Meilleurs livres de la rentrée littéraire 2024

Eh oui, les vacances sont bien finies, et avec l’arrivée du mois de septembre, nous voilà repartis pour un tour. L’occasion de vous faire part de nos plus belles découvertes et autres coups de cœurs. Mais également de vous souhaiter une bonne rentrée. Voici donc nos recommandations, certes subjectives et non exhaustives, des meilleurs livres de la rentrée littéraire 2024 !

Houris (Kamel Daoud)

Figure incontournable de la littérature algérienne, Kamel Daoud nous invite à une profonde réflexion sur l’identité et les traumatismes du passé avec son dernier roman, Houris. Publié aux éditions Gallimard, il s’agit d’un long monologue. Celui d’Aube, une jeune femme muette suite une tentative d’égorgement qu’elle a subi lors de la décennie noire des années 1990.

Un récit poignant et engagé qui explore les méandres d’une société en mutation, confrontée à ses démons intérieurs. Celui d’une Algérie toujours en quête de son identité, tiraillée entre tradition et modernité, orient et occident.

Extraits

« Je ne peux pas garder le silence, en raison de mon passé, de tout le passé de l’Algérie. Je ne le peux plus depuis que j’ai vécu ce que j’ai vécu. Un couteau a réveillé mon don en m’écorchant vif. Mon don, c’est de citer des chiffres et des prénoms, des lieux . Beaucoup. Par cœur. A chaque date, une autre date surgit comme un auto-stoppeur. Des noms, des prénoms, des lieux. C’est un don que je ne connaissais pas avant que commence mon histoire. Mais il faudrait savoir écrire et lire pour en faire un livre. »

« La proie idéale des hommes de ce pays qui rêve de vierges et de déflorations perpétuelles. il est dit que lorsqu’une femme n’appartient a aucun homme, père, frère, mari, ni même à son fils, où la surnomme  » errantes « . Les hommes parlent d’elles comme d’un terrain vague, une propriété qui saigne une fois par mois, une pièce de monnaie déterrée au sol, un butin. »

Le Paradis des fous (Richard Ford)

Après plus de trente ans d’existence littéraire, Frank Bascombe, le célèbre personnage créé par Richard Ford, tire peut-être sa révérence. Dans Le Paradis des fous, publié aux éditions de l’Olivier, l’auteur américain nous offre un ultime portrait de ce narrateur attachant, à travers un road trip poignant et mélancolique.

À 74 ans, Frank Bascombe, malgré les épreuves de la vie, conserve son optimisme légendaire. Lorsqu’il apprend que son fils aîné est atteint d’une maladie incurable, il décide de l’emmener dans un périple à travers les États-Unis. Ce voyage, loin d’être une échappatoire, devient une occasion pour père et fils de se rapprocher et de faire le bilan de leurs vies.

Les Jardins de Torcello (Claudie Gallay)

Publiés aux éditions Actes Sud, Les Jardins de Torcello de Claudie Gallay nous plongent au cœur de l’une des îles les plus mystérieuses de la lagune vénitienne.

L’île de Torcello, voisine des célèbres îles de Murano et Burano, est cependant la moins connue des trois. En effet, alors qu’elle était l’île la plus peuplée de la lagune dès le VIe siècle, elle va entamer un lent déclin dès le XIIe siècle, pour ne compter aujourd’hui qu’une petite dizaine d’habitants. À travers le regard de Jess, jeune guide touristique française, se dessine un récit initiatique où le passé et le présent s’entremêlent.

Extrait

« Elle s’appelle Jess, elle est guide. Pas guide pour les groupes, quatre personnes maximum, du sur-mesure, des visites en français, pour des Français. Elle a un site. On la contacte. Quarante euros de l’heure. En cash. Moins cher que les tours de gondole. Elle s’adapte, elle personnalise. Elle propose des visites de nuit. Personne n’en veut. Et pourtant ! Venise, la nuit, c’est inoubliable. Si on veut comprendre une ville, il faut la connaître la nuit. Ou le matin. Elle propose aussi cela. Des balades tôt, dans l’aube vénitienne, quand rien ne bouge à part l’eau. Rares sont ceux qui choisissent ce créneau, pourtant la ville sans personne est sans doute une des raisons de faire le voyage. »

Peau-de-sang (Audrée Wilhelmy)

Peau-de-sang est le cinquième roman de la québecoise Audrée Wilhelmy. Publié aux éditions Le Tripode, il nous transporte dans un univers sombre et envoûtant où la nature humaine se révèle dans toute sa complexité. Ainsi, à travers le portrait de Peau-de-sang, une figure à la fois maternelle et marginale, l’auteure nous offre une réflexion profonde sur la sexualité, le pouvoir et la place de la femme dans la société.

L’histoire se déroule dans la ville de Kangoq, un lieu isolé et glacial où règne une atmosphère pesante. Peau-de-sang, personnage éponyme du roman, est une femme hors du commun qui exerce une fascination sur les habitants. Elle est à la fois guérisseuse, confidente et prostituée, une figure maternelle pour certaines, une sorcière aux yeux des autres.

Extrait

« Dans la vaste étoffe de la fiction, les motifs des uns et des autres se révèlent au fur et à mesure du tissage, et pourtant, bien avant que le tissu prenne forme, la trame est déjà claire; j’ai appris à lire le fil des vies en même temps que je découvrais le langage des corps : il n’est pas difficile de déchiffrer une âme surgie devant soi, déposée dans son amas de chair, de peau, elles sont toutes pareilles, brodées de veines et d’artères. »

Mesopotamia (Olivier Guez)

Publié aux éditions Grasset, Mesopotamia d’Olivier Guez nous plonge dans une épopée flamboyante au cœur de l’Orient au début du XXe siècle. À travers le portrait de Gertrude Bell, archéologue, exploratrice et diplomate britannique, l’auteur nous fait revivre une époque troublée, marquée par les bouleversements politiques.

Gertrude Bell, figure méconnue de l’histoire, est au cœur de ce roman. Cette femme d’exception, à la fois aventurière, intellectuelle et diplomate, a joué un rôle déterminant dans le tracé des frontières du Moyen-Orient après la Première Guerre mondiale. Olivier Guez nous dévoile une femme complexe, ambivalente, tiraillée entre ses idéaux et les réalités du pouvoir.

Un récit historique captivant qui nous plonge dans les coulisses des négociations qui ont façonné le Moyen-Orient moderne, et nous transporte de Bagdad à Damas, en passant par le désert d’Arabie.

Extrait

« Elle l’avait pressenti en montant à bord de l’Orient-Express en gare de Paris. Elle s’y préparait depuis que sa tante Mary lui avait proposé six mois plus tôt de les rejoindre, elle et son mari, son excellence Sir Frank, nouvel envoyé de Sa Majesté auprès du shah. Gertrude, vingt-trois ans, avait commencé d’étudier le persan, lu les relations de voyage de Strabon et du chevalier Chardin et une anthologie de poètes. Elle biffait les jours qui la séparaient du périple, son premier en Orient, et dans le train qui grondait à travers les plaines d’Europe centrale, elle suppliait sa cousine Florence de l’interroger sur la traduction de tel mot, de telle locution, plutôt que la laisser savourer la poularde à la crème qu’une escouade de grooms leur présentait en soulevant des cloches argentées dans le wagon-restaurant. »

Les Enchanteurs (James Ellroy)

Ce troisième opus du Quintette de Los Angeles, publié aux éditions Rivages, plonge les lecteurs dans l’univers sombre et sulfureux du Hollywood des années 1960. James Ellroy, maître incontesté du roman noir américain, livre avec Les enchanteurs un thriller haletant où se mêlent sexe, pouvoir et corruption.

L’intrigue se déroule à Los Angeles, en 1962. La ville est en ébullition : Marilyn Monroe vient de disparaître, victime d’une overdose, et une actrice de série B, Gwen Perloff, est kidnappée dans des circonstances mystérieuses. Le lieutenant Freddy Otash, personnage récurrent de la série, est chargé de l’enquête. Au fil de ses investigations, il se retrouve plongé dans les bas-fonds d’Hollywood, où les apparences sont souvent trompeuses et où chacun a quelque chose à cacher.

Extrait

« Le Losers Club. Au croisement de Beverly et La Cienega. C’est une boîte de strip-tease. Elle attire du monde en ce moment. Les comiques à succès viennent s’y encanailler. Lenny Bruce, Don Rickles, Mort Sahl. Ils ont le droit de balancer des blagues obscènes. C’est la Gestalt-thérapie des Losers.

Il y a un grand panneau sur la façade. Il indique le « Loser de la semaine ». Le règne d’Eddie Fisher commence ce soir. C’est le couillon désigné et l’attraction vedette. Je suis le garde du corps d’Eddie. On s’est posés dans le foyer des artistes. Il y a un bar avec tout ce qu’il faut et un buffet monstre de charcutailles. Notez les coupes pleines de barbitos et d’amphètes. »

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Hakim Aoudia.