Agnès Lefranc, pasteure de l’Église Protestante Unie d’Orléans !
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Agnès Lefranc, pasteure de l’Église Protestante Unie d’Orléans !

Hakim Aoudia - Publié le

Temps de lecture : 5 minutes

Portraits de femmes inspirantes !

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes le 8 mars, nous vous proposons tout au long de cette semaine des portraits de femmes inspirantes, avec aujourd’hui celui d’Agnès Lefranc, pasteure de l’Église Protestante Unie d’Orléans.

Propos recueillis par Rosa Tandjaoui

CulturAdvisor. Bonjour, pouvez-vous vous présenter ? 

Agnès Lefranc. Bonjour, je m’appelle Agnès Lefranc, j’ai 58 ans et je suis pasteure depuis bientôt 14 ans. Un pasteur, c’est quelqu’un qui a fait des études de théologie. Son cœur de métier, c’est de travailler avec le texte biblique, de transmettre quelque chose avec ce texte, de le croiser avec la vie des gens et d’essayer de prêcher, pour que ces derniers perçoivent comment ce texte vient bousculer ou rejoindre leur quotidien. 

C’est aussi quelqu’un qui accompagne, écoute sa communauté et de façon très pratique : organise les choses, effectue la catéchèse avec les enfants, forme les catéchètes et accompagne les familles en deuil. 

CulturAdvisor. Comment êtes-vous devenue pasteure ? 

Agnès Lefranc. L’idée de devenir pasteure est ancienne. En effet, mon grand-père et deux de mes oncles étaient pasteurs. Pour autant, je n’ai pas forcément baigné dans cette atmosphère, puisque ma mère a pris ses distances avec la chose. Cependant, j’ai fait partie d’un groupe de jeunes dans ma paroisse, avec lesquels j’ai vécu des moments forts. Et c’est un couple, qui s’occupait de notre groupe, qui m’a un jour demandé si cela m’intéresserait de devenir pasteure. J’avais 18 ans à l’époque et je dois dire que sur le moment, la chose m’a paru incongrue. Mais l’idée est restée et ce n’est que beaucoup plus tard, à l’âge de 40 ans, à un moment où je ne pouvais plus exercer mon métier de professeure de violoncelle, que j’ai pris la décision de devenir pasteure. 

CulturAdvisor. Comment reliez-vous votre vocation avec le texte biblique ? 

Agnès Lefranc. J’ai commencé à lire la bible à l’âge de 13 ans. Je ne comprenais pas tout ce que je lisais, mais j’étais à la fois intriguée et fascinée par ce texte. Un peu plus tard, je me suis intéressée aux langues dans lesquelles ces textes étaient écrits. Ainsi, j’ai commencé à étudier l’hébreu et le grec, dont la musicalité m’a beaucoup intéressée. De plus, la lecture de ces textes dans leur langue d’origine me permettait de découvrir des éléments qui se perdaient avec la traduction. Enfin, il arrive régulièrement que le texte biblique vienne croiser notre quotidien, à tel point que l’on se demande s’il n’a pas été écrit pour nous. Et c’est cette expérience intime que j’ai souhaité transmettre en devenant pasteure. 

CulturAdvisor. Avez-vous suivi une formation particulière ? 

Agnès Lefranc. Je me suis inscrite à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg, où j’ai suivi un cursus à distance, jusqu’à l’obtention d’un Master de théologie protestante. Durant ma dernière année, j’ai dû effectuer un stage avec un pasteur en exercice. Au terme de ce temps d’études, et après accord de la Commission des ministères, j’ai effectué mon proposanat. Ce dernier est une période probatoire d’une durée de deux ans, dans une paroisse. Ce n’est qu’une fois mon proposanat achevé et après accord de la Commission des ministères, que je fus ordonnée pasteure, après un parcours de près de 7 ans.

Faculté de théologie de Strasbourg. (Portraits de femmes inspirantes : Agnès Lefranc, pasteure de l’Église Protestante Unie d’Orléans !).

CulturAdvisor. Après avoir été en fonction au Mans, comment s’est passée votre arrivée à Orléans ? 

Agnès Lefranc. Ce fut une arrivée particulière, car j’avais à l’époque ressenti le besoin de prendre un congé sans solde de 6 mois, avant de m’investir dans ce nouveau poste. J’étais déjà installée à Orléans, au presbytère, mais incognito, en quelque sorte. J’ai donc profité de ce temps pour découvrir la ville, m’occuper de mes enfants, prendre mes marques et me préparer à mes nouvelles fonctions. De plus, le pasteur précédent était très apprécié de la communauté et ce ne fut pas très facile de lui succéder. Cela dit, étant une femme j’ai pu apporter une vision différente et finalement, tout s’est très bien passé. J’ajouterai que hasard du calendrier, mon arrivée coïncidait avec les festivités du 500e anniversaire de la Réforme protestante. Et je dois dire que la préparation, la programmation et la mise en place de cet évènement, que j’ai souhaité œcuménique, furent passionnantes.

Le temple protestant d’Orléans. (Portraits de femmes inspirantes : Agnès Lefranc, pasteure de l’Église Protestante Unie d’Orléans !).

CulturAdvisor. L’évêque d’Orléans a-t-il été difficile à convaincre ? 

Agnès Lefranc. Je n’ai pas eu à le convaincre, puisqu’il était déjà résolu à ce que nous fassions des choses ensemble. À l’époque nous ne nous connaissions pas beaucoup, je venais d’arriver et il a quand même pris le risque d’une collaboration œcuménique. Par ailleurs, certains membres de sa communauté ont grincé de dents, mais il a tenu bon et je lui en suis extrêmement reconnaissante. 

Finalement, le point d’orgue de ces festivités fut une célébration œcuménique à la cathédrale d’Orléans, où nous avons prêché ensemble, à deux voix, devant près de 850 personnes. Je dois dire que je suis particulièrement fière de cet aboutissement.

Commémoration œcuménique à la cathédrale d’Orléans, le 21 octobre 2017, à l’occasion des 500 ans de la Réforme. (Portraits de femmes inspirantes : Agnès Lefranc, pasteure de l’Église Protestante Unie d’Orléans !).

CulturAdvisor. Quel avenir voyez-vous à la vocation de devenir pasteure ? 

Agnès Lefranc. Dans l’Église Protestante Unie, devenir une femme pasteure n’est plus un problème. Cet état de fait date des années 1960 et j’admire énormément Élisabeth Schmidt, qui fut la première femme pasteure nommée dans notre église. Cette femme admirable a fait face à des assemblées d’hommes et n’a cessé, littéralement, de leur casser les pieds jusqu’à ce qu’elle obtienne sa nomination. 

CulturAdvisor. Pour finir, que diriez-vous à l’adolescente que vous étiez et à celle que vous pourriez croiser ? 

Agnès Lefranc. J’étais une adolescente très timorée, timide et pas très sûre de moi. Aujourd’hui, j’aurai envie de lui dire : vas-y, tu n’as rien à craindre ! En tout cas, c’est ce que j’aurai aimé que l’on me dise pour me permettre de me réaliser plus rapidement. Aux adolescentes que je pourrais croiser, et je le fais déjà dans le cadre de mes fonctions, je dirais : croyez en vous et aux belles choses que vous pouvez réaliser. Cette conviction est intimement liée à ma foi et à la première phrase des Dix Commandements : « Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude. » Pour moi, c’est cela le fondement : un dieu de la liberté qui nous pousse à être libres et à être nous-mêmes. Voilà ce que je veux leur transmettre : être libres, tout envisager et ne pas se mettre de barrières.

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Commentaires

1
Martin

une pasteure qui ne laisse pas indifférent et avec qui on a toujours du plaisir à écouter .

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