Le Cid à l’Artistic Théâtre
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Le Cid à l’Artistic Théâtre

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 4 minutes

Frédérique Lazarini met Chimène au cœur de l’action. Féministe, esthétique, émotionnel. A voir !

Le Cid à l’Artistic : Frédérique Lazarini adapte le texte de Corneille, en donne une vision féministe, esthétique et émotionnelle. Lara Tavella est une Chimène impressionnante, chaton fragile devenu lynx en colère. A voir sans hésitation. Le Cid à l’Artistic Théâtre Athévains.

Par Guillaume d’Azémar de Fabrègues

Sur la scène, un fauteuil, un trône. Un bouquet de roses, un bouquet d’épées. Un long banc, qui se révèlera enserrer un bassin. On entend des grillons chanter. Elvire, m’as-tu fait un rapport bien sincère ?

Le Cid à l’Artistic Théâtre. Crédit photo Marion Duhamel.
Le Cid à l’Artistic Théâtre. Crédit photo Marion Duhamel.

Le Cid fait partie de notre mémoire collective

La tragi-comédie dont on a tous étudié méticuleusement l’argument moral. Rodrigue et Chimène, Don Diègue et Don Gomès, le soufflet, le duel. Les maures, le second duel. Rodrigue et Chimène, tous deux écartelés entre le devoir et l’amour. Les mots de Corneille qu’on a appris par cœur. Ils nous ont fait vibrer, souffrir, on les connait encore.

Frédérique Lazarini a eu la bonne idée de monter la pièce en mettant en avant Chimène plus que Rodrigue. Elle nous propose un Rodrigue Beau Gosse manichéen, qui sait faire « le bon choix » quand il faut le faire, même s’il doit en souffrir. Venger son père, donner sa vie en réparation, c’est carré, et c’est le hasard de l’arrivée des Maures qui en fera le héros qui mérite un autre destin. Elle écartèle Chimène, la fait souffrir, et surtout se battre, se rebeller, face à des choix impossibles. Dans sa vision, c’est Chimène l’héroïne de la pièce, celle dont le destin est intéressant, celle dont on ressent les émotions.

Le Cid, de Corneille à l’Artistic Théâtre, mise en scène Frédérique Lazarini.

Elvire devenue El Vire

l’Infante disparue dans l’adaptation, Chimène est le seul personnage féminin dans cet univers d’hommes qui se jouent d’elle, qui se gausseront de son amour et s’en serviront pour assoir l’intérêt de l’État.

Si Rodrigue a tout, l’honneur, la fille et la gloire, c’est bien Chimène qui a déployé ses ailes, qui se sera débattue entre les fils de son destin tout au long de la pièce, qui sort de scène en se débattant encore contre ce roi machiste qui l’envoie se calmer dans son coin pendant que Rodrigue ira conquérir le monde en essayant de lui rester fidèle.

Tout se passe dans un décor épuré de François Cabanat. Quelques sièges, un sol brillant qui servira les jeux de lumière, un prince-marionnette qui observe l’action.

Le Cid à l'Artistic Théâtre. Crédit photo Arthur Enard.
Le Cid à l’Artistic Théâtre. Crédit photo Arthur Enard.

Lara Tavella est Chimène

D’abord fragile et insouciante, légère sur ses chaussons de danseuse, elle dévoile petit à petit une intense palette d’émotions. Hargne, colère, doute, souffrance, amour, le chaton devient un lynx sauvage qui sort ses griffes, qui résiste à ces hommes qui veulent lui imposer leurs choix.

Face à elle, Arthur Guezennec est Rodrigue. Parfait en star de l’école, le capitaine de l’équipe de foot, le beau gosse qui gagne les matchs et les cœurs.

Cédric Colas, savoureux Don Gomès et Don Fernand, aussi Serpentard l’un que l’autre. Philippe Lebas, Don Diègue bonhomme, mais pas que. Guillaume Veyre, El Vire aux inspirations d’extrême orient. Et Quentin Gratias, Don Sanche.

Le Cid à l'Artistic Théâtre. Crédit photo Marion Duhamel.
Le Cid à l’Artistic Théâtre. Crédit photo Marion Duhamel.

J’ai savouré la vision du Cid que donne Frédérique Lazarini

L’équilibre différent, le projecteur braqué dur Chimène plus que sur Rodrigue. Une relecture féministe nécessaire.

J’ai admiré la performance sur scène de Lara Tavella, qui se transforme à vue d’œil, qui bombarde le spectateur de ses mots autant que de ses émotions. Les jeux avec la lumière de François Cabanat, qui fait beaucoup avec peu. Et, bien sûr, j’ai retrouvé avec plaisir les vers de Corneille, ses tirades qui sont notre mémoire collective intemporelle.

Voir ou ne pas voir ? sans hésiter, sans barguigner… Voir !

Le Cid à l'Artistic Théâtre. Crédit photo Marion Duhamel.
Le Cid à l’Artistic Théâtre. Crédit photo Marion Duhamel.

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Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

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