La femme à qui rien n’arrive au Théâtre La Scala Paris : un conte moderne, tendre et terrifiant !

Léonore Chaix très touchante nous offre un conte moderne et terrifiant, un petit bijou de tendresse et d’humour glacé, un bonbon à savourer dont on sort sur un petit nuage de bonheur. La femme à qui rien n’arrive au Théâtre La Scala Paris : un conte moderne, tendre et terrifiant !

Par Guillaume d’Azémar de Fabrègues

Autour de la scène, quelques chaises, des pommes de terre. La porte des coulisses est ouverte, on aperçoit Léonore Chaix assise à sa table de maquillage, un casier de pommes de terre posé dessus. Une dernière gorgée d’eau, elle entre en scène. Bonsoir, je suis heureuse de vous voir. Merci d’être là.

C’est le début du prologue

L’histoire d’une femme à qui rien n’arrive. L’histoire d’une femme enfermée dans son quotidien, un quotidien balisé, déterminé par une liste de tâches quotidiennes incompressibles. Machine à laver. Éplucher les pommes de terre. Sur son ordinateur, elle doit passer sa commande annuelle. Le site fonctionne mal, il bugue, la voilà en contact avec un commercial. Un concours, elle gagne le deuxième prix. Une chose va lui arriver. Maintenant la femme à qui rien n’arrive attend qu’une chose lui arrive.

Le texte de Léonore Chaix est un bijou

Elle joue avec les mots, avec la situation, elle tresse un filet de logique absurde dans lequel elle enferme son héroïne. Une sorte de conte de fée des temps modernes, tendre et terrifiant. L’héroïne solitaire est enfermée par la technologie et l’habitude, elle attend. Elle n’attend pas l’amour ni le prince charmant, elle attend… que quelque chose arrive. Plus elle attend, plus elle a peur de ce qui pourrait arriver, plus elle se laisse emporter dans son délire, jusqu’à l’absurde. Emportée par des mots pris au pied de la lettre, pour en détour(n)er le sens. C’est un texte ciselé, équilibré, on rit, on tremble, on s’interroge.

Finement mise en scène par Anne Le Guernec,

Léonore Chaix porte son texte avec un talent hypnotique. Elle est presque immobile, quelques geste, des pas rares. Et des mots, des mots qui portent juste, qui emportent.

Je me suis laissé porter, emporter. Fermant parfois les yeux pour me prendre au seul plaisir de sa voix, de ses mots. Pris entre les sensations de l’héroïne et la tendresse de l’auteure à son égard. Jusqu’à la poésie de l’instant final.

La femme à qui rien n’arrive est une pièce rare, pour ceux qui aiment les mots, et savent se laisser emporter par les sensations. C’est un conte moderne, tendre et terrifiant. C’est un petit bonbon, de ces pièces dont on sort sur un petit nuage de bonheur qu’on savoure égoïstement.

Car c’est vrai, que savons-nous des choses qui arrivent ?

Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

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