Livres : Disparition de l’écrivain congolais, Henri Lopes !

Ancien Premier ministre du Congo-Brazzaville, haut fonctionnaire international, diplomate et écrivain de grand talent, Henri Lopes est décédé jeudi 2 novembre à l’hôpital Foch de Suresnes , des suites d’une longue maladie. Son compatriote et ami Alain Mabanckou a salué : « sa plume traversée par une ironie décapante, son humour fin et son introspection des mœurs congolaises. » Livres : Disparition de l’écrivain et homme politique congolais, Henri Lopes !

Une trajectoire plurielle

Henri Lopes naît le 12 septembre 1937 à Léopoldville, aujourd’hui Kinshasa, chef-lieu de l’ancien Congo belge, devenu la république démocratique du Congo. Né d’un mariage mixte, son père est belge et sa mère congolaise, il effectue ses études primaires à Brazzaville et Bangui, avant de rejoindre la France à la fin des années 1940. Ainsi, il réalise de brillantes études universitaires à la Sorbonne, jusqu’à y devenir professeur. De plus, il mène de front une carrière politique, diplomatique et littéraire. Henri Lopes est Premier ministre du Congo de 1973 à 1975. Puis il occupe des fonctions de haut fonctionnaire international à l’Unesco, de 1982 à 1998, avant de devenir ambassadeur du Congo en France pendant près de 17 ans.

Une carrière littéraire

Henri Lopes a publié une douzaine de livres, dont plusieurs ont été couronnés de prix littéraires. Ses premiers romans, comme Tribaliques (1971) et Le Pleurer-rire (1982), sont engagés et traitent de sujets politiques et sociaux. Tandis que ses romans plus récents, comme Le Chercheur d’Afriques (1990) et Dossier classé (2002), sont plus intimistes et explorent des thèmes tels que la mémoire, l’identité et l’exil. Il publie même un essai, Ma grand-mère bantoue et mes ancêtres les Gaulois, en 2003, où il livre une profonde réflexion sur le concept de négritude.

Un écrivain africain

Henri Lopes se définissait ainsi : « Un écrivain africain est naturellement tenté, afin, comme aurait dit Aragon, de « mentir-vrai », de traduire ou de transcrire, en français, en anglais, en portugais, ce qu’il pense ou ressent profondément « en langue ». Or, il y a un décalage de sociétés, de cultures. Faut-il expliquer, s’expliquer, se justifier, par des incidentes, des notes de bas de page, un lexique ? Or un roman sans opacité, trop bavard, devient ennuyeux. Un roman rempli de gloses est un roman raté ! On ne doit pas tout dire dans le roman, il y a beaucoup d’allusions. Or ces allusions sont-elles compréhensibles par des lecteurs vivant dans des lieux différents ? N’y a-t-il pas un risque de contresens ? »

Et d’ajouter :

« Tels sont quelques-uns des débats intérieurs qui me rongent. Un écrivain africain qui ne se poserait pas ces questions court le risque de verser dans le fossé. Mais en même temps qu’est-ce que réussir son roman ? Je n’ai pas la bonne réponse à cette question. J’ai tendance à penser que l’originalité pour nous n’est pas dans l’originalité du sujet, mais dans une approche visuelle nouvelle, dans l’utilisation d’un ton nouveau. Prendre, comme disait Baudelaire, de la boue et en faire de l’or.« 

Soutenez-nous

Nous vous encourageons à utiliser les liens d’affiliation présents dans cette publication. Ces liens vers les produits que nous conseillons, nous permettent de nous rémunérer, moyennant une petite commission, sur les produits achetés : livres, vinyles, CD, DVD, billetterie, etc. Cela constitue la principale source de rémunération de CulturAdvisor et nous permet de continuer à vous informer sur des événements culturels passionnants et de contribuer à la mise en valeur de notre culture commune.

Hakim Aoudia.