Miles Davis et la quête du son de Dave Chisholm : une BD en syncope graphique !

Miles Davis et la quête du son de Dave Chisholm : une BD en syncope graphique !

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 3 minutes

C’est une BD comme un solo d’improvisation — tendue, éclatée, habitée. Dans Miles Davis et la quête du son, Dave Chisholm — trompettiste lui-même, ce n’est pas rien — s’attaque à l’un des plus grands musiciens du XXe siècle. Pas une biographie linéaire, mais un roman graphique éclaté, à la manière du sujet. Du son avant toute chose. De l’obsession comme seul horizon. De la couleur comme prolongement du souffle. Miles Davis ne parlait pas musique, il parlait visions, énergie, tension, peinture. Et Chisholm l’a bien compris : dans ce livre, l’encre vibre comme une embouchure, la page devient caisse de résonance. Un hommage exigeant, mais jamais figé — plutôt une quête, donc. Celle d’un homme qui a passé sa vie à fuir ce qu’on attendait de lui. Miles Davis et la quête du son de Dave Chisholm aux Éditions Glénat : une BD en syncope graphique !

Miles Davis : l’échappée permanente

Il disait : « Le son, c’est moi. » Pas un « ego trip« , une vérité. Miles Davis ne jouait pas de la trompette. Il soufflait ses démons, ses visions, ses silences. On le résume trop vite à Kind of Blue, au cool jazz, au noir et blanc. Il est pourtant l’artiste de toutes les métamorphoses, de toutes les fuites en avant. Bebop, modal, électrique, bruitiste. Ce n’est pas un style, c’est un mouvement. Un refus de stagner. Quand les autres réinventaient le passé, lui s’acharnait à inventer demain. Même au prix de la rupture, de l’oubli de ses propres chefs-d’œuvre.

Miles Davis et la quête du son de Dave Chisholm aux Éditions Glénat : une BD en syncope graphique !
Miles Davis et la quête du son de Dave Chisholm aux Éditions Glénat : une BD en syncope graphique !

Miles, c’est aussi un homme difficile : mutique, blessant, ultra-exigeant. Dévoré par la came, la colère, la solitude. Légende torturée, trop souvent réduite à un cliché de génie maudit. Et pourtant : jamais le son n’a menti. C’est ce paradoxe-là — celui d’un homme devenu pure musique — que Chisholm attrape. Il fallait un musicien pour ça. Un qui sache ce que ça coûte, le son.

Miles Davis et la quête du son de Dave Chisholm aux Éditions Glénat : une BD en syncope graphique !
Miles Davis et la quête du son de Dave Chisholm aux Éditions Glénat : une BD en syncope graphique !

Un livre qui ne se lit pas : il s’écoute

Dans Miles Davis et la quête du son, pas de linéarité tranquille. On entre par la fin — l’accident, la main paralysée, le silence. Et puis, à rebours, comme un solo de contrebasse, le récit remonte. En éclats. Le dessin s’étire, explose, se brouille. Pas de cases sages ici : la bande dessinée épouse les accidents de parcours, les syncopes du jazz.

Miles Davis et la quête du son de Dave Chisholm aux Éditions Glénat : une BD en syncope graphique !
Miles Davis et la quête du son de Dave Chisholm aux Éditions Glénat : une BD en syncope graphique !

Dave Chisholm connaît son sujet. Il ne plaque pas un récit illustré sur une carrière glorieuse. Mais le compose. Le transpose. Il traduit l’intensité sonore en matière visuelle. Certaines planches sont à lire comme des partitions : déstructurées, sauvages, libres. Le bleu de Kind of Blue, le feu de Bitches Brew, les ombres du silence. Ainsi, on entend les dissonances. On voit le rythme. On ressent le vertige.

Radioactive : Dave Chisholm. (Miles Davis et la quête du son de Dave Chisholm : une BD en syncope graphique !).

Préfacée par Erin Davis, la BD puise aussi dans les mots du musicien, sans fard, sans hommage compassé. Miles Davis était un génie, oui. Mais un génie fuyant, contradictoire, parfois exécrable. Ce livre le montre — non pour l’absoudre, mais pour le comprendre. Et au fond, qu’attendre de mieux d’un roman graphique sur un homme qui voulait que sa musique “ne ressemble à rien d’autre” ? Mission accomplie.

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Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne écoute.

Hakim Aoudia.

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