Émeutes, révoltes, soulèvements, troubles et autres rébellions !

Avec la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre mardi dernier, réapparaissent les notions d’émeutes, de révoltes, de soulèvements, de troubles et autres rébellions ! Ces violences urbaines sont des phénomènes qui peuvent surgir dans nos sociétés, souvent en réponse à des injustices sociales, des tensions ethniques ou des frustrations accumulées. Il nous semble intéressant d’explorer ces notions d’émeutes, de révoltes, de soulèvements, de troubles et autres rébellions, en nous appuyant sur les livres, le cinéma et la musique, qui offrent des perspectives profondes et nuancées sur ces problématiques et permettent d’éclairer ces sujets souvent complexes.

Bien que ces mots soient souvent utilisés de manière interchangeable, ils portent en réalité des nuances sémantiques. En effet, celle-ci qui permettent de mieux comprendre la nature et le contexte de chaque mouvement de contestation. Nous allons d’abord explorer ces termes et examiner leurs différences subtiles. Tout en soulignant leur importance dans la compréhension des événements sociaux et politiques.

Émeutes

Les émeutes font généralement référence à des manifestations collectives de violence et de désordre public, souvent caractérisées par des actes de vandalisme, des pillages et des affrontements avec les forces de l’ordre. Elles se déclenchent souvent en réponse à des tensions sociales, économiques ou politiques et peuvent être le résultat d’un sentiment d’injustice profondément ressenti par une partie de la population. Les émeutes sont souvent spontanées et éphémères, se produisant dans des moments de crise et d’instabilité.

Révoltes

Les révoltes se distinguent des émeutes par leur nature plus organisée et ciblée. Elles impliquent souvent un groupe de personnes qui s’opposent activement à une autorité établie ou à des conditions oppressives. Les révoltes peuvent être motivées par des revendications politiques, sociales, économiques ou culturelles. Contrairement aux émeutes, les révoltes sont souvent planifiées et structurées, visant à renverser ou à contester un système de pouvoir spécifique.

Soulèvements

Les soulèvements sont des mouvements plus larges et plus profonds de contestation sociale ou politique, qui peuvent englober plusieurs groupes ou communautés. Ils se caractérisent par une mobilisation collective et une volonté de remettre en question l’ordre établi. Les soulèvements sont souvent motivés par des aspirations de changement fondamental, allant au-delà de simples revendications spécifiques. Ils peuvent être déclenchés par des facteurs tels que des abus de pouvoir, des inégalités persistantes ou des violations des droits humains.

Troubles

Le terme « troubles » est plus large et englobe un éventail de situations de perturbation sociale, allant des manifestations pacifiques aux actes de violence. Les troubles peuvent être liés à des problèmes sociaux, économiques, politiques ou ethniques et sont souvent caractérisés par des désordres publics, des conflits de rue et des confrontations avec les autorités. Les troubles peuvent être à la fois spontanés et organisés, et ils peuvent évoluer vers des formes plus intenses de contestation.

Rébellions

Les rébellions se réfèrent à des mouvements de résistance plus systématiques et durables contre un pouvoir établi. Elles sont souvent caractérisées par une volonté affirmée de renverser ou de changer radicalement un régime politique ou une structure sociale oppressive. Les rébellions sont généralement menées par des groupes organisés, qui cherchent à défendre leurs droits, leur autonomie ou leur identité contre des formes d’oppression. Elles peuvent prendre différentes formes, allant de la lutte armée à la désobéissance civile pacifique, et elles ont souvent un objectif de transformation sociale profonde.

Livres

La Onzième plaie d’Aurélien Molas aux éditions Albin Michel

Dans un Paris survolté, où la violence éclate à chaque carrefour, des équipes de flics sans attaches, en proie à leurs propres démons, s’engagent avec l’énergie du désespoir dans une croisade sans merci.

Un thriller crépusculaire et fulgurant dans la lignée de Jean-Christophe Grangé ou Maxime Chattam.

Un jeune auteur français dont on n’a pas fini de parler : Aurélien Molas.

Le Frisson de l’émeute. Violences urbaines et banlieues, de Sebastian Roché aux éditions du Seuil

À l’automne 2005, la France connaît la pire vague d’émeutes de son histoire contemporaine. L’intensité des affrontements survenus après la mort de deux adolescents à Clichy-sous-Bois soulève nombre de questions restées sans réponse.

Qui sont les émeutiers ? Qu’est-ce qui déclenche la révolte ? Comment se propage la vague des violences urbaines ? Quelle place tiennent les minorités ethniques ? Pourquoi nos voisins européens, soumis à des conditions économiques et sociales semblables, ne sont-ils pas touchés par ce phénomène ?

Sebastian Roché a scruté l’événement, sa chronologie, l’engrenage de la révolte, le profil des émeutiers et leur goût du frisson, l’attitude des pouvoirs publics et du ministre de l’Intérieur, celle des médias et des juges. La conclusion est simple : sans un changement profond de nos institutions policières et de nos outils de réflexion et de gestion, le risque d’une nouvelle vague d’émeutes menace.

Territoires d’Olivier Norek aux édition Michel Lafon

À Malceny, dans le 93, on est habitués aux règlements de comptes. Mais un nouveau prédateur est arrivé en ville et, en quelques jours, les trois plus gros caïds du territoire sont exécutés.

Le capitaine Coste et son équipe vont devoir agir vite, car leur nouvel ennemi s’implante comme un virus dans cette ville laissée à l’abandon, qui n’attend qu’un gramme de poudre pour exploser. Une ville où chacun a dû s’adapter pour survivre : des milices occultes surentraînées, des petits retraités dont on devrait se méfier, d’inquiétants criminels de 12 ans, des politiciens aveugles mais consentants, des braqueurs audacieux, des émeutiers que l’État contrôle à distance de drone.

Et pendant ce temps, doucement, brûle la ville.

La Révolte des humiliés de Patrick Pesnot aux éditions l’Archipel

Petitjean, un jeune provincial, débarque à Paris après avoir fui la révolte de Buzançais, près de Châteauroux, où les paysans, en proie à la famine, ont été violemment réprimé.

Arrivé dans la capitale, Petitjean se lie avec de jeunes gens, ardents militants républicains. Auprès d’eux, il devient l’un des acteurs du soulèvement de février 1848, qui s’achèvera par la déposition du roi Louis-Philippe et la proclamation de la IIe République.

Mais la désillusion ne tarde guère : la fraternité entre bourgeois et prolétaires vole en éclat dès les premières semaines du gouvernement républicain. Même le petit groupe d’amis de Petitjean n’y résistera pas. Au fil des semaines, les affrontements politiques sont de plus en plus intenses.

Au détour de quelques grandes figures, tels que Lamartine, Blanqui, Blanc, Cavaignac ou Louis-Napoléon Bonaparte, Petitjean nous convoque dans un Paris plongé dans l’effervescence d’une révolution qui s’achèvera dans le sang et la forfaiture.

Cinéma

La Haine de Mathieu Kassovitz

La Cité des Muguets, en banlieue parisienne, vit en état de choc, suite aux affrontements qui ont opposé, la nuit durant, les jeunes aux forces de l’ordre. A l’heure du bilan, on ne compte plus les déprédations. A l’hôpital, Abdel lutte entre la vie et la mort. On parle de bavure policière… Ses trois copains Hubert, Saïd et Vinz se voient interdire l’entrée de sa chambre. S’il meurt, Vinz a juré de le venger.

Athena de Romain Gavras

Rappelé du front à la suite de la mort de son plus jeune frère, décédé des suites d’une prétendue intervention de police, Abdel retrouve sa famille déchirée. Entre le désir de vengeance de son petit frère Karim et le business en péril de son grand frère dealer Moktar, il essaye de calmer les tensions. Minute après minute, la cité Athena se transforme en château fort, théâtre d’une tragédie familiale et collective à venir. Au moment où chacun pense avoir trouvé la vérité, la cité est sur le point de basculer dans le chaos…

Do the Right Thing de Spike Lee

Sal, un italo américain, tient en compagnie de ses deux fils une pizzeria à Bedford Stuyvesant, le quartier noir de Brooklyn. Pourtant, il n’apprécie guère ni la couleur de peau de ses clients, ni leur musique de sauvages.

Un jour, las des provocations, Sal détruit le radio-cassette de Radio Raheem, le caïd du quartier.

Sous la chaleur de la canicule, le fragile équilibre de la communauté va alors céder sous le poids d’une violence trop longtemps larvée…

Les Misérables de Ladj Ly

Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93.

Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « Bacqueux » d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier.

Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes…

Musique

Archie Shepp : Attica Blues

Septembre 1971, un soulèvement de prisonniers éclate dans centre correctionnel d’Attica dans l’État de New York. Cette mutinerie qui se déclare peu de temps après l’assassinat du militant des Black Panthers, George Jackson, implique de nombreux détenus afro-américains dans un contexte de revendication des droits civiques, en protestation contre le racisme. La répression sera violente et fera des victimes puisque le gouverneur Nelson Rockefeller fera intervenir l’armée pour mettre fin à cette révolte.

Musicien engagé, Archie Shepp est marqué par cet évènement. Souhaitant transmettre son indignation à travers la musique, il enregistre dès janvier 1972 Attica Blues.

The Wailers : Burnin’

Burnin’ est le second album enregistré par les Wailers (Bob Marley, Peter Tosh, Bunny Wailer, Aston et Carlton Barrett). C’est également le dernier album du groupe. Il est enregistré à Kingston en avril 1973 et mixé de mai à juillet aux studios Island, à Londres.

Cet opus possède un son beaucoup plus épuré et sec que les précédents, qui accompagne le message de confrontation des textes de Get Up, Stand Up, I Shot The Sheriff, Burnin’ and Lootin’ et Small Axe. À l’opposé de la philosophie qui a fait leur succès, les Wailers appelaient désormais explicitement à la violence.

The Clash

Premier album éponyme du groupe punk londonien, The Clash sort au Royaume-Uni en 1977.

C’est un album énergique, revendicateur, avec des paroles crues et violentes.

Ainsi, le groupe appelle à l’émeute dans White Riot et rejette la domination culturelle américaine avec I’m So Bored with the U.S.A.

En effet, le disque ne sort pas aux États-Unis dans un premier temps.

Rage Against the Machine

Le premier album éponyme du groupe Rage Against The Machine, sorti en 1992, a immédiatement secoué le paysage musical. Cet opus incendiaire et révolutionnaire a fait exploser les frontières du genre, mélangeant le rock, rap, le métal et le punk avec une rage brûlante et un message politique percutant.

Avec un cocktail explosif de riffs de guitare puissants, de grooves funky et de paroles incisives, Rage Against The Machine a capturé l’essence de la frustration et de la colère ressenties par une génération aliénée. Des morceaux emblématiques tels que « Killing in the Name » et « Bullet in the Head » ont servi de bandes sonores aux mouvements de contestation et ont propulsé le groupe sur la scène internationale.

Un manifeste sonore et une dénonciation féroce des injustices sociales, du racisme, du capitalisme et de l’oppression.

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Hakim Aoudia.