Je voulais juste que ça s’arrête : Un livre de Jacqueline Sauvage !

Je voulais juste que ça s’arrête : Un livre de Jacqueline Sauvage !

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 3 minutes

À la Selle-sur-le Bied, le 10 septembre 2012, après un ultime coup de poing, après un ultime « je vais te crever ! Je vais crever tes gosses ! », Jacqueline Sauvage abattait son mari, Norbert Marot, de trois coups de fusils, de dos. L’affaire Jacqueline Sauvage commençait. Je voulais juste que ça s’arrête – C’était lui ou nous : Un livre de Jacqueline Sauvage aux Éditions Fayard !

Cour d’assises d’Orléans, cour d’assises de Blois, condamnation à dix ans de réclusion, refus de libération conditionnelle, grâce partielle du président de la République, puis le 28 décembre 2016 grâce totale de François Hollande. Depuis Jacqueline Sauvage vit chez l’une de ses filles à quelques distances de la Selle-sur-le- Bied, pas assez loin cependant pour qu’elle ne puisse se rendre sur la tombe de son fils Pascal qui s’est suicidé le jour où elle a tué, sa solution à lui pour échapper au père et chef de famille.

« Je l’ai aimé passionnément »

Sous la houlette de ses deux avocates, Jacqueline Sauvage raconte son histoire, celle de la petite dernière d’un modeste foyer de Seine-et-Marne, qui à 16 ans « tombe raide dingue » de Norbert Marot, à peine plus âgé qu’elle, un mauvais garçon qui sortait de maison de redressement. « Moi, qui avait des frères exemplaires, j’observais Norbert comme une curiosité, un fruit défendu. L’attrait de l’interdit a fait le reste. Il était attirant et séduisant. Toutes les femmes étaient amoureuses de lui et c’est moi qu’il a choisi. Être aimée par cet homme me donnait l’impression d’exister. Je me sentais forte de cet amour. Je l’ai aimé passionnément ».

Je voulais juste que ça s’arrête – C’était lui ou nous : Un livre de Jacqueline Sauvage aux Éditions Fayard !

« On pensait que Norbert tuerait Jacqueline »

Amour d’adolescente qui tombe enceinte à 17 ans. La famille, qui connaît le lascar, n’est pas enchantée du mariage qui se prépare. Rien n’y fait. Jacqueline épouse Kléber et les coups commencent à tomber dès la naissance de l’enfant. Jacqueline se sent coupable, accepte, n’ose même pas imaginer de secouer la honte qui s’abat sur elle. Le poids de l’éducation, la crainte du jugement de la société qui l’entoure et à laquelle sa famille, ses enfants en particulier, appartient. C’est l’engrenage. Des vies écrasées sous la férule d’un tyran. Souffrances cachées. Tout le monde sait à Selle-sur-le-Bied, on y craint Norbert Marot, personne n’ose agir. Le maire, les gendarmes viennent le dire à la barre, lors des deux procès. Un témoin déclare : « on pensait que l’inverse allait se produire. On pensait que Norbert tuerait Jacqueline ».

Tenir debout

Jacqueline Sauvage raconte avec simplicité, sans fard, son histoire qu’elle assume, celle de son destin. Ses avocates, les médias, ses comités de soutien ont fait d’elle une icône de la lutte contre la violence faite aux femmes. Cela l’a aidé en prison à « tenir debout ». Ce livre referme cette parenthèse. La taiseuse veut enfin profiter d’une intimité familiale apaisée auprès de ses filles. Un droit que lui a accordé le Président de la République.

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Une leçon à tirer

Pourquoi lire un tel livre, le récit d’une vie en enfer, d’une famille prisonnière de la violence y compris Norbert Marot, qui n’a jamais regardé en face ses démons ? Oui : pourquoi ?

Il faut le lire, parce que sans hargne et avec pudeur, il montre ce que sont maints huis clos familiaux, parce qu’il dit à beaucoup de femmes et sans doute à quelques hommes que la violence intra-familiale est inacceptable, qu’il faut s’en soustraire dès ses premières manifestations et ne pas avoir honte de la dénoncer. Il pose aussi la question de l’amour, de sa force, de son pouvoir sur les comportements, des horreurs qu’il peut nous faire accepter, de ses droits et de ses devoirs.

Les violences conjugales ne sont pas une fatalité. Les deux avocates, Nathalie Tomasini et Janine Bonnaggiunta, qui préfacent le livre, ont raison : face à elle nous avons une responsabilité collective.

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Par Françoise Cariès. MagCentre.

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