Meilleurs livres pour comprendre la mondialisation !

Alors que le populisme gagne du terrain, que le protectionnisme resurgit et que les frontières se crispent, la mondialisation semble plus que jamais remise en question. Pourtant, elle continue de façonner nos vies, souvent à bas bruit. Pour en comprendre les logiques profondes, il faut aller au-delà des slogans et plonger dans les récits et les analyses de celles et ceux qui l’ont pensée, vécue, critiquée. À l’heure où certains rêvent de repli, ces ouvrages offrent des clés pour penser le monde tel qu’il est – complexe, interconnecté, parfois chaotique – mais aussi pour imaginer ce qu’il pourrait devenir. Voici donc notre sélection, certes subjective et non exhaustive, des meilleurs livres pour comprendre la mondialisation !

Géohistoire de la mondialisation

Dans Géohistoire de la mondialisation (Armand Colin, 3e éd., 2023), Christian Grataloup propose une analyse approfondie de la mondialisation à travers le prisme de la géohistoire, combinant les dimensions spatiales et temporelles pour éclairer les dynamiques globales. L’ouvrage retrace la construction du « Monde » depuis la prise de contrôle de l’Amérique par les Européens. Tout en soulignant que d’autres trajectoires étaient possibles, notamment celles initiées par Gengis Khan ou Zheng He.

Grataloup met en évidence l’empreinte persistante de l’européocentrisme dans notre compréhension de l’histoire mondiale. Ainsi, il appelle à une réévaluation des récits dominants. Il souligne également les tensions actuelles entre l’unification économique et la fragmentation politique. L’occasion d’illustrer les contradictions inhérentes à la mondialisation contemporaine.

Récompensé par le prix Ptolémée en 2007 et le prix Jean Sainteny en 2008 , cet ouvrage s’impose comme une référence incontournable pour comprendre les processus de mondialisation dans une perspective longue et multiscalaire.

La Princesse et le Prophète

Dans La Princesse et le Prophète (Seuil, 2004), Shafique Keshavjee, théologien suisse d’origine indienne, propose une fiction engagée sur la mondialisation. Situé à Bombay, le roman met en scène des acteurs variés. Il y a là des cadres de multinationales, des militants altermondialistes, des mendiants, des criminels et des religieux. Mais aussi les figures allégoriques de la princesse et du prophète. À travers ces personnages, Keshavjee explore les tensions entre justice sociale et intérêts économiques. L’occasion d’offrir une critique nuancée de la mondialisation. Son style narratif, mêlant réalisme et symbolisme, invite à une réflexion profonde sur les enjeux contemporains. Ce roman s’inscrit dans la lignée de ses œuvres précédentes, telles que Le Roi, le Sage et le Bouffon. Une façon de poursuivre son engagement pour le dialogue interculturel et interreligieux.

La Folle histoire de la mondialisation en BD

La Folle Histoire de la mondialisation (Les Arènes, 2021) est une bande dessinée didactique coécrite par les économistes Isabelle Bensidoun et Sébastien Jean, et illustrée par Enzo. Elle retrace l’évolution de la mondialisation depuis le XIXe siècle jusqu’à l’ère post-Covid. De plus, elle en aborde les impacts économiques, sociaux et environnementaux. Le récit, structuré en trois parties, combine analyses rigoureuses et illustrations pédagogiques. L’occasion d’expliquer des concepts tels que la conteneurisation, les chaînes de valeur ou la financiarisation.

Le récit prend la forme d’une conversation entre les auteurs dans un café parisien, rendant le contenu vivant et engageant. L’ouvrage a été salué pour sa clarté et sa pertinence. Et reçu le Prix de l’Association Française de Science Économique en 2022.

Dictionnaire critique de la mondialisation

Le Dictionnaire critique de la mondialisation, dirigé par Cynthia Ghorra-Gobin, géographe et directrice de recherche au CNRS, constitue une référence académique majeure pour appréhender la complexité du phénomène de mondialisation. Publié chez Armand Colin en 2012, cet ouvrage collectif mobilise une soixantaine de spécialistes issus de disciplines variées. Il y a là des géographes, des sociologes, des économistes, des anthropologues ; qui analysent les multiples dimensions de la mondialisation.

Structuré autour de 235 entrées thématiques et de courts essais, le dictionnaire explore des notions clés telles que « ville globale », « gouvernance », « gentrification » ou « sécurité alimentaire », tout en intégrant des concepts plus récents comme le « glocal ». Loin d’une approche doctrinale, l’ouvrage propose une lecture critique et nuancée des processus en cours. Ainsi, il met en lumière les tensions entre globalisation économique, transformations sociales et enjeux environnementaux. Il offre ainsi un outil précieux pour les chercheurs, étudiants et décideurs souhaitant comprendre les dynamiques contemporaines à l’œuvre à l’échelle mondiale.

Chine/États-Unis, le capitalisme contre la mondialisation

Dans Chine/États-Unis, le capitalisme contre la mondialisation (La Découverte, 2024), l’économiste Benjamin Bürbaumer analyse la rivalité sino-américaine à travers le prisme du capitalisme contemporain. Il soutient que la Chine, en adoptant le capitalisme, défie désormais l’ordre mondial façonné par les États-Unis, en construisant des infrastructures technologiques, monétaires et physiques qui contournent la domination américaine. Cette stratégie vise à établir une mondialisation sino-centrée, remettant en cause le pouvoir structurel des États-Unis.

L’ouvrage met en lumière les contradictions internes du capitalisme mondial, où la quête de profits alimente des tensions géopolitiques croissantes. Bürbaumer souligne que la Chine, initialement intégrée à la mondialisation sous l’égide américaine, cherche désormais à redéfinir les règles du jeu économique international. Ce livre, salué par la critique, offre une perspective originale sur les dynamiques économiques et politiques qui redessinent l’ordre mondial.

Civilizations

Laurent Binet, lauréat du Grand prix du roman de l’Académie française en 2019, propose avec Civilizations une uchronie audacieuse où l’histoire mondiale est inversée. Divisé en quatre sections imitant des documents historiques — saga nordique, journal de Christophe Colomb, chroniques d’Atahualpa et aventures de Cervantès — le roman imagine un monde où les Incas, menés par Atahualpa, conquièrent l’Europe au XVIe siècle, instaurant un empire tolérant et éclairé. Binet explore les thèmes du colonialisme, de la religion et du pouvoir, tout en offrant une réflexion sur les récits historiques dominants. L’œuvre, saluée pour son érudition et son originalité, a également été récompensée par le Sidewise Award for Alternate History en 2021.

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Hakim Aoudia.