Meilleurs livres de Jean d’Ormesson à lire absolument !

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. » Jean d’Ormesson n’a jamais vraiment quitté le cœur des lecteurs. Avec son élégance d’esprit, son amour éperdu des mots et de la vie, il a laissé une œuvre lumineuse, mêlant érudition, légèreté et profondeur. À l’occasion du centenaire de sa naissance, voici notre sélection, certes subjective et non exhaustive, des meilleurs livres de Jean d’Ormesson à lire absolument ! En effet, lire d’Ormesson, c’est ouvrir une porte sur la beauté du monde, sans jamais perdre de vue sa complexité. Une œuvre solaire à (re)découvrir, entre sourire et gravité.

Œuvres I, II

Jean d’Ormesson, figure singulière de l’Académie française, entre de son vivant dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade avec « Œuvres I, II », parus respectivement en 2015 et 2018 chez Gallimard. Sous la houlette de Philippe Berthier et Bernard Degout, enrichis par une préface de Marc Fumaroli, ces deux volumes révèlent l’unité profonde d’une œuvre bâtie sur le temps – historique, individuel, métaphysique.

Le tome I réunit ses premiers succès, de La Gloire de l’Empire aux récits autobiographiques, avec une constance stylistique et ces « clins d’œil » à ses œuvres antérieures. Le tome II, choisi par l’auteur, propose ses « cosmogonies » – La Douane de mer, C’est une chose étrange… – et se conclut sur le poignant Je dirai malgré tout que cette vie fut belle.

Ce coffret Pléiade, luxueux et érudit, offre une plongée dans l’univers ormessonnien, où l’amour du temps, l’histoire et la conversation se tressent en une prose élégante, méditative et parfaitement alignée avec l’âme littéraire de Libération.

Je dirai malgré tout que cette vie fut belle

Dans Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, Jean d’Ormesson conduit le lecteur dans un procès intime où son « Petit‑Moi » se débat devant un « Sur‑Moi » exigeant. Cinquante ans de souvenirs valsent avec élégance : diplomatie, littérature, l’Italie au volant un vendredi soir. Ce récit‑écho d’Aragon, où classicisme et modernité se télescopent, révèle un homme érudit, tour à tour charmeur, taquin, lucide.

La plume, mi‑légère, mi‑grave, s’irise de digressions enjouées — anecdotes, passion, nostalgie — dans une écriture pleine de souffle, fidèle à l’esprit de son auteur. Au‑delà du faste, apparaît l’homme : fragile, conscient du temps, mais décidé à chanter le bonheur, même quand le monde vacille.

Ce n’est pas un simple mémorial – plutôt une ode vibrante à la vie, un testament philosophique, écrit pour rappeler que la beauté, malgré tout, demeure. Un ouvrage lumineux et intemporel.

Guide des égarés

Dans Guide des égarés, paru en 2016 chez Gallimard, Jean d’Ormesson signe un court essai poétique et lumineux. En 29 chapitres concis, l’Académicien interroge le mystère de notre présence au monde — « Qu’est‑ce que je fais là ? » — et fouille les thèmes du temps, de la lumière, de l’eau, de la mort, jusqu’à l’écho de Dieu. Ainsi, fidèle à sa verve, il mêle gai savoir et profondeur, sans austérité — un « vade‑mecum » de l’existence, selon Étienne de Montety dans Le Figaro. Ce « manuel portatif », comme il l’appelle lui‑même, n’est pas un traité philosophique rigoureux, mais une méditation légère sur les grandes énigmes humaines. À travers un style à la fois limpide et élégant, il offre un éclat de sagesse qui, page après page, guide le lecteur égaré vers un émerveillement renouvelé.

Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit

Dans Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit, Jean d’Ormesson signe une confession élégante, tendre et intemporelle. Publié en 2013, ce triptyque invite à une « randonnée dans la beauté du monde », oscillant entre réflexions existentielles et anecdotes savoureuses. L’auteur y interroge la fragilité humaine, l’amour, la foi, et derrière la façade érudite, transparaît un homme qui écrit comme un ami qui murmure à l’oreille. Ses chapitres courts offrent une lecture fluide, accessible, tout en conservant sa profondeur philosophique.

Ce livre se distingue par la grâce d’un style limpide, la légèreté d’une plume alerte et la puissance d’une âme qui refuse le silence du départ, fidèle à sa quête de sens. Équilibre rare entre érudition et humanité, il s’inscrit dans l’œuvre d’un académicien célébré pour sa capacité à transformer l’ordinaire en poésie.

Au plaisir de Dieu

Évoquant le déclin élégant d’une noblesse en mutation, Au plaisir de Dieu (Gallimard, 1974) de Jean d’Ormesson dépeint avec lyrisme et justesse le destin d’une famille aristocratique, les Plessis‑Vaudreuil. Le roman embrasse la première moitié du XXᵉ siècle, de la Belle Époque à Mai 68, retraçant l’effondrement des valeurs ancestrales et l’épuisement d’un monde en pleine transformation.

Sous une plume à la fois sensible et érudite, l’auteur s’attache moins aux péripéties qu’au climat, aux habitudes, aux silences d’un univers figé mais vibrant. Le roman devient alors chronique du quotidien, où le banal révèle sa profondeur : « c’est le banal qu’il faut montrer… dompteur d’évidence ».

Adoptant un ton mêlant distance critique, élégance de l’expression et nuances psychologiques — ce conte familial offre un miroir subtil du XXᵉ siècle français. Cette fresque, adaptée à la télévision en 1976, reste une œuvre majeure conjuguant mélancolie, art de vivre et métaphysique du temps.

Presque rien sur presque tout

On entre dans Presque rien sur presque tout par une porte discrète : celle de l’éclat du savoir et la douceur de la formule de Jean d’Ormesson. Dans ce roman pamphlet publié chez Gallimard en 1996, il tisse une fresque où se croisent cosmos et humanité, gravité scientifique et légèreté autobiographique.

Il y explore avec malice l’immensité du Big Bang, la montée des sociétés, la quête de Dieu, et révise le sentiment d’infiniment grand à l’aune de l’intime. Son verbe, exempt de la verve prétentieuse des grands discours, privilégie l’énumération ciselée, les détours philosophiques volontiers rassurants. Le titre, dont la tonalité modeste se fait force poétique, reflète parfaitement la structure : presque rien (le fragment) sur presque tout (l’univers).

Avec élégance et légèreté, d’Ormesson transforme la nébuleuse des savoirs en confidences ; et fait lecture de l’infini sans jamais épuiser le mystère. Son style, sobre et accessible, confère à cette méditation une fraîcheur quasi miraculeuse, où chaque phrase se fait caresse pour l’esprit.

Un hosanna sans fin

Un hosanna sans fin, de Jean d’Ormesson, est un ultime voyage métaphysique, subtil et profondément humain. Publié à titre posthume en novembre 2018 aux Éditions Héloïse d’Ormesson, ce « testament » prolonge sa trilogie (après Un chant d’espérance et Guide des égarés) et interroge, dans une prose alerte, la question essentielle : « Que fais‑je là ? ».

À 92 ans, l’académicien manie la science, l’histoire, la philosophie : il frôle l’absolu tout en cultivant le doute. On y trouve une espérance nuancée, oscillant entre agnosticisme et désir de croire, dans une langue claire et douce‑amère : « La foi est un bonheur », confie-t-il.

Ce court essai (142 pages) se lit comme un plaidoyer pour l’espérance : un hosanna répété, à la fois chant de joie et cri d’adieu. Un hommage littéraire à la vie, au mystère, à la fin sans cesse recommencée.

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Hakim Aoudia.