Alfred Dreyfus citoyen de Georges Joumas : le livre de la réhabilitation à la Grande Guerre !

Alfred Dreyfus citoyen de Georges Joumas : le livre de la réhabilitation à la Grande Guerre !

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 3 minutes

S’il est parfois des livres courts qui vous en apprennent plus que des “pavés” d’histoire, c’est bien le cas de ce Alfred Dreyfus citoyen, présenté par son auteur, Georges Joumas, ce jeudi soir à la librairie des Temps Modernes à Orléans. Car ce Alfred Dreyfus citoyen nous décrit le Dreyfus de l’après-affaire, de son retour en 1906 de l’Ile du Diable, où il vient de passer six ans dans les pires conditions, à la déclaration de guerre d’août 1914, pour laquelle il se réengage comme officier malgré son âge (55 ans) et son amitié avec le pacifiste Jaurès, que l’on vient d’assassiner. Alfred Dreyfus citoyen de Georges Joumas aux Éditions Regain de Lecture : le livre de la réhabilitation à la Grande Guerre 1906-1914 !

Un oubli de taille

Car les livres d’histoire nous laissent croire que l’Affaire se termine avec la grâce obtenue par l’accusé le plus célèbre de l’histoire de France et sa réintégration dans l’armée comme officier dans son grade d’origine. Il y a pourtant un oubli de taille dans la loi de réhabilitation de Dreyfus, qui ne prend pas en compte ses douze années passées en détention, brisant sa carrière d’officier. Ses démarches au plus haut niveau, y compris auprès de Clémenceau, pourtant dreyfusard de la première heure, ne lui permettront pas d’obtenir complète réparation et le conduiront à la démission de l’armée en 1907.

Alfred Dreyfus citoyen de Georges Joumas : le livre de la réhabilitation à la Grande Guerre 1906-1914 !

Le transfert des cendres de Zola au Panthéon

Redevenu simple citoyen, Dreyfus n’échappera pas non plus à l’antisémitisme à son égard d’une droite d’autant plus virulente qu’elle ne veut pas s’avouer vaincue dans cette affaire, avec les agressions à répétition, notamment des Camelots du Roi diligentés par l’action Française de Maurras, jusqu’à cette tentative d’assassinat au revolver dans le cortège même du transfert des cendres de son ami Zola au Panthéon. Tentative dont l’auteur sera acquitté dans une parodie de procès d’assises. Il y a aussi ce reproche récurrent de Clémenceau ou de Péguy, jusqu’au-boutistes de la cause, qui soulignent le manque de courage de Dreyfus, qui accepta la grâce plutôt que d’exiger un incertain troisième Conseil de Guerre, confortant ainsi l’image insidieuse du juif soumis.

Des conférence à la Ligue des Droits de l’Homme

Et pourtant, l’officier de réserve Alfred Dreyfus retrouve le cercle des amis qui l’ont soutenu, notamment en fréquentant le salon de la “marquise rouge” (Marie Arconati-Visconti), avec laquelle il entretiendra une longue correspondance et qui tous les jeudis réunit de nombreuses personnalités politiques progressistes et anticléricales. Il milite à la Ligue des Droits de l’Homme, pour laquelle il prononce des conférences pour défendre un syndicalisme nécessaire au progrès social, et sa correspondance révèle aussi une lucidité toute militaire, quant au colonialisme français au Maroc.

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La der des der

S’il s’apparente ainsi plutôt à une gauche modérée, Alfred Dreyfus n’hésite pas à prendre parti publiquement, notamment en signant des pétitions pour défendre le doit syndical et dénoncer une répression souvent féroce des grévistes, y compris quand il s’agit de procès mettant en cause l’armée.

C’est ainsi toute une société qui est dévoilée par le livre de Georges Doumas, juste avant qu’elle ne bascule dans la tragédie de la guerre, mais dont beaucoup d’aspects politiques réapparaîtront finalement assez peu modifiés à l’issue ce qui devait être “la der des der”… Alfred Dreyfus cessera alors toute activité publique, disparaissant dans l’anonymat de l’entre-deux-guerres.

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Par Gérard Poitou. MagCentre.

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