Max Roach : légendaire batteur de jazz et architecte du rythme !
Achetez Max Roach (albums) Écoutez Max Roach en HD Achetez Jazz (livres)

Max Roach : légendaire batteur de jazz et architecte du rythme !

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 6 minutes

Pionnier de l’ère bebop avec l’immense Kenny Clarke, il est l’un des principaux musiciens, compositeurs et chefs d’orchestre de jazz depuis les années 1940. Un batteur qui a su, grâce à son intelligence et à ses innovations rythmiques, rester à l’avant-garde du jazz pendant toute sa carrière. À l’occasion du centenaire de sa naissance, découvrons l’histoire de Max Roach : légendaire batteur de jazz et architecte du rythme !

Un environnement musical

Maxwell Lemuel Roach naît le 10 janvier 1924 à Newland en Caroline du Nord, dans un environnement baigné par la musique. À l’âge de 4 ans, ses parents déménagent : « Ma famille a migré du Sud Profond vers New York, plus précisément Brooklyn. Et c’est là que j’ai commencé à prendre mes leçons de musique et écouter la musique qui m’a préparée à devenir ce que je suis aujourd’hui. Ma mère est chanteuse de gospel, et ma tante pianiste d’église. L’appartement dans lequel nous avons emménagé à New York avait un piano mécanique. Nous avons appris en faisant jouer des rouleaux, en utilisant les pédales, et en écoutant ainsi la musique de gens comme Jelly Roll Morton, Scott Joplin, Fats Waller, Willie « The Lion » Smith, etc…« 

Brooklyn en 1930
Brooklyn en 1930. (Max Roach : légendaire batteur de jazz et architecte du rythme !).

La musique à l’église

« J’ai commencé la musique à l’Eglise Baptiste de la Concorde. Cela s’est passé durant les étés, alors que mes deux parents travaillaient. Cela ressemblait à ce qu’ils appellent aujourd’hui les centres aérés, mais c’était l’église qui s’occupait des enfants. C’est là que j’ai commencé à m’intéresser à la musique, à sept-huit ans. Il y avait une tante vivant à la maison qui était pianiste d’église. Elle nous a appris, à mon frère et à moi, la portée et l’harmonie au clavier. Mon premier instrument fut le piano, puis la trompette et la clarinette, et enfin la batterie. C’est dans cette même église que j’ai commencé à m’intéresser à la batterie, et j’ai commencé à étudier sérieusement la musique. Puis j’ai pris la décision de faire de la musique ma profession. J’ai continué tout au long du lycée, avant d’aller à la Manhattan School Of Music.« 

Manhattan School Of Music en 1940
Manhattan School Of Music en 1940. (Max Roach : légendaire batteur de jazz et architecte du rythme !).

Un ami d’enfance

« J’ai grandi avec Bud Powell, alors pas question de jouer du piano ; après, j’ai rencontré Dizzy Gillespie, Parker et Miles, mes espoirs de devenir saxophoniste ou trompettiste ont été balayés. Mais j’adore la batterie, j’y ai consacré tout mon temps. Avec Bud, on se connaissait tout gosse. On habitait Harlem. On jouait tous les deux dans les dancings où les filles distribuaient des tickets à dix cents la danse. Les gens achetaient leurs tickets, les filles les ramassaient et c’était parti pour un tour. On jouait une chanson à la minute, dans tous les styles de danses. C’était de vrais petits jobs pour nous, on apprenait comme ça un tas de choses. Toujours s’adapter. C’était une sacrée école.« 

Un Poco Loco · Bud Powell (1952). (Max Roach : légendaire batteur de jazz et architecte du rythme !).

Des débuts avec les meilleurs

Il fait ses débuts comme musicien professionnel dès l’âge de 16 ans et enchaine les contrats, passant d’un style à l’autre avec une grande facilité : « Tout jeune déjà, je jouais avec des marching bands, des orchestres symphoniques. Je faisais du rhythm and blues un soir, le lendemain j’étais avec Louis Jordan, après je jouais avec Coleman Hawkins pour passer ensuite au Dixieland et au New Orleans, sans compter les engagements avec les big bands.« 

Choo Choo Ch’Boogie · Louis Jordan & His Tympany Five (1946). (Max Roach : légendaire batteur de jazz et architecte du rythme !).

Le pied à l’étrier

Un soir, une occasion se présente, qu’il ne va pas rater : « Monsieur Monroe m’a appelé et m’a dit « M. Ellington a besoin d’un batteur. Comme tu sais lire la musique, pourquoi ne vas-tu pas là-bas pour remplacer le grand Sonny Greer ? » (…) J’y suis allé, j’ai rencontré le grand homme, et puis je me suis rendu compte que M. Greer n’avait pas de partitions sur scène. J’étais assis là, l’air paniqué, et M. Ellington l’a remarqué. Il m’a dit : « Fils, garde un œil sur moi et un œil sur le spectacle – c’était du vaudeville ». Et je me suis rendu compte que c’était un chef fantastique. Et le lendemain, tout le monde parlait de ce gamin qui jouait avec Duke Ellington.« 

Take the ‘A’ Train · Duke Ellington and His Famous Orchestra 1941. (Max Roach : légendaire batteur de jazz et architecte du rythme !).

Clark Monroe’s Uptown House

En 1942, encore très largement influencé par le jeu de Kenny Clarke, il devient le batteur attitré du fameux club de jazz de Harlem : « Monroe’s Uptown House ». Ceci lui permet de côtoyer certains des géants de l’ère bebop, tels que Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Thelonious Monk et Bud Powell : « C’était une époque formidable pour nous dans la 52è rue… Ça l’était pour moi, en tout cas, débarqué là aux côtés d’un Parker, d’un Gillespie, d’un Thelonious Monk… Ces trois-là ont beaucoup d’importance pour nous. » Des musiciens qu’il retrouvera en 1953, plus le bassiste Charles Mingus, lors du concert historique de Massey Hall.

Salt Peanuts : Live At Massey Hall (1953). (Max Roach : légendaire batteur de jazz et architecte du rythme !).

Une carrière désormais lancée

Jusqu’à la fin des années 1940, Max Roach continue à se diversifier, jouant de la batterie avec Benny Carter, Stan Getz, Allen Eager et Miles Davis. En 1952, il crée son propre label, Début Records, avec Charles Mingus. Puis en 1954, il monte un groupe éphémère mais crucial avec le trompettiste Clifford Brown. Un groupe historique, qui se dissous brutalement avec la mort tragique de Clifford Brown en 1956. La même année, il grave avec « Max Roach + 4 » l’un de ses chefs-d’œuvre, en compagnie de George Morrow à la contrebasse, Ray Bryant au piano, Kenny Dorham à la trompette et Sonny Rollins au saxophone ténor.

Ezz-Thetic · Max Roach Quintet (1956). (Max Roach : légendaire batteur de jazz et architecte du rythme !).

Un artiste engagé

En 1960, avec son album, « We Insist! Max Roach’s Freedom Now Suite » – notamment interprété par Abbey Lincoln, qui deviendra son épouse de 1962 à 1970 – il ajoute une dimension politique à son œuvre. Ainsi, il continue de considérer la musique comme une expérimentation, notamment lorsqu’il enregistre en 1962 le chef d’œuvre « Money Jungle », en compagnie de Duke Ellington et Charles Mingus. Mais également lorsqu’il réalise « Drums Unlimited » en 1965, dans lequel il utilise sa batterie comme un instrument de soliste capable de jouer des thèmes et des variations. Avant de collaborer, notamment en duo, avec des musicien apparemment très éloignés de son univers, tels que les saxophonistes Archie Shepp et Anthony Braxton, ou les pianistes Cecil Taylor et Abdullah Ibrahim.

Max Roach Quartet & Abbey Lincoln, BRT TV Studio, Schaarbeek, Belgium, January 10, 1964 (Colorized) : We Insist ! Freedom Now Suite. (Max Roach : légendaire batteur de jazz et architecte du rythme !).

Un pionnier

Son approche de la batterie reste, encore aujourd’hui, unique et profondément personnelle. Ainsi, son inclination pour les percussions multiethniques se matérialise, en 1970, par la création du groupe « M’Boom ».

Batteur et percussionniste polyvalent, pionnier dans l’établissement d’une pulsation fixe sur la cymbale ride au lieu de la grosse caisse, il fera de sa batterie un instrument authentiquement mélodique. De plus, Max Roach enseignera la musique à l’université du Massachusetts, de 1972 à 1994, et composera également pour la danse, le théâtre, le cinéma et la télévision.

Il décède le 16 août 2007 à Manhattan, à l’âge de 83 ans.

Max Roach, « Mr. Hi Hat » (1994). (Max Roach : légendaire batteur de jazz et architecte du rythme !).

Discographie sélective

  • 1953 : Jazz at Massey Hall (avec Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Bud Powell et Charles Mingus)
  • 1954 : Clifford Brown & Max Roach
  • 1955 : Study in Brown (avec Clifford Brown)
  • 1956 : Clifford Brown and Max Roach at Basin Street
  • 1956 : Saxophone Colossus (avec Sonny Rollins)
  • 1956 : Max Roach + 4
  • 1957 : Jazz in 3/4 time
  • 1959 : Rich versus Roach – avec Buddy Rich
  • 1960 : Parisian Sketches
  • 1960 : We Insist! Max Roach’s Freedom Now Suite (avec Abbey Lincoln, Booker Little, Julian Priester, Coleman Hawkins, Walter Benton, James Schenk, Michael Olatunji, Raymond Mantilla et Tomas du Vall)
  • 1960 : Long as you’re living
  • 1961 : Percussion Bitter Sweet
  • 1962 : Money Jungle (avec Duke Ellington et Charles Mingus)
  • 1962 : Speak, Brother, Speak!
  • 1962 : It’s Time
  • 1965 : The Max Roach Trio Featuring The Legendary Hasaan
  • 1965 : Drums unlimited
  • 1978 : Birth and Rebirth (duo avec Anthony Braxton)
  • 1978 : Long time at circus yorks
  • 1979 : The Long march (duo avec Archie Shepp)
  • 1979 : Historic Concerts (duo avec Cecil Taylor)
  • 1979 : One In Two, Two In One (duo avec Anthony Braxton)
  • 1979 : M’Boom
Drums Unlimited · Max Roach. (Max Roach : légendaire batteur de jazz et architecte du rythme !).

Soutenez-nous

Nous vous encourageons à utiliser les liens d’affiliation présents dans cette publication. Ces liens vers les produits que nous conseillons, nous permettent de nous rémunérer, moyennant une petite commission, sur les produits achetés : livres, vinyles, CD, DVD, billetterie, etc. Cela constitue la principale source de rémunération de CulturAdvisor et nous permet de continuer à vous informer sur des événements culturels passionnants et de contribuer à la mise en valeur de notre culture commune.

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne écoute.

Hakim Aoudia.

Notre note

Commentaires

0

Ajouter un commentaire


Fermer le menu