Légendes Pokémon Arceus : un nouveau lien humain-animal !

Avec la sortie de Légendes Pokémon : Arceus, premier opus en open world (« monde ouvert », autrement dit, où le chemin du joueur n’est pas délimité par l’écriture de la narration), revenons sur cette licence titanesque qui nous apprend que le lien Humain-Animal ne cesse d’évoluer.

Le lien dresseur-Pokémon : que nous apprend-il sur notre rapport aux animaux ?

Les « Pocket Monsters » (nom d’origine : « Les Monstres de poche »)

Il y a un peu plus de vingt ans sortait le premier jeu « Pokémon » sur la Game Boy. Aujourd’hui, le jeu continue de séduire les joueurs-euses en herbes en mettant en scène un-e dresseur-se, que læ joueur-euse incarne, dont le but est de devenir læ meilleur-e dresseur-se. Pour ce faire, il doit non seulement collectionner tous les pokémons (créatures inspirées d’animaux et plantes terrestres) en les capturant, mais aussi les entraîner au combat pour faire grimper leur niveau d’expérience, les faire évoluer et finir par combattre la Ligue Pokémon, où les grands champions campent en attendant notre arrivée.

Voici le premier résumé, le plus sommaire, que nous pouvons faire des jeux de la licence. Mais si au premier abord, on pourrait y voir un jeu de « braconnage » où le dresseur capture des créatures sauvages pour les entraîner au combat dans une ambition égoïste : devenir le plus grand dresseur ; en vingt ans de jeux, de mises à jour et de nouvelles aventures, la licence a beaucoup travaillé le lien dresseur-pokémon et donc, sur la représentation du lien humain-animal.

L’amitié

À la fin des années 1990, l’adaptation en dessin animé, devenue un classique du genre, met l’accent sur le lien d’amitié entre Sacha, le dresseur, et son premier pokémon, le célèbre Pikachu. Même si le jeu a tardé à suivre la tendance « amitié » entre les créatures et les humains, on peut noter quelques évolutions intéressantes depuis 2007 avec d’abord Pokémon Diamant et Perle qui offre un « contrôleur d’amitié » ou en 2013 avec Pokémon X et Y qui ajoute le paramètre « Affection ».

Dans la dernière génération de Pokémon, présente dans le diptyque Pokémon Bouclier et Pokémon Épée, sortie sur Switch en 2021, il est possible de poser à tout moment un bivouac pour jouer avec les pokémons de son équipe ou pour leur cuisiner des petits plats. Une nouvelle manière d’augmenter leur « expérience » utile en combat, leurs points de vie… et de créer du lien. D’ailleurs, si jamais vous vous posiez la question, dans presque chaque épisode se trouve un PNJ (personnage non jouable) à qui vous pouvez demander : « Comment est-ce que mon pokémon m’aime ? »

L’observation de la nature

L’amitié humain-animal permet de considérer le lien d’une manière horizontale. Mais le dresseur reste le propriétaire de sa créature qui le sert en combat. Pokémon Snap, développé en 1999 pour la Nintendo 64, est un épisode qui n’est ni basé sur la capture des pokémons, ni sur le combat, il s’agit simplement d’observation scientifique. Le but du jeu est d’observer les comportements des pokémons sauvages, de les photographier et d’en faire un rapport au professeur afin qu’il puisse les étudier. Remasterisé pour la Switch en 2021, cet épisode répond à un nouveau regard très contemporain sur notre rapport à la nature : il ne s’agit plus d’exploiter au profit d’un capital, mais d’observer ce qui nous entoure afin de s’adapter et trouver un nouvel équilibre.

Bien qu’il garde des mécaniques de combat, c’est dans cette lignée que le Game Play (mécanique du jeu) et la narration de Légendes Pokémon : Arceus s’inscrivent : l’objectif n’est pas de devenir maître de la ligue avec les meilleurs pokémons entraînés au combat. Il s’agit de remplir son « Pokédex », autrement dit son encyclopédie, en regroupant un maximum d’informations sur les pokémons observés ou capturés.

Également, et on peut se demander si c’est là de l’anthropomorphisme, chacun d’entre eux a un caractère ou une « nature ». Indépendamment de son type et de son espèce, chaque pokémon capturé a une personnalité : hardi, timide, jovial, etc. Ainsi, on associe une individualité et une personnalité à chaque pokémon qui devient ainsi un personnage.

Étudier la biodiversité avec les Pokémon

Pokédex et Sciences de la vie

Tout comme le vivant, les pokémons sont catégorisés de manière assez précise. Dès lors, la classification des pokémons et du Pokédex peut servir d’exercice de classification et de sensibilisation à la biodiversité. En effet, le Pokédex, comme la classification du vivant, répertorie l’habitat, le comportement, la forme, la taille, le « type » de chaque espèce. Chaque pokémon est pensé comme un être vivant, son corps est pensé par rapport à un écosystème, un environnement et un type élémentaire (eau, électrique, feu, plante…) qui influe sur son apparence et son comportement.

Eh oui ! Les pokémons ne sont vraiment pas éloignés de nos propres créatures terrestres. Ils sont inspirés d’animaux, plantes ou minéraux. Ce faisant, une sensibilisation sur le plan écologique peut être efficace d’un point de vue éducatif, en créant de l’empathie avec des espèces qui ne nous sont pas forcément voisines. Par exemple, en Chine se pose le problème de l’extermination d’une espèce de souris qui a inspiré la création de Pikachu. Empathie garantie.

Dénoncer l’hyperexploitation de l’environnement et de ses habitants

En observant les antagonistes, on repère plusieurs archétypes qui semblent représenter l’exploitation selon une logique capitaliste de l’environnement : savants fous et autres big boss mafieux qui cherchent le profit par la science, sans aucune empathie. La Team Rocket, la Team Galaxy, et autres groupuscules « secrets » que læ joueur-euse doit combattre et arrêter, s’organisent régulièrement autour de rapts de pokémons puissants pour exploiter leur énergie au profit de la société humaine. Ici cette opposition pose la question de l’organisation du pouvoir, verticale ou horizontale, entre humains et autres êtres vivants (ici, les animaux).

Les théories de l’évolution

Au cours de leurs avancées en niveaux, grâce au gain d’expérience des combats ou de l’amitié, certains pokémons évoluent une voire plusieurs fois avant d’atteindre le niveau maximum. Ainsi, d’un point de vue éducatif, il est possible d’utiliser ce principe pour illustrer la théorie de l’évolution de Darwin. Sous forme de métamorphose, il est facile pour des enfants ou des adolescents, par exemple, de visualiser l’évolution de l’existence. Mais également, d’un point de vue plus psychologique pour les plus jeunes, il est possible d’illustrer l’avancée des âges avec le principe d’évolution en trois étapes : enfance-adolescence-adulte.

Alors, prêt-es à vous lancer dans l’aventure ?

Légendes Pokémon : Arceus est disponible depuis le 28 janvier 2022 sur la Nintendo Switch, à partir de 7 ans.

Lucine Ailloud.