American Sniper de Clint Eastwood, ou le film d’une guerre de trop qui a bien eu lieu !

American Sniper de Clint Eastwood, ou le film d’une guerre de trop qui a bien eu lieu !

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 2 minutes

Comme son nom l’indique, il s’agit d’un film américain, alors n’attendons pas une quelconque analyse sur cette guerre de trop que fut la deuxième guerre d’Irak. Et même si Clint Eastwood s’était rangé dans le camp des peu nombreux américains qui contestèrent cette guerre, son film, et son succès au box office américain nous le rappelle, c’est d’abord le film d’une guerre vue au travers du viseur de ce sniper meurtrier, élevé au statut de héros national. American Sniper de Clint Eastwood avec Bradley Cooper, ou le film d’une guerre de trop qui a bien eu lieu !

Une mise en scène bluffante de réalisme

La mise en scène est bien sûr bluffante de réalisme, les combats de rues dans ce décor irakien déshumanisé, où l’hostilité est partout, sont filmés avec une rare intensité. Jusqu’à cette scène fantomatique du dernier combat dans la lumière orangée d’une tempête de sable. Et comme souvent, dans ce genre de film, on sort avec un sentiment de culpabilité d’avoir tant vibré devant cette violence meurtrière.

On tire beaucoup et l’on réfléchit peu

Car on tire beaucoup et l’on réfléchit peu dans ce film, même si comme tout véritable héros, notre sniper a parfois des états d’âme dans son quotidien de tueur. Ainsi, quelques scènes se chargent de nous rappeler la barbarie de l’adversaire, histoire de clore tout débat sur la légitimité de cette invasion militaire. Notre héros a aussi quelques difficultés passagères à retrouver la vie civile et familiale, vite diluées dans l’american way of life, où le barbecue soude la vie sociale à l’ombre du drapeau étoilé.

American Sniper de Clint Eastwood avec Bradley Cooper, ou le film d’une guerre de trop qui a bien eu lieu !

Un film d’une profonde vérité

Reste un film d’une profonde vérité sur le rapport des américains à la guerre et au monde, illustré par cette parabole triviale de la brebis, du chien et du loup qui ouvre le film. Karl Marx, dit-on, préférait le conservateur Balzac pour comprendre la société française du XIXième, plutôt que Zola avec ses présupposés naturalistes. Ainsi, contrairement à un Michael Moore qui dénonce, Clint Eastwood décrit sans a priori, cette fascination des armes à feu inculquée dès l’enfance aux jeunes texans, avec cette scène insistante de chasse qui se répète à l’identique dans le film.

Une fin étrange

Clint Eastwood nous raconte ici, presque naïvement, la réalité d’une Amérique telle qu’elle se pense et se vit aujourd’hui pour l’immense majorité des citoyens de cette nation dominatrice.

Et puis, il y a cette fin étrange de notre héros, fin qui remet toute cette belle histoire en cause, où le triomphe de l’arme à feu se transforme soudain en triomphe de la mort, avec la seule détonation que l’on n’entendra pas: “Ceux qui prendront l’épée périront par l’épée.” (Matthieu).

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Par Gérard Poitou. MagCentre.

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