Hayao Miyazaki et le souffle poétique des studios Ghibli fêtent leurs 40 ans d’enchantement animé !

Il y a quarante ans naissaient les studios Ghibli, fruit d’une alliance artistique aussi inespérée qu’incontournable entre Hayao Miyazaki et Isao Takahata. Depuis, leurs œuvres ont traversé le monde comme un vent doux mais puissant, bouleversant notre manière de voir l’enfance, la nature, la guerre et la mémoire. Par la force de ses récits initiatiques et d’un imaginaire sans frontières, Miyazaki a forgé un langage universel. Hayao Miyazaki et le souffle poétique des studios Ghibli fêtent leurs 40 ans d’enchantement animé !

Derrière ses mondes merveilleux,

peuplés de créatures fabuleuses, de machines volantes et de paysages suspendus entre ciel et terre, se cache une pensée humaniste profondément ancrée dans l’histoire japonaise et une volonté de transmettre sans jamais asséner. Ce souffle poétique, hérité autant de Jules Verne que de la mythologie shintoïste, continue aujourd’hui de façonner notre regard sur l’animation et sur le monde. À l’occasion de cet anniversaire, il est temps de revenir sur le parcours du maître, sur les trésors de Ghibli, et sur leur empreinte dans la pop culture contemporaine.

Entre ciel et mémoire, la naissance des studios Ghibli

Hayao Miyazaki naît en 1941 au Japon, en pleine Seconde Guerre mondiale. Cette période de bouleversements façonne un regard marqué par le rejet de la violence, l’amour des avions et un profond pacifisme. Son père travaillait dans une usine fabriquant des pièces d’avion pour l’armée japonaise — une ambivalence qui nourrira plus tard des œuvres comme Porco Rosso ou Le vent se lève.

Après des débuts à la Toei dans les années 60 et 70, où il apprend le métier sur des séries comme Heidi, Lupin III ou Conan, le fils du futur, il signe en 1984 Nausicaä de la Vallée du vent, adapté de son propre manga. Ce film, produit sous la houlette d’Isao Takahata, sera le point de départ des studios Ghibli, officiellement fondés en 1985.

Le nom « Ghibli », qui désigne un vent du désert en Libye, symbolise cette volonté de renouveler l’animation japonaise. Mais aussi de balayer les clichés, de créer des œuvres exigeantes pour tous les publics. Ce vent, Miyazaki ne cessera de le faire souffler sur nos imaginaires.

Des œuvres-paysages, entre merveilleux et quotidien

L’univers des studios Ghibli se distingue par une géographie propre. Chaque film de Miyazaki invente un monde cohérent, structuré, à la fois poétique et tangible. À l’opposé des univers figés, il préfère la fluidité : chez lui, les frontières entre rêve et réalité, nature et technologie, sont toujours poreuses.

Ses récits s’ancrent dans des contextes historiques (la guerre dans Le vent se lève, l’industrialisation dans Princesse Mononoke), tout en empruntant aux contes européens (Le château ambulant) ou aux légendes japonaises (Mon voisin Totoro). Les héroïnes, souvent jeunes filles indépendantes, naviguent entre ces mondes, incarnant l’espoir d’un équilibre possible entre progrès et harmonie naturelle.

Le studio s’est imposé une règle d’or : pas de simplisme. Ni manichéisme, ni morale imposée, mais une éthique subtile, transmise par l’exemple, la contemplation et la poésie. La musique de Joe Hisaishi, les silences éloquents, les ambiances sonores immersives participent à cette expérience sensorielle unique.

Une influence majeure sur la pop culture mondiale

L’empreinte de Ghibli dépasse largement le cadre de l’animation. En dédiabolisant l’animation japonaise aux yeux du public occidental, Miyazaki a ouvert la voie à une reconnaissance artistique sans précédent, notamment avec Le Voyage de Chihiro, premier film d’animation non occidental à recevoir l’Oscar.

Le style « à la Miyazaki » — ses paysages aériens, ses engins volants bricolés, ses héroïnes initiatiques — est devenu une référence pour toute une génération d’artistes, cinéastes ou développeurs de jeux vidéo. De Avatar, le dernier maître de l’air à Zelda, en passant par Ori and the Blind Forest, l’influence est partout. Plus discrète, mais plus profonde que celle des blockbusters hollywoodiens.

Par ses engagements — pour la paix, l’écologie, les droits des femmes — Miyazaki a fait de Ghibli une forme de résistance artistique à la standardisation des imaginaires. Une alternative au cynisme contemporain, une invitation à ralentir, à observer, à rêver autrement. Quarante ans plus tard, le vent de Ghibli continue de souffler. Et il n’a rien perdu de sa force.

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Hakim Aoudia.