Meilleurs Albums de Lalo Schifrin à écouter absolument !

Meilleurs Albums de Lalo Schifrin à écouter absolument !

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 6 minutes

Disparu le 26 juin 2025 à l’âge de 93 ans, Lalo Schifrin laisse derrière lui une œuvre monumentale, à la croisée du jazz, du classique et de la musique de film. Si son nom évoque instantanément le thème culte de Mission Impossible, il serait réducteur de le résumer à ce seul générique devenu mythique. Compositeur argentin d’une rare élégance, Schifrin a marqué le cinéma hollywoodien des années 60 à 80, collaborant avec les plus grands – de Clint Eastwood à Don Siegel – tout en imposant une griffe immédiatement reconnaissable : groove feutré, tensions harmoniques et orchestration ciselée. Des partitions iconiques aux pépites méconnues, voici notre sélection, certes subjective et non exhaustive, des meilleurs albums de Lalo Schifrin à écouter absolument, en vinyle de préférence. L’occasion de célébrer l’héritage d’un compositeur aussi audacieux que novateur.

Playlist des meilleurs Albums de Lalo Schifrin à écouter absolument !

Rendez‑vous dansant à Copacabana

Paru en 1955 chez Vogue, Rendez-vous dansant à Copacabana témoigne des débuts prometteurs d’un jeune pianiste argentin encore inconnu du grand public : Lalo Schifrin. Derrière ce titre au charme suranné se cache un recueil singulier de huit pièces où standards français (Fascination, Les oignons) et airs latins se croisent dans une fusion élégamment orchestrée.

Si la prise de son demeure modeste – mono, 10 pouces oblige – l’ensemble séduit par sa fraîcheur rythmique et son raffinement harmonique. Schifrin, qui signe ici l’arrangement de toutes les plages, y déploie déjà une science de la couleur et une aisance dans la syncope qui annoncent ses futurs chefs-d’œuvre pour le cinéma.

Étiré entre Paris et Rio, entre nocturne et bal populaire, l’album se déguste comme une curiosité exquise, où l’Amérique latine danse sur les trottoirs de Montmartre. Un opus rare, savoureux, à redécouvrir absolument pour mesurer à quel point, dès ses premières armes, Schifrin avait tout d’un grand.

Les Oignons : Lalo Schifrin. (Meilleurs Albums de Lalo Schifrin à écouter absolument !).

Bossa Nova – New Brazilian Jazz

Bossa Nova – New Brazilian Jazz, de Lalo Schifrin, est un jalon essentiel de la rencontre entre le jazz et la musique brésilienne. Sorti en 1962, ce disque pionnier enregistre l’Argentin Schifrin alors qu’il bâtit sa légende après son passage chez Dizzy Gillespie. L’album, mêlant classique (Chega de Saudade, Samba de Uma Nota Só) et compositions originales (Boato, Bossa em Nova York), propose une alliance savoureuse de finesse bossa nova et d’énergie jazz – reflet de l’esprit New‑Yorkais des années 1960.

Côté interprétation, le pianiste brille, soutenu par Leo Wright (alto‑flûte), Christopher White (basse), Rudy Collins (batterie), José Paulo & Carmen Costa (percussions).

En bref, Bossa Nova – New Brazilian Jazz est un pont entre deux mondes : l’élégance minimaliste de la bossa nova et la débauche rythmique du jazz moderniste.

Bossa Em Nova York : Lalo Schifrin. (Meilleurs Albums de Lalo Schifrin à écouter absolument !).

New Fantasy

New Fantasy est enregistré en juin 1964 au mythique Van Gelder Studio et publié sur le label Verve la même année. Cet opus de huit pistes propose un voyage éblouissant à travers des réinterprétations orchestrales audacieuses : de Gershwin à Villa‑Lobos, en passant par Khachaturian, Copland ou Duke Ellington. La rutilance des cuivres, l’élégance des bois (flûte et cor) et le swing impétueux d’un big‑band d’exception (Clark Terry, J. J. Johnson, Jerome Richardson…) créent une atmosphère mêlant souffle classique et énergie jazz.

L’occasion de saluer la puissance orchestrale, le sens de l’espace et la précision de Schifrin dans ses arrangements. Ainsi, loin des sentiers balisés, New Fantasy redécouvre les standards avec panache et modernité, et révèle toute la singularité de son compositeur.

En somme, un assemblage subtil de jazz, de bossa nova, de musique classique et de space age pop, porté par un son immaculé (Rudy Van Gelder aux manettes), dans un écrin big‑band d’élite. Un must pour les amateurs de jazz orchestral… Et pour toute playlist exigeante.

Sabre Dance ; Lalo Schifrin. (Meilleurs Albums de Lalo Schifrin à écouter absolument !).

There’s a Whole Lalo Schifrin Goin’ On

Puissant, audacieux, drôle : There’s a Whole Lalo Schifrin Goin’ On (1968) révèle un compositeur en plein laboratoire créatif. Véritable patchwork de jazz, exotica, pop et expérimentations électroniques, l’album se distingue par son intelligence sonore et son humour décalé. Dès Secret Code Synthesizer, Schifrin unit tabla et synthé, ouvrant une porte vers une esthétique avant-gardiste rare à cette époque.

La musique, souvent satirique, manie les rythmes exotiques et les clins d’œil comiques : Vaccinated Mushrooms emprunte à Frank Zappa, tandis que Life Insurance caricature un jargon administratif sur fond swing. Schifrin, toujours pianiste généreux, orchestre avec finesse un kaléidoscope instrumental — cuivres, percussions, cordes — où chaque titre, de Hawks vs. Doves à Wheat Germ Landscapes, révèle un mini-univers riche, drôle et séduisant.

Un opus surprenant, à contre-courant d’une période dominée par les standards jazz, où Schifrin propose une œuvre ludique, texturée, qui repousse les frontières du genre.

Secret Code : Lalo Schifrin. (Meilleurs Albums de Lalo Schifrin à écouter absolument !).

Black Widow

Lalo Schifrin dévoile avec Black Widow (1976) une incursion audacieuse et sophistiquée entre jazz et disco-funk. Produit par Creed Taylor pour le mythique label CTI, l’album s’ouvre sur le titre éponyme, fusion imparable de groove abyssal et pulsations électroniques dignes d’un dancefloor. Les reprises sont des réinterprétations subtiles : Quiet Village devient un vamp ensorcelant nappé de synthés spatiaux, tandis que Moonglow / Theme from Picnic s’anime d’un beat obsédant, injectant une modernité savamment dosée.

Mais c’est la version funk de Jaws (Les dents de la mer) qui surprend le plus, transformant l’intense thème de John Williams en morceau disco-funk avec sa guitare wah-wah et son piano jazzy. Le line-up – avec Andy Newmark, John Tropea, Hubert Laws et d’autres – assure une précision et une énergie hors norme.

À la croisée d’une jungle rythmique et d’arrangements luxueux dignes d’un grand orchestre, Black Widow se pose comme un sommet de l’œuvre instrumentale de Schifrin.

Black Widow : Lalo Schifrin. (Meilleurs Albums de Lalo Schifrin à écouter absolument !).

Free Ride avec Dizzy Gillespie

Enregistré à Hollywood en janvier‑février 1977 pour le label Pablo, Free Ride marque le retour complice entre Dizzy Gillespie et Lalo Schifrin, quinze années après leur collaboration sur The New Continent . Schifrin, déjà célèbre pour ses partitions mémorables (Bullitt, Mission Impossible), compose, arrange et dirige une formation habitée par l’esprit funk‑soul de l’époque, agrémentée de synthés ARP et guitares wah‑wah, incarnés notamment par Wah Wah Watson, Lee Ritenour ou Ray Parker Jr..

Désireux de séduire un large public, Schifrin mêle groove entraînant (Fire Dance, Ozone Madness), orchestrations généreuses et soul-jazz, sans oublier la trompette audacieuse de Gillespie. Le duo retrouve une alchimie subtile, avec des titres comme Love Poem for Donna, où l’émotion de Gillespie s’impose avec grâce.

Free Ride est un album au double visage, oscillant entre un grand spectacle pop‑jazz et la sophistication d’un big band. Un voyage sonore, où l’âme bebop de Gillespie rencontre la sensibilité cinématographique de Schifrin.

Unicorn : Dizzy Gillespie & Lalo Schifrin. (Meilleurs Albums de Lalo Schifrin à écouter absolument !).

Mission Impossible… And More!

Mission Impossible… And More! – The Best of Lalo Schifrin 1962‑1972 est une compilation éditée par Motor Music (1996). Elle réunit 18 titres essentiels : du célèbre Mission Impossible au groove bossa nova de Lalo’s Bossa Nova, en passant par l’électrisant Bullitt (Main Title) et la tension cuivrée de Dirty Harry. Plus qu’un simple best‑of, l’album révèle la richesse de Schifrin entre 1962 et 1972 : jazz‑funk, latin‑jazz, musiques de film et variations sophistiquées sur thèmes cultes.

Lalo Schifrin y conjugue virtuosité pianistique, arrangements élégants et inventivité rythmique – le légendaire 5/4 du thème Mission Impossible en tête, un bijou d’audace rythmique aujourd’hui immortalisé au Grammy Hall of Fame. Les amateurs de jazz et de cinéma y retrouveront des perles rares, certaines inédites sur CD, à l’instar de Anpacondra Soul ou The ‘In’ Crowd.

S’il ne fallait en garder qu’un, ce serait celui-là : une synthèse magistrale de l’univers de Lalo Schifrin, entre swing, tension orchestrale et élégance cinématographique.

Bullitt (Main Title) : Lalo Schifrin. (Meilleurs Albums de Lalo Schifrin à écouter absolument !).

Le vinyle, une culture

Si vous n’avez pas encore succombé au retour du vinyle, qui n’a par ailleurs jamais disparu, il est temps de vous y mettre. Bien plus qu’un simple objet, il séduit de plus en plus, néophytes et passionnées, par la qualité de ses pochettes, sa fidélité sonore et la richesse du son. De plus, il permet de se réapproprier l’instant et de prendre le temps.

Tout commence par ce petit rituel, où l’on choisit son disque, puis on extrait la galette de sa pochette et de son étui en plastique. Il faut ensuite la poser sur la platine, positionner soigneusement l’aiguille, savoir apprécier son crépitement si caractéristique, s’asseoir et écouter, en parcourant la jaquette.

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Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne écoute.

Hakim Aoudia.

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