Le château de Villers-Cotterêts devient La Cité Internationale de la Langue Française !

Situé à 1h30 de Paris, dans le département de l’Aisne et la région Hauts-de-France, la Cité Internationale de la Langue Française ouvre ses portes le 1er novembre 2023, au sein du château de Villers-Cotterêts. Un site emblématique où le roi François Ier signa en août 1539 la fameuse ordonnance éponyme imposant la langue française à la place du latin dans tous les actes officiels de l’administration et de la justice. Ainsi, le précieux manuscrit contenant ladite ordonnance a été soigneusement retiré des archives nationales et occupe désormais une place centrale au sein de ce nouveau lieu de culture et de patrimoine. Le château de Villers-Cotterêts devient La Cité Internationale de la Langue Française !

Les origines

Au Moyen Âge et sous le règne des comtes de Valois, le château de Villers-Cotterêts est une forteresse médiévale qui, du point de vue stratégique, occupe une position en retrait. Désignée sous le vocable de la « Malmaison », cette bâtisse démantelée au début du XVIe siècle reste largement méconnue des archives. Toutefois, des fouilles entreprises en 2020 ont révélées, non seulement les fondations d’un château sous le logis Renaissance actuel, mais également les vestiges d’une imposante tour de forme carrée.

Ainsi, ce château fort complètement rasé et dont les pierres taillées ont ensuite été utilisées à la construction du corps de logis actuel, était entouré par un imposant fossé mesurant près de 14 mètres de largeur et 6,5 mètres de profondeur. Un autre fossé, destiné à protéger la basse-cour médiévale, a également été exhumé. On y a découvert divers éléments, comprenant un puisard, des latrines et un édifice central. La fonction de cette bâtisse rectangulaire, d’une longueur de 18 mètres et d’une largeur de 5 mètres au minimum, reste à ce jour sujette à conjecture. Au nord de la basse-cour, des niveaux de circulation en calcaire ont été mis à jour, accompagnés d’un système hydraulique sophistiqué comprenant des caniveaux en pierre et une conduite d’alimentation en plomb.

Une demeure royale

En 1528, deux ans après sa libération de l’Alcazar de Madrid, François Ier décide de résider principalement à Paris et ses alentours. Il choisit Villers-Cotterêts pour sa forêt giboyeuse. Ainsi, la construction d’un logis royal dans le plus pur style Renaissance est confiée aux maîtres maçons Jacques et Guillaume Lebreton, intégrant les anciennes structures médiévales. Le financement provient de la vente de bois et s’étend sur les règnes de François Ier et Henri II, avec un pic de construction entre 1532 et 1540.

François Ier y signe l’ordonnance de Villers-Cotterêts en août 1539. Celle-ci impose la langue française à la place du latin dans tous les actes officiels de l’administration et de la justice. De son côté, Henri II y conclut l’Auld Alliance avec les royaumes d’Écosse et de Norvège contre l’Angleterre en 1558. En 1559, le château est intégré au douaire de la reine Catherine de Médicis, veuve d’Henri II. Enfin, les 2 et 3 novembre 1722, Louis XV y fait une halte, de retour de son sacre à Reims.

Le jeu de paume de François 1er

Les plans réalisés par le graveur et architecte Jacques Androuet du Cerceau en 1570, nous apprennent que la cour de l’ancien logis de François Ier abritait un jeu de paume. L’histoire de ce jeu de balles, probable ancêtre de notre tennis actuel, s’étire du tout début du XVe siècle, jusqu’au premier tiers du XVIIe siècle.

L’installation de Villers-Cotterêts est encerclée par les façades de la cour centrale, lesquelles sont agrémentées de galeries. Les rebonds spectaculaires des « esteufs« , ou balles, sur ces surfaces murales nécessitaient une certaine habileté de la part des participants, d’où l’expression « épater la galerie« . Lors de fouilles récentes, les archéologues ont exhumé un radier en pierre recouvert d’une couche de dallage en terre cuite. Ce dernier était appelé le « carreau », d’où l’expression « rester sur le carreau ». De plus, un biseau, connu sous l’appellation de tambour, a été incorporé dans la structure architecturale pour surprendre l’adversaire en générant des ricochets aléatoires. Le court de jeu de paume de Villers-Cotterêts, qui figure parmi les cinq courts actuellement en fouille en France, est le plus ancien. Il se rattache à une période charnière où les règles et les caractéristiques de ce jeu commençaient à se fixer.

La Cité Internationale de la Langue Française

Pendant la Révolution, le château devient une caserne, puis un dépôt de mendicité en 1084. En 1889, il est transformé en maison de retraite jusqu’en 2014. Au-delà, il est laissé à l’abandon.

En 2017, Emmanuel Macron, alors candidat à la présidence de la République, visite le château. Arrivé au pouvoir en 2018, il annonce, à l’occasion de la journée internationale de la Francophonie, la rénovation de l’édifice pour y accueillir la nouvelle Cité Internationale de la Langue Française. Les travaux démarrent en 2020 avec un budget de 185 millions d’euros, sous la houlette du Centre des Monuments nationaux qui assure la gestion du lieu.

Un espace pluridisciplinaire

La Cité internationale de la langue française est un lieu ouvert sur le monde et profondément enraciné dans son territoire. Un espace culturel et de vie, dont le parcours de visite est entièrement consacré à l’exaltation de la langue de Molière. Avec l’objectif de tisser une toile qui unit le passé, le présent, et le futur de la langue française et de la francophonie, en se fondant sur trois piliers fondamentaux : la culture et la création, l’éducation et la formation, ainsi que la recherche et l’innovation.

Ainsi, cet espace pluridisciplinaire orchestre une panoplie d’activités variées et complémentaires, englobant des itinéraires de visite, des expositions temporaires, des spectacles et des ateliers de résidence. De plus, il se fixe l’ambition de révéler la langue française, dans toute sa richesse et complexité, tout en servant de levier pour l’intégration sociale, économique, et citoyenne.

Les moyens de ses ambitions

Pour cela, la Cité dispose de 1 600 m² d’expositions permanentes et temporaires, accueille 250 spectateurs dans son auditorium, met à disposition 12 ateliers de résidence destinés aux artistes, chercheurs, et entrepreneurs, offre deux commerces de proximité – une librairie-boutique et un café-salon de thé – et propose une programmation variée de spectacles, d’événements, de conférences, et d’expositions. Par ailleurs, elle propose une gamme d’activités pédagogiques, de formation, et d’apprentissage de la langue, tout en abritant un laboratoire de recherche et d’innovation centré sur les enjeux linguistiques.

Pour sublimer la cour du jeu de paume de François 1er, une verrière monumentale a été installée. Une magnifique structure d’acier et de verre de 618 m², qui mérite à elle seule le détour. Enfin, la pièce maitresse de la Cité reste le précieux manuscrit contenant l’ordonnance de Villers-Cotterêts, signée par François 1er, qui a été soigneusement retiré des archives nationales et occupe désormais une place centrale au sein de ce nouveau lieu de culture et de patrimoine.

À découvrir en famille 

La visite du château de Villers-Cotterêts, Cité Internationale de la Langue Française, convient parfaitement aux enfants à partir de 10 ans.  

En effet, celle-ci peut tout à fait s’inscrire dans le prolongement des programmes de l’Éducation nationale : 

• Le temps des rois fait partie du programme d’Histoire et géographie du CM1,  
• La Renaissance fait partie du programme d’Histoire et géographie du CM1, 
• Le temps de la Révolution et de l’Empire fait partie du programme d’Histoire du CM1, 
• Le Moyen Âge fait partie du programme d’Histoire de 5ème.

De plus, la Cité propose un programme d’événements et d’activités créatives et participatives pour les plus petits comme les plus grands.

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Rosa Tandjaoui.