La Fondation Cartier expose Sally Gabori.
Du 03/07/2022 au 06/11/2022
Paris
La Fondation Cartier pour l’art contemporain met à l’honneur l’artiste aborigène Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori, pour la première fois en France, du 3 juillet au 6 novembre 2022.
Une histoire douloureuse
Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori nait vers 1924 à Bentinck, une ile isolée à l’extrême nord du Queensland, en Australie.

Son nom complet est lié à son lieu de naissance, Mirdidingki, une petite crique située dans le sud de l’île, combiné à son nom d’ancêtre totémique Juwarnda, qui veut dire dauphin.
Issue du peuple kaiadilt, elle vivra dans cette communauté insulaire d’une centaine d’habitants, jusqu’à ce qu’en 1948, ils soient évacués par des missionnaires presbytériens, sur l’île de Mornington.
Là, on séparera les adultes des enfants et on leur interdira l’usage de leur langue maternelle.
Dès la fin des années 1960, de nouvelles lois reconnaissent les droits civils et territoriaux des aborigènes.
En 1992, la décision Mabo met fin à la doctrine de la terra nulius, élargissant encore le spectre de la reconnaissance des droits aborigènes.
La Haute Cour d’Australie adoptera ainsi le Native Title Act, qui redonnera la possession de leurs terres ancestrales aux aborigènes : les Kaiadilt récupérant les droits exclusifs de leur terre en 2004.
Une vocation tardive
Sally Gabori commence à peindre en 2005, à l’âge de 80 ans.
Elle vit, à l’époque, dans une maison de retraite et se rend régulièrement au centre d’art de Gununa, qui organise des ateliers de peinture.
Sa première exposition a lieu, quelques mois plus tard, à la Woolloongabba Art Gallery de Brisbane.
En 2006, elle intègre une grande institution culturelle : la Queensland Art Gallery.
Suivrons de nombreux autres expositions et prix, jusqu’en 2014, où elle reçoit commande d’une œuvre destinée à l’aéroport international de Brisbane.

Elle décède en février 2015 sur l’île Mornington.
Un art ancestral
Expression contemporaine d’une culture ancestrale datant de près de 60 000 ans, l’art aborigène touche chacun d’entre nous parce qu’il est l’expression de cette quête, d’une humanité en harmonie avec la nature.
On pourrait aisément décrire le travail de Sally Gabori comme de l’art abstrait ; c’est vrai et faux, à la fois.
Cette représentation apparemment abstraite, raconte une histoire, une terre, des paysages, une nature, un peuple, dont elle fait partie.

Ses tableaux merveilleusement colorés sont une topographie, une cartographie de ses souvenirs, de sa culture, de ses croyances : une expression pure.
Ses toiles suscitent immanquablement une double lecture : à distance, une apparente simplicité et en se rapprochant, la révélation d’un mouvement, de reliefs et d’une gestuelle puissante.
Un véritable choc.
Rosa Tandjaoui.
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