Meilleur livre de la semaine : Mamie Loulou d’Aurélia Clément !

Avec Mamie Loulou, Aurélia Clément nous offre un premier roman poignant, qui ne laisse pas indifférent et tient toutes ses promesses. Un récit puissant qui évoque avec délicatesse le pouvoir des mots et des silences dans la construction de l’identité. Mamie Loulou d’Aurélia Clément aux éditions Phébus, c’est notre meilleur livre de la semaine !

Quand les mots libèrent les silences

L’histoire et celle d’une grand-mère mystérieuse, bibliomane invétérée, qui se réfugie dans les livres pour échapper au réel. Il s’agit, en réalité, de la propre grand-mère d’Aurélie Clément, dont elle a découvert les secrets après son décès. C’est ainsi que naît ce récit empreint de tendresse et d’amour. Et qu’il cherche à comprendre les chemins qui ont conduit cette femme à s’enfermer dans un monde de mots.

En effet, Mamie Loulou est un roman de femmes, où deux personnages féminins forts prennent vie. D’un côté, Louise Albertine Zappa, la grand-mère aux silences énigmatiques. Et de l’autre, la narratrice, qui se livre dans une relation directe avec son aïeule disparue. Ainsi, on retrouve une certaine nostalgie dans les mots de l’autrice, qui cherche à redonner une voix à cette grand-mère taiseuse et à combler les vides laissés par son départ.

L’Histoire des femmes

L’une des particularités de ce roman réside dans l’importance du silence, qui tisse la trame du récit. La narratrice se questionne sur la signification du silence de sa grand-mère, se demandant s’il était actif ou passif, et cherche à le comprendre en lui inventant une vie par le biais de la fiction. Cette subtile fusion entre réalité et imagination permet de questionner l’héritage transmis et d’explorer le pouvoir de l’imagination et de la création littéraire comme remèdes à la peur et à la mélancolie.

Mamie Loulou aborde également des thématiques plus profondes, dont la tragédie de l’existence humaine et les épreuves du destin. À travers le personnage de Louise, l’autrice plonge dans l’Histoire des femmes, évoquant les périodes de la Seconde Guerre mondiale et de la résistance, mettant en lumière la lutte des femmes face à la domination masculine et à l’antiféminisme de l’époque.

Une ode aux femmes et aux mots

Aurélia Clément soulève une question essentielle : en quoi les mots peuvent-ils véritablement nous libérer ? Son roman apporte une réponse à cette interrogation en offrant une résolution sous forme de fiction. Ainsi, l’imagination et la créativité jouent un rôle fondamental dans le processus de guérison et de compréhension de l’histoire familiale.

Un premier roman riche en émotions, où les mots résonnent longtemps après la dernière page tournée. Aurélia Clément, avec sa plume subtile et poétique, nous invite à découvrir une histoire touchante, une ode aux femmes et aux mots, une réflexion profonde sur l’héritage et la transmission.

À lire absolument !

Extrait

« Si je pouvais encore te parler, j’évoquerais notre rencontre, la première parole que tu m’accordas, sans le savoir, comme un cadeau. Je devais avoir sept ou huit ans et j’avais attendu tout le jour, dans la moiteur de la salle de classe, le moment venu de la sonnerie de 5 heures qui me ramènerait vers toi. Plus que quelques mètres à parcourir et je te verrais enfin. Je m’étais préparée, bien sûr, à ce moment que j’espérais depuis longtemps déjà. Je serrai contre moi le magazine de mots croisés que j’avais chapardé au kiosque en même temps qu’un paquet de cartes à jouer Dragon Ball Z pour mon frère. Ce magazine que je comptais t’offrir, c’était mon présent, ma façon de te dire Bonjour, je suis là, regarde-moi. »

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Rosa Tandjaoui.