Le Beatus de Saint Sever
Chef-d’œuvre du Moyen Âge !
Ce manuscrit enluminé du XIe siècle, réalisé au sein de l’abbaye gasconne de Saint-Sever, dans les Landes, est composé d’un recueil de textes en latin, agrémenté d’images organisées autour de l’Apocalypse de Saint-Jean, commenté par Beatus de Liebana, un moine espagnol du VIIIe siècle. Chef-d’œuvre du Moyen Âge, le Beatus de Saint-Sever rend compte de toute la richesse et de toute la complexité d’une période de l’histoire qui ne cesse de nous fasciner.
Qu’est-ce qu’un Beatus ?
Ce sont des manuscrits enluminés, élaborés entre les Xe, XIe et XIIe siècles. À partir des Commentaires de l’Apocalypse de Saint- Jean, rédigés au VIIIe siècle par le moine Beatus de Liébana en Espagne.
Écrits dans un langage courant et facile à comprendre, ils viennent expliciter l’hermétisme du texte dont ils s’inspirent. Ainsi, ils prennent la forme d’un poème révélant l’avenir sous forme d’espérance. Pour montrer à ceux qui souffrent que le royaume de Dieu est accessible après un long chemin de souffrances.

En effet, il faut ici rappeler que le terme « Apocalypse » signifie, étymologiquement, « révélation ». Dès lors et dans le contexte d’une Espagne sous conquêtes musulmanes, on comprend aisément que ce texte ait pris une importance considérable. Au point même de supplanter les Évangiles.
Ajoutons qu’une trentaine de Beatus furent réalisés et que seule une vingtaine sont parvenus jusqu’à nous.
Le Beatus de Saint-Sever
Conservé à la Bibliothèque Nationale de France, le Beatus de Saint-Sever est le seul manuscrit de ce type réalisé en France. Ainsi, il est élaboré au milieu du XIe siècle, au sein de l’abbaye gasconne de Saint-Sever, dans les Landes, sous l’abbé Grégoire de Montaner (1028-1072). De plus, le moine Stephanus Garsia, qui dirige alors le scriptorium de l’abbaye, en est le probable maître d’œuvre, secondé par deux copistes.

Constitué de 296 folios reliés aux dimensions de 36,7 × 28,6 cm, il est décoré de 108 enluminures peintes de couleurs vives et d’or.
L’un des plus beaux exemples décoratifs de ce véritable chef-d’œuvre de l’art roman européen reste sa mappemonde qui se déploie sur un double feuillet. Cette dernière représente le monde évangélisé par les Apôtres, avec l’abbaye de Saint-Sever en position centrale. Preuve s’il en est du savoir géographique de l’époque.

L’Apocalypse de Saint-Jean, un texte éminemment politique
Comme je l’ai précisé plus haut, l’apocalypse est d’abord la révélation de secrets divins. Mais très vite, et dès les premiers siècles du christianisme, son sens se limite à annoncer la fin du monde et l’établissement du royaume de Dieu.
Ainsi, son objectif est de redonner espoir à des croyants en proie au doute et au désespoir.
Ici, la bête de l’Apocalypse, l’ennemi à combattre, c’est l’empereur Néron, persécuteur des chrétiens à la suite du grand incendie de Rome en 64.
Dès lors, on imagine la portée éminemment politique de ce texte, notamment lorsque certains extrémistes en font une lecture littérale et y voient l’annonce de la fin des temps.

Pour aller plus loin
Grâce au formidable travail de numérisation de la Bibliothèque Nationale de France, le Beatus de Saint-Sever est consultable en ligne sur le site Gallica de la BnF.
Sinon, je ne saurais trop vous conseiller d’acquérir Le Beatus de Saint-Sever, aux Éditions Citadelles & Mazenod. Un ouvrage exceptionnel en édition limitée et numérotée de 999 exemplaires. Un indispensable de toute bonne bibliothèque.

À découvrir en famille
Le Beatus de Saint-Sever peut accompagner l’apprentissage et prolonger les programmes de l’Éducation nationale dès le collège :
Histoire : Découverte des valeurs, croyances, traditions et pratiques culturelles et religieuses de l’époque médiévale (Moyen Âge).
Art : Enseignement de l’art roman, des techniques d’enluminure, de la peinture à l’encre, de l’utilisation de l’or et de l’application de pigments.
Français : Étudie de la littérature médiévale et des thèmes religieux. Les commentaires sur l’Apocalypse de Saint-Jean présentent des exemples de la façon dont les auteurs médiévaux ont interprété les textes bibliques et utilisé des allégories pour transmettre leurs messages religieux.
Hakim Aoudia.
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