L’art de la provocation selon Jon Benjamin !
Well, I Should Have…* est un album de jazz expérimental, loufoque, burlesque et farfelu de l’acteur comique américain Harry Jon Benjamin. Il a été intentionnellement enregistré pour sonner faux puisque, comme la plupart de ses titres l’indiquent, Benjamin ne sait pas jouer du piano et n’est même pas amateur de jazz. Une performance qui mérite bien le titre de pire album de jazz de tous les temps et montre à quel point Jon Benjamin maîtrise l’art de la satire, de l’anti-conformisme et de la provocation.
Une voix
Acteur comique et scénariste américain, Harry Jon Benjamin est un quasi inconnu en France.
Il se fait connaitre en interprétant les voix de personnages de dessins animés pour adultes. D’abord avec Dr. Katz, Professional Therapist en 1995, Archer en 2009 et Bob’s Burgers en 2011.
Il ira même jusqu’à interpréter la voix d’une boite de conserve dans la comédie de David Wain, Wet Hot American Summer, en 2001.
Un comique subversif
En 2011, il crée sa propre série Jon Benjamin Has a Van, sur Comedy Central. Ainsi, il traverse les États-Unis pour interviewer le chef du Cartel de la drogue du Mexique, ou se déguise en juif ultraorthodoxe pour marchander le prix d’un canapé, à la hausse.
À l’instar d’un Sacha Baron Cohen, Jon Benjamin use et abuse de la satire, de l’anti-conformisme et de la provocation. De plus, jouant sur l’ambiguïté entre le documentaire et la fiction, il s’empare des outils de la manipulation. Dès lors, le spectateur en vient à douter de la véracité de ce qu’il voit. Une belle manière de dénoncer la banalité du mal, dans une société plus divisée et désinformée que jamais.
Le pire album de jazz de tous les temps !
Sorti en 2015, le titre de l’album, Well, I Should Have…* (Eh bien, j’aurais dû…*), est une sorte de réponse au fait que Jon Benjamin ne sait pas jouer du piano. d’ailleurs, tout est dit dans le premier titre de l’album : Deal with the devil (traiter avec le diable). Là, Jon Benjamin tente de vendre son âme au diable, pour devenir un bon pianiste, sans jamais y parvenir.
Une mention spéciale aux excellents musiciens de l’album : Scott Kreitzer au saxophone, David Finck à la contrebasse et Jonathan Peretz à la batterie. Car comme le dit si bien Jon Benjamin : « Je ne suis pas sûr qu’ils aient réalisé ce qu’ils faisaient jusqu’à ce que nous commencions à enregistrer. Et là, ils étaient furieux. Mais pas assez pour abandonner le projet. Ils sont donc allés jusqu’au bout, et ont été géniaux. »
Une performance drôle, irrévérencieuse et désinvolte qui mérite, positivement, le titre de pire album de jazz de tous les temps !
Un multirécidiviste
En 2020, il réitère et s’attaque cette fois-ci aux bandes originales de films. Ainsi, il massacre allègrement Also Sprach Zarathustra de 2001, l’Odyssée de l’espace, Les chariots de feu, Axel F du Flic de Beverly Hills ou le thème de Miami Vice.
Étrangement et toutes proportions gardées, cet album semble un tout petit peu plus maîtrisé. Et l’appétit venant en mangeant, peut être que Jon Benjamin saura un jour jouer du piano.
C’est, en tous cas, tout le mal que je lui souhaite !
Hakim Aoudia.
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