Meilleurs livres de Philippe Labro à lire absolument !

Philippe Labro, figure incontournable des lettres et des médias français, s’est éteint le 02 juin 2025, laissant derrière lui une œuvre riche et marquante. Journaliste, écrivain, réalisateur, parolier et homme de radio, Labro a traversé les époques avec une plume élégante et une lucidité rare sur le monde. Ses récits mêlent autobiographie, observation sociale et introspection, avec une sensibilité toujours extrêmement juste. Plongez dans les ouvrages d’un auteur qui a su capter l’âme d’une époque, avec une voix singulière et profondément humaine. Voici donc notre sélection, certes subjective et non exhaustive, des meilleurs livres de Philippe Labro (1936-2025) à lire absolument. L’occasion de (re)découvrir un homme qui n’a jamais cessé de raconter le monde avec intelligence, tendresse et lucidité.

L’étudiant étranger

Paru en 1986, L’Étudiant étranger de Philippe Labro s’impose comme un récit d’initiation sensible et maîtrisé. Un texte où l’élégance de la langue épouse la finesse de l’observation. Sous les atours d’un roman autobiographique, l’auteur livre un tableau nuancé de l’Amérique ségrégationniste des années 1950, vue à travers les yeux d’un jeune Français dérouté et curieux.

La force du texte réside dans sa capacité à conjuguer l’émoi intime — premiers émois amoureux, vertige de l’exil — et le regard lucide d’un témoin étranger face aux fractures raciales et sociales d’un pays idéalisé. La relation interdite entre le narrateur et April, institutrice noire, donne au récit une tension à la fois politique et émotionnelle, sans jamais céder au didactisme.

Avec L’Étudiant étranger, Labro signe un roman subtil et attachant, où l’apprentissage de la liberté se joue autant dans les livres que dans les silences des non-dits.

Tomber sept fois, se relever huit

Dans Tomber sept fois, se relever huit, Philippe Labro livre une introspection saisissante sur sa traversée de la dépression entre 1999 et 2001, période où il était pressenti pour diriger RTL. Ce récit autobiographique, publié chez Albin Michel en 2003, s’ouvre sur une plongée brutale dans « la broyeuse » — métaphore de cette maladie insidieuse qui ronge l’estime de soi et le désir de vivre . Labro, avec une prose épurée et pudique, décrit la perte de repères, les traitements médicamenteux, et les séjours hospitaliers, tout en rendant hommage au soutien indéfectible de ses proches. Loin d’un pathos stérile, l’ouvrage s’érige en manifeste d’espérance, illustrant que la résilience peut émerger des ténèbres les plus profondes. Ce témoignage, à la fois personnel et universel, éclaire avec justesse les méandres de la dépression, offrant au lecteur une lueur d’espoir et une compréhension accrue de cette épreuve silencieuse.

Deux gimlets sur la 5ᵉ Avenue

Dans Deux gimlets sur la 5ᵉ Avenue, Philippe Labro orchestre une méditation élégiaque sur l’amour et le temps, entre Paris et New York, de 1961 à 2001. Lucas et Élisabeth, amants séparés par la jeunesse, se retrouvent quatre décennies plus tard, à l’ombre des tours effondrées du World Trade Center. Le roman, construit comme une « novella », alterne les époques avec une précision cinématographique, évoquant les bouleversements de l’Occident à travers le prisme d’une relation intime. Labro, fidèle à son style, mêle souvenirs personnels et fiction, offrant une réflexion sur la nostalgie et la transformation des êtres par le temps. Un récit sobre et poignant, où chaque détail, tel le gimlet partagé au Sherry Netherland, devient symbole d’une époque révolue et d’un espoir renaissant.

Écrits américains

Dans Écrits américains, Philippe Labro offre une fresque littéraire dense et nuancée des États-Unis, fruit de décennies d’immersion journalistique et romanesque. Publié dans la prestigieuse collection « Quarto » de Gallimard, cet ouvrage rassemble romans, récits et chroniques, témoignant de son regard affûté sur une Amérique en perpétuelle mutation.

De son expérience d’étudiant en Virginie dans les années 1950 à sa couverture de l’assassinat de Kennedy, Labro explore les paradoxes d’une nation oscillant entre grandeur et désillusion. Ses portraits incisifs de figures emblématiques, tels Mohamed Ali ou Stanley Kubrick, enrichissent cette traversée du XXe siècle américain.

Salué par la critique, Éric Neuhoff du Figaro Littéraire le qualifie de « passionnant », tandis que François Busnel de Paris Match y voit « le plus subtil portrait de ce pays que nous préférons encore trop souvent fantasmer plutôt que connaître ».

Écrits américains s’impose ainsi comme une œuvre essentielle pour appréhender les complexités de l’Amérique contemporaine à travers le prisme d’un observateur éclairé.

Le petit garçon

Dans Le Petit Garçon (Gallimard, 1990), Philippe Labro livre un récit d’enfance empreint de délicatesse et de gravité. Ancré dans le sud-ouest de la France durant la Seconde Guerre mondiale, le roman dépeint, à travers les yeux d’un enfant, la transformation d’une villa familiale en refuge pour des persécutés, puis en demeure occupée par les forces allemandes. Cette narration, à la fois intime et universelle, explore les thèmes de l’innocence confrontée à l’horreur, de la résilience familiale et de la perte du paradis de l’enfance. Labro, avec une prose limpide et sincère, évoque des figures marquantes telles que Dora, la réfugiée juive allemande, et Sam, le jeune professeur aux manières singulières, enrichissant le tableau d’une époque troublée. Ce roman, considéré comme une œuvre autobiographique, s’inscrit dans une trilogie introspective aux côtés de L’Étudiant étranger et Un été dans l’Ouest, offrant une méditation profonde sur la mémoire et l’identité.

Un été dans l’Ouest

Dans Un été dans l’Ouest (Gallimard, 1988), Philippe Labro offre un roman d’apprentissage vibrant, inspiré de sa propre jeunesse américaine. Suite de L’Étudiant étranger, ce récit suit un étudiant français de 19 ans, surnommé « Frenchy », qui traverse les États-Unis en auto-stop pour travailler dans les forêts du Colorado. Là, il découvre une nature sauvage, des personnages énigmatiques et vit une passion éphémère avec Amy, incarnation de la liberté.

Labro dépeint avec finesse la quête initiatique de son héros, confronté à la rudesse du travail forestier et à la complexité des relations humaines. Son écriture, empreinte de nostalgie et d’authenticité, évoque les grands espaces américains et les tourments de l’adolescence. Ce roman, salué par le prix Gutenberg des lecteurs en 1988, s’impose comme une œuvre majeure de la littérature française contemporaine, explorant les thèmes universels de la liberté, de l’amour et de la quête de soi.

On a tiré sur le Président

Dans On a tiré sur le Président, Philippe Labro livre un témoignage saisissant de l’assassinat de John F. Kennedy, événement qu’il a couvert en tant que jeune journaliste présent aux États-Unis en novembre 1963. Son récit mêle habilement reportage, introspection et analyse, offrant une perspective unique sur cette tragédie historique.

Labro décrit avec précision l’atmosphère chaotique de Dallas, les réactions contrastées de la population et ses rencontres marquantes, notamment avec Lee Harvey Oswald et Jack Ruby. Son style narratif, à la fois journalistique et littéraire, confère au récit une intensité particulière, rendant palpable la tension de ces journées historiques.

Au-delà du simple compte rendu, l’auteur propose une réflexion sur l’Amérique des années 1960, mettant en lumière ses contradictions et ses fractures sociales. Il aborde également les diverses théories entourant l’assassinat, exprimant sa conviction qu’Oswald a agi seul, tout en reconnaissant la complexité de l’affaire.

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Hakim Aoudia.