Pachyderme de Stéphanie Clément : un chef d’œuvre d’animation sur l’inceste !

Ce court-métrage d’une dizaine de minutes est un petit bijou d’animation qui aborde le sujet sensible de l’inceste avec beaucoup de délicatesse et un certain sens de l’à-propos. Réalisé par Stéphanie Clément et écrit par Marc Rius, il vient d’être nominé aux Oscars. Un formidable outil pédagogique pour aborder le sujet avec les enfants, dès 7/8 ans ; pour les parents et les enseignants. Découvrez Pachyderme de Stéphanie Clément, un chef d’œuvre d’animation sur l’inceste !

Un récit à hauteur d’enfant

Le récit se déploie autour de Louise, une fillette de 9 ans confiée à ses grands-parents chaque été. Dans un environnement en apparence parfaitement ordonné. Cependant, en dépit de cette façade idyllique, un monstre latent s’insinue dans les recoins de la mémoire de Louise. Et menace de se manifester à chaque instant. À travers des métaphores subtiles, telles que la corne du pachyderme et le dégoût du grand-père pour les fleurs fanées, le film explore avec finesse des thèmes sensibles tels que l’inceste et l’amnésie traumatique.

L’origine conceptuelle de Pachyderme trouve son fondement dans l’aspiration conjointe de Stéphanie Clément et du scénariste-producteur Marc Rius à traiter du sujet délicat de l’inceste. En s’appuyant sur des mécanismes psychologiques tels que le refoulement et la dissociation, ils tissent une trame narrative captivante autour d’un personnage émotionnellement anesthésié, en proie à une lutte intérieure avec ses souvenirs.

Un choix esthétique

Remontant à ses années d’étudiante à Supinfocom Arles (aujourd’hui MopA), Stéphanie Clément a toujours manifesté une inclination à explorer les dynamiques de violence intrafamiliale dans son œuvre. Avec Pachyderme, elle adopte une approche ancrée dans la banalité quotidienne tout en autorisant des échappées oniriques, exploitant la puissance évocatrice des images pour exprimer l’inexprimable.

Sur le plan visuel, le film se distingue par un style d’animation singulier. Les images évoquent la douceur d’un album familial, mais les cadrages et la composition des plans instillent un malaise subtil. Le ciel, fréquemment obstrué, symbolise l’absence d’échappatoire pour Louise, capturée dans un encadrement oppressant.

Le mouvement des personnages est délibérément minimaliste, caractérisé par des gestes lents et contenus, figeant ainsi des fragments de souvenirs. La fillette apparaît souvent fragmentée dans l’image, symbolisant sa dépossession de soi. Cette esthétique unique amplifie le poids émotionnel du récit.

Un formidable outil pédagogique

La mise en scène du non-dit dans Pachyderme soulève des questionnements complexes. Ainsi, aborder l’inceste de manière détournée, à travers des éléments oniriques et symboliques, évince les réticences potentielles du spectateur. Le texte, dénué d’explications, opère par la suggestion, l’incitant à déchiffrer lui-même la réalité des événements. La narration fragmentée et lacunaire du film émane de la nature de la mémoire traumatique de la protagoniste, reflétant ainsi la complexité de son vécu.

Dès lors, Pachyderme transcende la simple catégorisation de court métrage d’animation pour se positionner comme une expérience cinématographique. Car l’œuvre de Stéphanie Clément, par sa forme et sa délicatesse narrative, est un formidable support pédagogique pour aborder le sujet délicat de l’inceste avec les enfants, dès 7/8 ans. Alors, que vous soyez parents ou enseignants, regardez Pachyderme avec vos enfants ou élèves. L’occasion, très certainement, d’éveiller les consciences et de libérer la parole.

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Hakim Aoudia.