Meilleur livre de la semaine : Là d’où je viens de Jamal Mahjoub !

Avec ce roman très largement autobiographique, Jamal Mahjoub aborde une série de préoccupations contemporaines, plongeant dans les méandres de questions liées à l’identité, la filiation et la culture. Un périple qui se révèle être une aventure qui se déploie en embrassant l’inconnu, l’ironie et l’inattendu. Là d’où je viens de Jamal Mahjoub aux éditions Actes Sud, c’est notre meilleur livre de la semaine !

Le récit d’une quête en forme de road-movie

Fuyant des relations conflictuelles avec son épouse danoise, Yasin, jeune écrivain d’origine soudanaise installé à Londres, entreprend en compagnie de son fils de 7 ans Léo, un voyage initiatique du nord au sud de l’Europe, à la recherche de ses origines et de sa mémoire.

Avec ce superbe roman en forme de road-movie, Jamal Mahjoub nous propose une profonde méditation sur l’identité, la filiation et la culture. Ainsi, il nous prouve que la symbiose entre l’orient et l’occident est possible, à travers une sorte d’identité-monde.

Extrait 1

« J’appartiens à cette tribu nomade, la grande tribu des mal-lavés, ces peuplades nées à la jointure des continents, dans ces interstices que personne ne revendique entre deux fuseaux horaires, entre deux parallèles. La tribu des sans-domicile, des sans-État, des sans-attaches. J’ai deux passeports et un tas d’autres pièces d’identité qui indiquent où j’ai vécu, mais pas qui je suis, où je vais. Ma langue est un parler bâtard fait de mots indispensables, d’improvisations, avec une grammaire boiteuse et de perpétuels malentendus. Où que j’aille, je suis un étranger. Mon histoire ne m’a pas été donnée, je dois m’en emparer, l’arracher bribe après bribe à ces piliers que sont les siècles et à la tour d’ivoire de l’érudition. Mes mots frêles se heurtent à des tas de volumes reliés de cuir et écrits dans le sang.« 

Extrait 2

« Ma nation, c’est une liste de lieux pris au hasard sur une carte, que j’ai traversés, mais qui ne sont rien pour moi. Certains diront que je suis mal intégré : ils se trompent. D’autres diront que je suis resté un étranger, qu’avec le temps, j’aurais dû m’intégrer d’avantage, mais eux aussi ils se trompent. C’est comme ça. Comprenez-moi, je ne suis pas à la recherche de compassion, mais je ne suis simplement jamais parvenu à donner un sens à tout cela, en fait, je n’en avais pas besoin. Il y avait toujours le temps de remettre à plus tard, plus loin, là-bas, après le prochain tournant. C’est ainsi que la plupart d’entre nous traversent la vie, jusqu’à ce que quelque chose vienne tout changer. Et dans mon cas, ce ne fut pas exactement quelque chose, mais quelqu’un.« 

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Hakim Aoudia.