualiste n’attend pas un « Grand Soir », il cherche à inventer immédiatement un monde meilleur, sans État, en autogestion. On doit une grande partie des principes de l’Éducation Populaire à ce mouvement du XIXe siècle.

Henry David Thoreau : précurseur de la décroissance. Repenser nos villes avec Walden de Thoreau.

Aujourd’hui, les héritières de ces modèles sont très certainement les ZAD

Ces Zones À Défendre qui naissent un peu partout sont les hauts lieux de la résistance écologiste actuelle. Lorsqu’un lieu, un territoire, sauvage ou agricole, est menacé par des projets de constructions, d’urbanisation, d’exploitation, des opposant-e-s locaux-ales et des activistes plus chevronnés se rassemblent et occupent la zone, afin d’en empêcher les travaux de s’y dérouler. Mais comme l’a montré récemment l’exemple de Notre-Dame-des-Landes près de Nantes ou encore les Lentillères à Dijon, l’enjeu ne se cantonne pas, pour les militant-e-s, à défendre la zone. Il s’agit surtout de tester et construire de nouveaux modèles de société, de vie commune. On y réfléchit et pratique alors la démocratie participative, bien souvent le végétarisme, une déconstruction quotidienne des systèmes d’oppression, l’agriculture raisonnée, l’éducation populaire…

Notre-Dame-des-Landes : 50 ans de conflit résumés en 3 minutes. Repenser nos villes avec Walden de Thoreau.

Repenser nos villes

Ces expériences, qu’elles soient celles qu’Henry David Thoreau écrit dans Walden ou la vie dans les bois, l’anarchisme individualiste ou encore les ZAD, semblent poursuivre un même but : faire renouer le réel et l’idéal. En quelque sorte : mettre l’utopie en application, prouver que faire autrement est possible.

Alors d’accord, ce ne sont que des exemples non urbains et en autarcie

Peut-être vous demandez-vous : comment appliquer cela à nos villes ? En suivant le principe simple du chef-d’œuvre de Thoreau : observons notre environnement, les liens entre ses habitant-e-s, les liens aussi qu’ils entretiennent avec nous, la place que nous occupons réellement dans notre lieu de vie. La clé ? Connaître et s’investir. Alors (re)lisez Walden ou la vie dans les bois et inspirez-vous ! Créons, inventons ensemble les villes de demain !

À lire également avec vos enfants, à qui vous pourrez proposer de dessiner la manière dont ils imaginent cet univers utopique !

Lou Gasparini

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