Meilleur livre de la semaine : Une exécution de Danya Kukafka !

Voici une œuvre littéraire captivante et chargée de suspense. Un récit double, qui raconte l’histoire d’un tueur en série dans le couloir de la mort et le point de vue des femmes ayant croisé sa vie. Une exécution de Danya Kukafka aux éditions Buchet Castel, c’est notre meilleur livre de la semaine.

Dans la tête d’un tueur en série

Ansel Packer doit mourir dans douze heures. Conscient de ses actes, il attend désormais son exécution ; le même sort effroyable qu’il a jadis infligé à ses victimes. Pourtant, il ne veut pas mourir. En effet, il aspire à être compris et a toujours rêvé d’un destin à la hauteur de la très haute opinion qu’il se fait de lui-même.

Un point de vue féminin

Viennent ensuite ces femmes qui prennent la parole pour nous raconter leur version de l’histoire.

Il y a là Lavender, sa mère, une jeune fille de dix-sept ans poussée au désespoir. Puis Hazel, sœur jumelle de sa femme, qui a été liée à lui depuis leur naissance ; impuissante face à une relation menaçant de les engloutir toutes deux. Et enfin Saffy, l’inspectrice de la criminelle lancée à ses trousses, qui l’a connu adolescent, dans le foyer d’accueil où ils étaient tous deux placés.

Trois voix qui tentent de démêler les fils de cette tragédie.

Un portrait de la maltraitance et de la violence envers les femmes

Mêlant un suspense haletant à une profonde empathie, Une exécution offre un portrait glaçant de la maltraitance et de la condition féminine, tout en déconstruisant l’habituel récit du tueur en série américain. Ainsi, il questionne le système judiciaire US et notre obsession culturelle pour les histoires de crimes.

Un texte fort, poignant, qui suscite la réflexion et l’engagement des lecteurs.

Extrait 1

« C’était d’une violence particulière, la vue de ses sous-vêtements qui restaient désespérément blancs. Quatre semaines de retard, puis six. Lavender priait pour découvrir une tache de sang. Tous les matins, son corps la trahissait en se transformant lentement sans son autorisation. Elle vomissait dans la cuvette encrassée des toilettes, et la terreur enflait en même temps que son ventre, la laissant pétrifiée. »

Extrait 2

« Voici les souvenirs que tu gardes de ta mère. Elle est grande, tout en cheveux. Elle est accroupie dans un jardin, paresse dans un rocking-chair ou s’allonge dans une baignoire rouillée à pieds de griffon. Parfois, celle-ci est remplie d’eau et sa longue robe flotte à la surface comme une méduse. Parfois aussi, ta mère n’est pas mouillée et elle te tend une mèche de ses cheveux. Tu n’as aucun souvenir de ton père. Pas même un son ni une odeur. Ton père est une présence indistincte, une silhouette toujours lointaine. C’est une douleur inexplicable au fond de toi. Tu ne sais pas pourquoi tes parents sont partis, ni où ils sont allés, ni pourquoi ta mère n’existe qu’en solitaire dans tes réminiscences. Tu te rappelles une chaîne rouillée sur ta gorge et la sensation qu’elle te procurait quand tu la portais, comme si rien ne pouvait t’atteindre. »

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Hakim Aoudia.