Meilleurs livres de Roger Nimier à lire absolument !

À l’occasion du centenaire de sa naissance, Roger Nimier (1925-1962) reparaît dans les rayons et les conversations comme l’irrévérencieux maître des « Hussards » — ce jeune écrivain qui, à vingt-cinq ans, imposa un ton caustique et mélancolique à la littérature française. Du brûlot tendre Le Hussard bleu aux recueils plus âpres comme Les Épées, en passant par Les Enfants tristes, se condensent l’ironie, la nostalgie et l’élégance stylistique de l’auteur. Ces œuvres, courtes et ciselées, offrent une porte d’entrée idéale pour comprendre un écrivain qui n’aimait ni le didactisme ni les grands discours, mais savait peindre la jeunesse en éclats et en désillusions. Voici donc notre sélection, certes subjective et non exhaustive, des meilleurs livres de Roger Nimier à lire absolument !

Œuvres

Dans Œuvres, édition de Marc Dambre (Quarto, Gallimard), Roger Nimier se dévoile dans toute sa complexité : romancier, essayiste, critique, homme de lettres mais surtout esprit discordant et singulier dans le paysage littéraire d’après-guerre. Ce volume rassemble les grands romans — Le Hussard Bleu, Les Épées, Les Enfants tristes, entre autres — mais aussi les essais, les chroniques, les prises de position qui firent grincer les consciences. Nimier y oppose l’éclat d’un style néoclassique à la confusion morale de son époque : il hait le simplisme, interroge le courage individuel, et revendique la liberté — celle de dire tout haut ce que d’autres taisent. Sous la plume de Nimier, le monde n’est ni noir ni blanc, mais un amphithéâtre d’ombres où le doute, la nostalgie, la mélancolie s’allient à une ironie aristocratique. Un manifeste : celui d’une littérature en quête de vérité et d’élégance, dans la turbulence historique.

Le Hussard bleu

Le Hussard bleu, paru en 1950 chez Gallimard, est sans doute l’œuvre fondatrice de Roger Nimier – celle qui le propulse à vingt-cinq ans parmi les voix majeures d’après-guerre, tout en donnant son nom au courant littéraire des « Hussards ». L’action se déroule en 1945 : un peloton de hussards français pénètre en Allemagne la guerre terminée mais l’occupation à peine entamée. Le récit adopte une architecture chorale, construite autour de monologues intérieurs, où se croisent les pensées d’un gradé vichyste, du brigadier Casse-Pompons, de Saint-Anne (le hussard bleu lui-même), de Los Anderos, du séduisant Sanders, et d’autres encore. Ces voix multiples, parfois contradictoires, rendent palpable le chaos moral, la nostalgie, la violence et le charme du désenchantement.

Plus qu’une chronique de guerre, Le Hussard bleu est une méditation sur le romantisme déplacé, sur l’honneur et sur la jeunesse aux prises avec des idéaux effrités. Le style de Nimier mêle ironie, séduction et lucidité : sa langue se fait tour à tour cinglante, lyrique, crue, sensible.

Les Enfants tristes

Paru initialement en 1951 chez Gallimard, Les Enfants tristes impose Roger Nimier comme chroniqueur des tourments d’une jeunesse de l’après-guerre, en proie à ses désirs et à ses renoncements. Le roman aborde trois séquences charnières : celle d’un adolescence rebelle au sein d’une famille bourgeoise, le temps de la guerre et ses absences (ou ses mensonges), puis la quête d’un amour contrarié, incarnée dans les personnages de Dominique et Catherine. Olivier Malentraide, narrateur et alter ego de l’auteur, incarne ce jeune dandy lucide : il manifeste une sécheresse passionnée, un goût pour la provocation, et un sens aigu du détail qui perce l’ennui social.

Le style de Nimier est fluide mais mordant, ironique sans complaisance, capable de saisir la grâce fugitive de la mélancolie.

Perfide

Perfide, publié en 1950 chez Gallimard dans la collection Blanche, apparaît comme l’un des romans les plus singuliers de Roger Nimier. Dès ses premières pages, ce récit grave et burlesque mêle l’enfance, l’adolescence et la politique pour dresser le portrait d’une France d’après-guerre à la fois délirante et désabusée. On y suit un groupe de collégiens de quatorze ans — Perfide, Melba, Fronceville, Léon — qui s’adonnent à leurs vices naissants : poker, courses, explorations interdites, petits scandales. Leurs parents, au pouvoir ou dans le confort bourgeois, ne paraissent guère plus mûrs : président du Conseil ou dirigeant d’entreprise, ils partagent presque les mêmes désirs que leurs enfants. Avec Nimier, la scène familiale se prolonge en assemblée nationale, et la séance parlementaire devient classe chaotique. La satire politique se glisse dans l’intime, la comédie dans le drame social.

Les Épées

Les Épées, premier roman de Roger Nimier publié en 1948 chez Gallimard, est le coup de tonnerre qui révèle une voix nouvelle à vingt-trois ans. Dans ce récit âpre et troublant, Nimier met en scène François Sanders, jeune homme hanté par la guerre : d’abord résistant, bientôt milicien, il est surtout en proie à ses propres blessures, à ses obsessions — amour incestueux pour sa sœur Claude, rêves de violence, quête de pureté en plein chaos moral.

Le style est vif, nerveux, presque hallucinatoire : souvenirs fragmentés, atmosphère désorientée, pulsions contradictoires se confondent au gré des pages. Nimier refuse la clarté tranquille, brave le malaise, met le lecteur face à un portrait d’adolescent blessé, et pourtant lucide.

Soutenez-nous

Nous vous encourageons à utiliser les liens d’affiliation présents dans cette publication. Ces liens vers les produits que nous conseillons, nous permettent de nous rémunérer, moyennant une petite commission, sur les produits achetés : livres, vinyles, CD, DVD, billetterie, etc. Cela constitue la principale source de rémunération de CulturAdvisor et nous permet de continuer à vous informer sur des événements culturels passionnants et de contribuer à la mise en valeur de notre culture commune.

Hakim Aoudia.